Portrait : Tuomas Iisalo, le meilleur coach de France ?

- 21 février 2024

Nouvel entraîneur en Betclic Elite, Tuomas Iisalo a révolutionné le Paris Basketball, le faisant entrer dans une toute nouvelle dimension. Mais qui est ce coach de nationalité finlandaise et nouveau chef d’orchestre du club parisien ?

Meneur des hommes du Paris Basketball, Tuomas Iisalo (41 ans) et son équipe font office de grands favoris en Eurocup, pointent à la quatrième place du classement de Betclic Elite et viennent de remporter la Leaders Cup, premier trophée de l’histoire du club. Vu comme le meilleur coach de Betclic Elite derrière Sasa Obradovic par les GM du championnat à la mi-saison, le technicien finlandais fait partie de cette nouvelle vague d’entraîneurs au futur radieux.

Une reconversion toute trouvée

Ancien joueur professionnel pendant quatorze ans (2000-14), il n’a pas perdu une minute pour entamer sa reconversion. Dès qu’il a raccroché les baskets avec Espoo en 2014, il a repris l’équipe en tant qu’entraîneur principal après une campagne estivale à la tête de la sélection finlandaise U20. Si nous sommes à ce moment-là en 2014, l’ancien international finlandais s’est montré passionné par le coaching bien plus tôt. Et ça, c’est un visage connu du championnat de France qui connait bien Tuomas Iisalo qui nous l’a confié.

Mon expérience avec Tuomas est que lorsqu’il était joueur de l’équipe nationale, j’étais déjà entraîneur adjoint. Le fait est que nous avons une drôle d’histoire car, en 2011, il était le treizième joueur de l’équipe de Finlande pour l’Eurobasket et quand il ne jouait pas, il m’aidait beaucoup dans certaines tâches de scouting. C’est ainsi qu’il a vu pour la première fois un peu ce que nous faisions. Et je m’en souviens bien. Il était déjà là, très passionné“, se remémore l’ancien entraîneur de la SIG, Lassi Tuovi.

Depuis 2011, Tuomas Iisalo a fait du chemin et, à force de travail et de sérieux, se construit une belle carrière déjà marquée par un palmarès intéressant : une Champions League, une Leaders Cup, deux trophées de coach de l’année en Bundesliga et un trophée de coach de l’année en Champions League.

Un système de jeu révolutionnaire

Dès son arrivée à Paris, Tuomas Iisalo s’est entièrement concentré sur son équipe et sur la façon dont il voulait la mener. Alors qu’il a pris ses quartiers dans le centre d’entraînement du Paris Basketball, à The One Ball, à Noisy-le-Grand, le néo-parisien a notamment fait installer des rideaux tout autour du terrain de ce lieu accessible au public afin de garder de l’intimité avec son équipe et éviter les distractions pendant les entraînements.

Et dès les premiers matchs, le système de jeu de Tuomas Iisalo a pu en surprendre plus d’un, aussi bien les fans que les adversaires. Alors que les matchs commencent à peine, le technicien finlandais n’hésite pas à ouvrir son banc dès la troisième ou quatrième minute, voire parfois plus tôt. Son objectif, que ses joueurs se donnent toujours à 100% aussi bien en attaque qu’en défense. C’est pourquoi, les rotations se multiplient tout au long de chaque match. “Avant même de parler de rythme élevé, je pense que le mot clé est la présence et l’intensité. Son équipe est concentrée pendant 40 minutes et fait de gros efforts. Il gère très bien son système d’entraînement. C’est une façon différente de faire, mais il est sûr que leurs entraînements sont plus stressants et plus intenses que les matchs. Il met beaucoup de pression à ses joueurs pendant les entraînements. Pas forcément sur le plan physique, mais surtout sur le plan mental.“, explique Lassi Tuovi. Un avis partagé par TJ Shorts : “il va te challenger tous les jours à l’entraînement, te pousser dans tes retranchements et te préparer à toutes les situations que tu pourrais rencontrer en match, de sorte que tu ne sois jamais surpris ou en difficulté. C’est son approche. Te tester continuellement pour te permettre de t’adapter et de t’exprimer dans toutes les situations de match“, a-t-il confié à Bebasket. Et c’est ce que confirme l’entraîneur du Paris Basketball lui-même. “On se prépare depuis le mois d’août et on s’est appuyé là-dessus. Mes joueurs savent quoi faire dans les situations difficiles. Elles nous permettent de nous donner le meilleur de nous-mêmes“, a-t-il déclaré après la victoire de son équipe en finale de la Leaders Cup.

Mais pour maîtriser ce système de jeu, il faut des joueurs qui correspondent à vos attentes. C’est un point que le coach finlandais a particulièrement vite assimilé, décrit Lassi Tuovi.

Il a appris très vite au cours de sa jeune carrière à recruter les joueurs qui correspondent à ce qu’il souhaite voir sur le terrain. C’est un excellent recruteur pour pouvoir construire son système car avec de mauvaises pièces, c’est impossible“.

Et en plus d’avoir trouvé les joueurs qui correspondent à son schéma de jeu, d’abord à Crailsheim puis à Bonn, Tuomas Iisalo est parvenu à les embarquer avec lui à Paris. Résultat, six anciens joueurs de Bonn (Leon Kratzer, TJ Shorts, Tyson Ward, Collin Malcolm, Sebastian Herrera et Michael Kessens), une mayonnaise qui prend en un temps éclair, des résultats exceptionnels aussi bien en coupe d’Europe qu’en championnat et un premier trophée à la mi-saison avec la Leaders Cup.

Un bourreau de travail

À de 41 ans, Tuomas Iisalo grimpe dans la hiérarchie des meilleurs entraîneurs de Betclic Elite, mais aussi d’Europe. À l’image de ce qu’il était en tant que joueur, “très bon shooteur, très précis, très intelligent et très facilement coachable“, assure Lassi Tuovi, Tuomas Iisalo a transposé son savoir sur le terrain sur la plaquette de coach.

Soucieux du détail, l’entraîneur finlandais ne laisse rien au hasard et c’est là l’une des clés de son succès. Même au-delà du basket.

Il est très précis, il se prépare aux choses. Il lit beaucoup, il étudie beaucoup, pas seulement le basket-ball et je pense que le plus important n’est pas le basket-ball. C’est une personne très intelligente. Il est aussi curieux d’apprendre, il est très déterminé dans ce qu’il fait. S’il fait quelque chose, il le fait à 100%, sans se concentrer sur rien d’autre. S’il était écrivain, il écrirait probablement sans parler à personne pendant environ dix heures par jour. Il est vraiment concentré sur ce qu’il fait et il fait des efforts pour y parvenir“, affirme Lassi Tuovi.

Cette concentration, Tuomas Iisalo l’a mise dans le développement de ses systèmes et de son identité de jeu qui fait la particularité et la force du Paris Basketball cette saison. Mais, elle est bien le fruit d’un gros travail.

Je lui ai rendu visite lorsqu’il était à Bonn et avant le début de la saison à Paris. L’année dernière, par exemple, il s’est constamment réinventé. Il a fait évoluer son système. Il sait qu’il n’y pas qu’un seul chemin du début à la fin pour arriver à la réussite. Il fait tout le temps des ajustements et réfléchit à la façon de développer les rotations, comment développer le système, la défense. Il est très précis et quand on le suit au quotidien ce n’est pas une grande surprise de voir sa réussite. Tout est bien contrôlé, préparé, mais en même temps, il est toujours curieux de se développer et d’apprendre“, explique Lassi Tuovi.

Un coach proche de ses joueurs

Si l’on met de côté les capacités tactiques et techniques, Tuomas Iisalo possède des qualités humaines qui font de lui une personne qui apporte toujours une bonne humeur et de l’énergie dans un groupe nous rapporte l’actuel assistant coach de Luca Banchi à Bologne. Un sentiment partagé par plusieurs personnes que nous avons pu rencontrer et qui le croisent quotidiennement au centre d’entraînement du Paris Basketball.

Mais en plus d’être quelqu’un de positif, l’ancien coach de Bonn est proche des ses joueurs avec lesquels ils participent notamment aux concours de shoots pendant les entraînements mais aussi avec lesquels il discute régulièrement, comme en témoigne son meneur fétiche TJ Shorts. Un meneur de jeu américain qui, après deux saisons exceptionnelles en Allemagne sous les ordres de coach Iisalo, aurait très bien pu rejoindre une grosse cylindrée européenne mais est venu au Paris Basketball en grande partie pour suivre son coach.

Il m’a très vite donné sa confiance et m’a permis d’être moi-même sur le terrain. C’est la raison principale pour laquelle je l’ai suivi ici, sachant que Paris allait avoir de grandes ambitions sur les deux prochaines années, avec l’Euroleague en ligne de mire, a confié TJ Shorts à Basket News. Il me parle beaucoup pendant les séances et me donne beaucoup d’instructions. Et c’est pareil hors du parquet. Il fait beaucoup de vidéo et me donne beaucoup de conseils, même par message. Ça lui arrive aussi de me transférer des articles, comme il l’a fait récemment sur Tyrese Haliburton (meneur de jeu des Indiana Pacers, ndlr). Clairement, il essaye par tous les moyens de m’aider dans ma progression, et c’est inestimable. Il est comme un mentor pour moi. Il a beaucoup de savoir et j’essaye d’en profiter un maximum“.

Un développement étape après étape

Issu du modeste club finlandais d’Espoo, Tuomas Iisalo n’est pas resté longtemps en Finlande. Après une saison passée dans son pays natal en tant que coach, le natif d’Helsinki s’est expatrié. Sa soif d’apprendre l’a mené en Allemagne. Tuomas Iisalo a d’abord trouvé refuge en deuxième division, à Crailsheim, en 2016. Deux ans après son arrivée, la magie a commencé à opérer et Crailsheim est alors promu en Bundesliga avant de connaître sa première qualification pour les Playoffs de Bundesliga en 2021. Après avoir vécu une première expérience allemande de qualité, Tuomas Iisalo poursuit donc son développement en rejoignant Bonn et monte ainsi d’un cran.

C’est à partir de son passage à Bonn que Tuomas Iisalo a commencé à se faire connaître d’un public plus large au niveau européen. Des performances remarquées pour l’entraîneur finlandais qui est parvenu à offrir l’édition 2022/23 de la Basketball Champions League a un club qui, à priori, n’avait pas ce genre d’ambition. “C’est la plus grosse chose que nous avons gagné. Les gens ne savent pas comme c’est difficile de gagner cela, surtout pour une équipe qui n’était pas attendue à ce niveau et qui n’avait pas les épaules pour lutter financièrement face aux plus grosses écuries de la compétition“, a-t-il confié à Basketball Sphere.

Après cette saison exceptionnelle, Tuomas Iisalo aurait alors pu avoir les yeux plus gros que le ventre et directement faire le grand saut vers l’Euroleague, puisqu’il a reçu des propositions. Mais finalement, c’est dans la capitale française qu’il a souhaité relever son prochain défi et ainsi cocher une étape de plus dans sa carrière dans un club grandissant qui évolue au même rythme que son coach. Aujourd’hui à Paris, Tuomas Iisalo continue de construire sa renommée. Faisant parler ses compétences techniques, sa joie de vivre et son sérieux, le technicien finlandais est pour l’instant sur un sans faute et nul doute qu’il fera bientôt parti des meilleurs entraîneurs du continent.

Tuomas est aussi humble qu’il a faim pour la suite de sa carrière. Et cela le mènera dans les plus grandes organisations et compétitions. Je pense que l’avantage de la façon de travailler finlandaise est qu’on ne veut pas tout trop vite. Il est humble, il a appris à se développer et a construit sa carrière de façon intelligente. Je pense qu’il a fait des mouvements très intelligents de Crailsheim à Paris en passant par Bonn. Son prochain choix, quel qu’il soit, sera intelligent“, conclut Lassi tuovi.

Et la prochaine étape, c’est l’Euroleague. À Paris ou ailleurs ? Réponse dans les prochains mois.

Crédit photo : F.Blaise/FIBA

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