Metropolitans 92 : anatomie d’une chute (Partie 3)

- 19 avril 2024

Touchés par la Wemba-mania la saison dernière et l’éclaircie que cela a pu apporter, les Metropolitans 92 ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils ont pu être par le passé. Et encore…

Finaliste des Playoffs de Betclic Elite au printemps 2023, les Metroplitans 92 auraient donc pu réaliser l’exploit d’être champions de France puis d’être relégués en Pro B en l’espace de douze mois. Mais que s’est-il passé dans les Hauts-de-Seine où, contrairement à l’admirable voisin Nanterrien, les Mets 92 font office de derniers de la classe ?

Pendant de nombreuses semaines, nous nous sommes rapprochés d’anciennes et d’actuelles personnes gravitant de près ou de loin autour de ce club pour essayer de comprendre comment les Metropolitans 92, promis à un bel avenir, se sont dirigés tout droit dans le mur.

Puisqu’il y a beaucoup de choses à dire, nous avons décidé de découper cet article en trois parties. La première partie est à retrouver ici et la deuxième partie ici. Dans cette troisième partie, on s’attarde sur l’effet Wemby mais aussi et surtout l’après Victor Wembanyama ainsi que la saison 2023/24.

L’ÉCLAIRCIE VICTOR WEMBANYAMA

Vous voyez ce titre en gras, il attire l’oeil. Exactement comme l’a fait Victor Wembanyama la saison dernière, pendant qu’en coulisses, le club luttait pour sa survie.

En juillet 2022, les Metropolitans 92 réalisent un coup de maître avec la signature de Victor Wembanyama – fraîchement champion de France avec l’ASVEL et promis à un avenir grandiose – après avoir été notamment à la lutte avec le Paris Basketball pour récupérer le plus grand prospect de l’histoire du basket français.

MVP du All Star Game, meilleur espoir, meilleur défenseur et MVP de la Betclic Elite, l’ancien joueur de Nanterre a été un peu comme l’arbre qui cache la forêt la saison dernière chez les Metropolitans 92. Des résultats exceptionnels, une finale de championnat de France qui s’est décidée sur le parquet de Roland Garros face à l’ogre monégasque. Le tout mené par le sélectionneur de l’Equipe de France, Vincent Collet.

Et justement Vincent Collet. Si tout se passait bien sur le terrain, si on met de côté l’épisode Tremont Waters qui a quitté l’équipe en cours d’année à cause de son comportement, le sélectionneur tricolore a pu vivre une saison pleine. Néanmoins, au-dessus, tout le monde n’était pas d’accord. D’après nos informations, celui qui a lancé sa carrière au Mans, pris sous son aile par Alain Weisz, a été sujet à quelques discordes avec son ancien mentor. Quelques tensions sont ainsi nées entre Vincent Collet et Alain Weisz avec pour sujet la gestion de certains joueurs.

Ce sont des choses qui peuvent arriver dirons-nous, partout et à tous les niveaux. À part cela, l’équipe a passé une saison extraordinaire, de l’extérieur comme de l’intérieur d’après ce qui nous a été rapporté. Une saison extraordinaire, mais une saison sous perfusion.

L’APRÈS WEMBY

Fin de la parenthèse enchantée, Victor Wembanyama devient le premier français drafté en NBA numéro un, suivi de près par Bilal Coulibaly et son septième choix. Pendant ce temps, le doute plane sur l’avenir de Boulogne-Levallois. Et pourtant, les deux joyaux partis en NBA disposaient d’un buy-out pour la NBA. Ces buy-outs ont d’ailleurs été payés de leur poche pour un total qui s’élèverait à plus d’un million d’euros. En interne, rien ne va plus et personne n’est en capacité de dire sereinement si le club va repartir en Betclic Elite pour la saison 2023/24.

Pire, le 16 juin 2023, nous apprenons de source sûre que les dirigeants n’essayent même pas de construire une nouvelle équipe. “C’était une extraordinaire saison, mais on savait tous que l’après Wemby allait faire mal, nous a dit un proche de l’équipe. Y a plein de choses, dans le management, dans l’organisation, qui n’allaient pas. On a rapidement senti, dès que le Maire a annoncé qu’il ne ferait plus de salle, qu’on était un fardeau pour la ville de Boulogne. Ça a commencé à partir en vrille avec l’abandon de la salle. Même, on voyait les contrats proposés aux joueurs, à part Lahaou, il n’y avait aucun long contrat, il n’y avait aucune stabilité et c’est triste“.

L’ESPOIR DE L’EUROCUP

De l’extérieur, le club et sa gestion font peur à voir. Mais en interne ce n’est guère mieux, tout tombe en lambeaux. On nous apprend qu’Alain Weisz, conscient qu’il allait quitter le club dans tous les cas, ne s’est aucunement affairé à préparer sa succession. Et pourtant, il faisait tout de même partie de ceux qui souhaitaient sauver le club à l’issue de la saison allant jusqu’à vouloir en venir aux mains avec une personne du club au repas de fin d’année car il lui semblait impensable de laisser couler le club et notamment faire perdre leur emploi à de nombreux salariés.

Pendant de longues semaines, le club était incapable de savoir s’il allait encore exister à la rentrée 2023. Voulant se débarrasser de ce fardeau, la mairie de Boulogne-Billancourt cherche un repreneur contre une somme supérieure à 7 millions d’euros. Plusieurs investisseurs se manifestent, mais des conditions entrent en jeu. Des investisseurs américains étaient prêts à s’engager mais ils souhaitaient que le club dispute une coupe d’Europe. Deuxième du classement au terme de la saison régulière, les Metropolitans 92 méritaient sportivement de disputer une coupe d’Europe, mais il n’en sera rien. Alors qu’ils ont décidé de refuser l’invitation de la Champions League, les dirigeants franciliens ont déposé un dossier à l’Eurocup et ont demandé une wild card avec insistance, mais les instances dirigeantes de l’antichambre de l’Euroleague ont préféré faire confiance à la JL Bourg et au Paris Basketball avec leur succès que l’on leur connait aujourd’hui.

Boudés par l’Eurocup, les Metropolitans 92 ont vu toutes les discussions avec leurs potentiels investisseurs s’arrêter. Retour à la case départ.

UNE INTERSAISON DÉSOLANTE

Juillet 2023, le club de Boulogne-Levallois ne compte qu’un joueur sous contrat en la personne de Lahaou Konaté. À quelques semaines de la reprise des entraînements, les dirigeants franciliens obtiennent, contre toute attente, le feu vert de la LNB pour repartir en Betclic Elite. Doit alors se construire un effectif complet en partant de quasiment rien et sans Directeur Sportif. Un challenge très relevé qui n’a finalement, sans grand surprise, pas été un franc succès.

La première pièce à trouver a été le coach. C’est sur Laurent Foirest que misent les dirigeants. Relégué en NM1 et remercié par Quimper en mai 2023, l’ancien international français est donc choisi et sera accompagné par Jean-Paul Besson (seul rescapé avec Lahaou Konaté) et Nebojsa Bogavac, déjà vu sur le banc de Strasbourg en 2013/14 puis entre 2017 et 2020. Mais avant de se tourner vers ce staff, le club ne s’est pas du tout intéressé à ce qui était déjà en place. D’après nos informations, ce n’est que le jour où la signature de Laurent Foirest a été officialisée que Sacha Giffa a été mis au courant du fait qu’il ne serait pas conservé. Enfant du club et assistant depuis 2016, l’ancien des Cardiac Kids attendait son tour et était prêt à prendre la tête de cette équipe, nous a-t-on rapporté.

Après le coaching staff, il a fallu construire une équipe en un temps record. Pour ce faire, les dirigeants misent sur des joueurs plutôt en fin de carrière comme Jordan Theodore, des jeunes sans expérience comme Grant Sherfield… Et pour cela, ils ont pioché un peu partout : Australie, G-League, NCAA, deuxième division italienne, Betclic Elite. Mais qui est derrière tout ces recrutements ?

D’après nos informations, Laurent Foirest et les Metropolitans 92 aurait été aidés par Vincent Collet. Le sélectionneur de l’Equipe de France aurait occupé officieusement un poste semblable a celui de General Manager sans vouloir être reconnu comme tel. Mais ceci explique quelques signatures aux Metropolitans. À commencer par l’entraîneur, Laurent Foirest, assistant en EDF entre 2017 et 2023. Mais aussi plusieurs éléments qui ont croisé la route de Vincent Collet à Strasbourg : Nebojsa Bogavac, Axel Toupane ou encore Dee Bost.

UNE SAISON 2023/24 DÉSASTREUSE

Après quelques semaines – pour ne pas dire jours – d’entraînement, les Metropolitans 92 lancent donc leur saison 2023/24. Face à Saint-Quentin lors de la première journée de Betclic Elite, les Mets92 s’inclinent de peu (73-69). Mais suite à cela, les déconvenues s’enchaînent et le club enregistre un début de saison catastrophique. Huit défaites de suite, avant de s’imposer, enfin, face à l’Elan Chalon. Trois nouvelles défaites d’affilée scellent ensuite le sort de Laurent Foirest. Remercié fin novembre, le technicien français n’aura donc tenu que quatre mois et sera remplacé par son assistant Jean-Paul Besson. Cette nomination de Laurent Foirest à la tête de l’équipe, Vincent Collet s’en serait d’ailleurs excusé auprès du maire de Boulogne-Billancourt, Pierre-Christophe Baguet, suite aux très mauvais résultats de l’équipe.

Ce début de saison, qui cloue les Metropolitans 92 au spot de lanterne rouge, confirme malheureusement les craintes de l’été. Un club dans le doute, une équipe construite à la va-vite pour des résultats plus que tristes.

Et au fil de l’année rien ne va s’arranger. Départs à répétition, amende, risque de forfait, affaire Matthieu Gauzin… L’orage est au-dessus de Boulogne-Levallois et ne compte pas laisser sa place à la moindre éclaircie. Résultat des courses, une lutte pour le maintien anecdotique et une relégation actée au lendemain de la 29e journée de championnat après une ultime défaite face à l’Elan Chalon, une des rares équipes que les Mets avaient battu en début de saison.

Dans la tourmente, les Metropolitans 92 seront donc en Pro B la saison prochaine. Mais si vous êtes supporter levalloisien amateur de basket, il est peut-être temps de vous tourner vers le Levallois Sporting Club. Actuellement en NM2, la formation menée par Franck Le Goff est en course pour les Playoffs et d’une potentielle montée en NM1. Il est peut-être ici le futur du basket levalloisien

Crédit photo : P.Ledez/F.Blaise/Metropolitans 92

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