Metropolitans 92 : anatomie d’une chute (Partie 2)

- 17 avril 2024

Touchés par la Wemba-mania la saison dernière et l’éclaircie que cela a pu apporter, les Metropolitans 92 ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils ont pu être par le passé. Et encore…

Finaliste des Playoffs de Betclic Elite au printemps 2023, les Metroplitans 92 auraient donc pu réaliser l’exploit d’être champions de France puis d’être relégués en Pro B en l’espace de douze mois. Mais que s’est-il passé dans les Hauts-de-Seine où, contrairement à l’admirable voisin Nanterrien, les Mets 92 font office de derniers de la classe ?

Pendant de nombreuses semaines, nous nous sommes rapprochés d’anciennes et d’actuelles personnes gravitant de près ou de loin autour de ce club pour essayer de comprendre comment les Metropolitans 92, promis à un bel avenir, se sont dirigés tout droit dans le mur.

Puisqu’il y a beaucoup de choses à dire, nous avons décidé de découper cet article en trois parties. La première partie est à retrouver ici. Dans cette deuxième partie, revenons sur ce qui a posé problème aux Metropolitans 92. On évoque également le rôle de l’ancien Directeur des Opérations Sportives, Alain Weisz.

LE DÉBUT DES PROBLÈMES

Comme souvent quand il est question de pouvoir, de politique, de sport, d’ambitions, et surtout tout ça mélangé, il est rare que les choses se passent comme prévues.

Alors que la mairie de Boulogne-Billancourt entre officiellement au capital du club et en devient propriétaire, rachetant 84% de la société Paris-Levallois à travers la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) Boulogne-Billancourt 2024, le maire, Pierre-Christophe Baguet anticipe son arrivée au club et confirme personnellement à la LNB sa volonté d’apporter 600 000 € sur l’exercice 2018/19. Premier accroc, puisque la fin de saison 2018/19, ces 600 000 € n’ont jamais été versés, le maire de Boulogne-Billancourt se défendant par l’impossibilité de trouver des partenaires pour une club qui ne joue pas à Boulogne et qui appartient encore à des actionnaires Levalloisiens. C’est ainsi que la SASP a été vendue en très grande majorité à Boulogne tout en gardant les actionnaires levalloisiens impliqués. Ils est négocié qu’ils restent au sein du processus décisionnaire pendant la période transitoire avec deux membres au directoire avec délégation de signature et présidence du Conseil de Surveillance. En plus de cela, la dénomination Boulogne-Levallois est actée tandis que le clan levalloisien s’est engagé à renouveler les contrats de partenariats en cours.

Ancien joueur en 2017/18, Boris Diaw prend officiellement sa retraite à la fin de cette saison là pour intégrer l’équipe dirigeante un an plus tard. En juillet 2019, l’ancien champion NBA, figurant parmi les personnalités préférées du basket français, fait son retour dans les Hauts-de-Seine et devient le premier président de l’histoire des Metropolitans 92. Moins d’un an après, en avril 2020, l’ancien capitaine de l’Equipe de France décide de quitter le navire. « Malgré une saison satisfaisante sur le plan sportif, des difficultés sont apparues quant au mode de fonctionnement du club, et dans les relations entre Boris et certains membres du directoire sans pour autant en imputer la responsabilité à quiconque« , communique le club, précisant que c’est une décision prise par Babac pour le bien du club. Membre du Directoire, Alain Bouvard est nommé par le maire de Boulogne-Levallois comme président intérimaire. Une intérim prolongée qui est encore aujourd’hui d’actualité.

Le nouveau président des Mets 92 serait d’ailleurs rapidement devenu un simple prête-nom, ne disposant d’aucune marge marge de manoeuvre, nous a-t-confié de source proche du dossier.

L’IMAGE LEVALLOISIENNE MISE EN CAUSE

Immédiatement associé à celui de son maire emblématique Patrick Balkany, bien qu’il ne soit plus en poste depuis mars 2020, le nom de Levallois-Perret pose rapidement rapidement problème dans l’élévation de ce projet ambitieux. La maire boulonnais aurait rapidement remis en cause la présence de l’image levalloisienne à cause justement de l’image sulfureuse de Mr Balkany. Pierre-Christophe Baguet aurait alors tenté de neutraliser le nom et l’image de Levallois au club, notamment au travers du Palais des Sports ou encore des maillots, puisque les dirigeants auraient notamment essayé de déménager au Palais des Sports Robert Charpentier d’Issy-les-Moulineaux, avait-on appris dans Le Parisien.

« L’esprit de l’accord de gouvernance est dévoyé en empêchant le Conseil de Surveillance de jouer le rôle qui lui est dévolu. Deux présidents du Conseil ont jeté l’éponge pendant cette période ne pouvant sérieusement remplir cette mission. Les membres levalloisiens du directoire ne sont pas associés aux décisions et aucune délégation de signature n’est formalisée« , nous a-t-on confié.

LA MÉFIANCE DU CLAN LEVALLOISIEN

Un climat de défiance s’installe alors petit à petit entre dirigeants levalloisien et dirigeants boulonnais. La ville de Levallois-Perret ne se considère plus comme un partenaire mais plutôt réduite à la seule mission de voter les subventions importantes et une mise à disposition de la salle à un tarif préférentiel. C’est alors que les partenaires historiques de Levallois vont finir par préférer d’autres structures associatives locales et ainsi tourner le dos aux Metropolitans 92.

Face à ce manque de partenariats, la ville de Boulogne-Billancourt se retrouve à financer quasiment en intégralité la SASP grâce à la fameuse SCIC créée pour racheter les parts du Paris-Levallois. Une SCIC détenue majoritairement par la municipalité et des associations locales boulonnaises financées par la ville, qui a toujours fait l’objet d’interrogations restées sans réponse de certains membres du Directoire et du Conseil de Surveillance de la SASP. Mais alors comment cette SCIC finance la SASP ? Elle l’alimente tout simplement sous forme d’apport en compte courant d’associées sans que la SASP ne soit informée des modalités de financement de cette structure… Il en va même de se questionner plus profédément car d’après nos informations, de nombreux sponsors apparaissaient sur les maillots et panneautique du club. Pourtant, au moins jusqu’en 2022, ni le directoire, ni le conseil de surveillance n’a jamais été destinataire d’un quelconque contrat de partenariat. 

« Sous Alain Weisz, Directeur Sportif, le Président n’est qu’un prête nom« , une source proche du dossier.

UN CLUB QUI COUTE AU CONTRIBUABLE BOULONNAIS

En rachetant le club de Levallois, le maire de Boulogne-Billancourt a embarqué toute sa ville dans son rêve de voir un grand club de basketball sur son territoire. Néanmoins, cette arrivée boulonnaise à Levallois n’est pas appréciée de tous, pas même à Boulogne-Billancourt. Membre d’un groupe d’élu, un conseiller municipal nous a confié être contre ce rapprochement.

« Nous nous sommes toujours opposés à cette flambée d’argent public, un véritable gouffre entre les subventions et les abandons de créances. Je suis donc de très près cette équipe qui coûte si cher au contribuable boulonnais« , nous a-t-il confié. Avis partagé par un proche du club : « le projet n’est que très partiellement partagé par les élus locaux et les habitants« .

À l’été 2023, le club cherchait encore deux millions d’euros quand son actionnaire principal, la mairie de Boulogne-Billancourt a été en capacité d’investir à nouveau. Ce que l’on sait, c’est qu' »il n’y a pas eu de conseil municipal avec vote d’une nouvelle délibération » pour renflouer les caisses du club. Normal me direz-vous, tout est passé par la fameuse SCIC. Encore elle.

Pierre-Christophe Baguet a-t-il eu les yeux plus gros que le ventre en pensant pouvoir apporter du soutien financier de partenaires privés en un simple claquement de doigts ?

LE RÔLE D’ALAIN WEISZ

Figure emblématique du coaching tricolore, mentor de Vincent Collet, qu’il fera venir coacher à Levallois en 2021, Alain Weisz est un ami du maire de Boulogne-Billancourt depuis plus de 30 ans et il ne s’en est jamais caché. Arrivé au sein du club en juin 2018, l’ancien sélectionneur de l’Equipe de France a pris en main tout le pôle sportif du club mais est aussi le moyen de faire le liant entre la gouvernance levalloisienne et donc l’arrivée de la mairie de Boulogne au club afin que le rapprochement entre les deux villes se fasse de la meilleure des manières possibles. Contacté après avoir quitté le club a l’été 2023, il n’a pas souhaité répondre à nos questions, se défendant de ne plus faire partie du club. Néanmoins, pour certains il a laissé une certaine trace.

« Il est, en très grande partie, responsable des décisions et du climat instaurés, nous a simplement confié un proche du dossier qui va jusqu’à surnommer l’ancien coach du SLUC « Le manipulateur« . Aucun « contre-pouvoir » administratif et financier n’est toléré ni accepté, le Directeur Sportif est le seul maître tandis que le Président n’est que le prête nom en place. Il va s’évertuer à éloigner, ou discréditer, directement ou indirectement, toutes les personnes qu’il estime soit lui faire de l’ombre, soit ne pas partager totalement son idéologie et sa façon de manager« .

D’après nos sources, l’ancien coach d’Antibes a fait fuir plusieurs personnes au sein du club levalloisien. Ancien joueur devenu président le temps d’une saison, Boris Diaw en fait partie. De même que Freddy Fauthoux, coach entre 2015 et 2020. Deux personnalités très appréciées à Levallois nous a-t-on dit. Dans une moindre mesure, Jurij Zdovc avait également passé une saison très compliquée aux côtés d’Alain Weisz. Il avait quitté les Mets92 un an avant la fin de son contrat, dont la gestion du dossier avait fini par coûter très cher à la SASP. Et ça ne s’arrête pas là… Mais on y reviendra un peu plus tard.

Lien vers la partie 3 ICI.

Crédit photo : F.Blaise/Metropolitans 92

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