Depuis plusieurs années, le nombre de départs massifs en NCAA ne fait que de s’agrandir. Certains dirigeants du basket français s’en plaignent, et bon nombre de ces joueurs faisant l’objet de ces départs finissent par revenir ou ne plus exister par la suite.
Il y a une semaine, la NCAA a repris ses droits. Le championnat universitaire américain fait beaucoup parler de lui chaque année, en bien ou en mal, mais n’est jamais discret.
Depuis plusieurs années, un problème majeur est pointé du doigt dans le basket français, par les dirigeants des clubs ou par les entraîneurs formateurs. Les départs en NCAA ont toujours été nombreux, et le sont davantage depuis l’apparition du NIL (Name, Image & Likeness). Un droit permettant aux athlètes universitaires de monétiser leur marque personnelle, donc leur nom, leur image et leur ressemblance.
Si on veut s’exprimer de façon très claire et brève, les joueurs NCAA sont payés, plus qu’en France, et vivent le rêve américain. Forcément, difficile pour les centres de formation de rivaliser.
On pourrait expliquer un peu plus le fonctionnement du NIL, mais ce n’est pas le sujet.
Après avoir relevé et détaillé la source du problème, c’est l’effet papillon qui s’impose. Un phénomène en provoque un autre et il n’est pas moins grave dans cet exemple.
Si le rêve d’une majorité écrasante de basketteurs et de jeunes joueurs est de jouer en NBA, on vous l’a expliqué au mois de janvier que l’exil en NCAA n’était pas la meilleure solution pour la suite de sa carrière professionnelle.
Dans notre article « la hype française : justifiée ou excessive », Alain Consentoux, directeur technique nationale de la Fédération Française de Basketball, nous avais aiguillé sur certains chiffres très précis.
« Si l’on reprend les chiffres sans compter les Français draftés sur la classe 2023, 62% des Français sélectionnés par une franchise NBA, proviennent de la LNB. 15% viennent de la NCAA, 9% des ligues européennes, 9% de la ABA League, et 5% de la NBL. Le rêve de tous les gamins étant d’aller en NBA, on voit que le meilleur chemin pour y arriver, est de commencer par une formation française post-INSEP. »
Un discours que l’on entend souvent : « les jeunes ne jouent pas beaucoup au plus haut niveau français. » De nos jours, de plus en plus de jeunes, âgés de moins de 21 ans ont des minutes et des responsabilités. Néanmoins, beaucoup le disent encore, et favorise ces départs massifs.
D’après les chiffres que l’on avait relevé, 75% des joueurs français passés par la NCAA ne sont plus professionnels aujourd’hui. S’ils le sont encore, ils évoluent dans des divisions « mineures » comme la troisième division française ou espagnole, par exemple.
Si l’on parle des autres qui sont toujours professionnels, peu ont réussi à franchir le pas vers la Grande Ligue.
Ces dernières années, la quantité de joueurs français tentant une expérience dans une faculté américaine et revenant en France ne diminue pas. Plus récemment, on a eu Zacharie Perrin ayant quitté Antibes pour Illinois, et a fini par revenir dans la Côte d’Azur.
Joël Ayayi avait lui aussi tenté l’aventure en quittant le Pôle France pour Gonzaga. Il a tout de même réussi à vivre l’expérience NBA, mais est revenu en France la saison dernière. Un an avant lui, Yves Pons avait fait le même type de parcours, de l’INSEP aux Tennessee Volunteers, quelques apparitions aux Memphis Grizzlies, puis une signature à l’Asvel.
Encore cet été on a pu voir un mouvement de ce type. Mohamed Diarra, qui avait fait parler de lui pour avoir contribué au magnifique parcours de North Carolina State jusqu’en demi-finale de la March Madness, a signé à Limoges. On peut aussi citer Ilane Fibleuil qui s’est installé à Poitiers après une mauvaise année à UCLA.
Tous ces noms ne sont que quelques exemples, et il y en a encore plein d’autres. Historiquement, seuls Ronny Turiaf et Joakim Noah ont fait l’exception, en ouvrant les portes de la NBA. Pour le second, ce n’est pas forcément une surprise. Le fils de Yannick Noah est né à New-York, a grandit en France de 3 à 13 ans, puis est retourné aux États-Unis.
Tout cela pour dire que pour un français ayant grandi en France, l’expérience NCAA est souvent synonyme de « bourbier ». Le temps de jeu n’est pas forcément satisfaisant, et le rêve d’intégrer la NBA devient beaucoup plus difficile.
Au-delà de la reconnaissance du diplôme américain, si l’objectif de devenir joueur professionnel de basket est très important, plusieurs chiffres montrent que le chemin vers la NCAA n’est pas forcément celui à suivre. D’autant plus que si le temps de jeu ne suit pas, le développement non plus, et les Américains auront probablement toujours plus de chance dans les campus.
Une problématique que l’on traitera plus en profondeur et en détail dans les prochaines semaines, avec l’aspect financier.
Il faut tout de même voir le bon côté des choses. Quel jeune refuserait de vivre une telle expérience ? Un établissement dans lequel il est possible de combiner entre études et sport, de vivre la vie comme un jeune américain. Le genre d’expérience qu’on ne vit une seule fois, alors autant en profiter. Et puis, jouer au basket dans le pays du basket, peu importe ce qu’il se passe derrière, c’est un peu une façon de boucler la boucle.
Dans un live avec Jean-François Reymond et Georgi Joseph, au mois de septembre, on vous en parlait. Le lancement de cet article nous permet aussi de vous annoncer que nous vous parlerons plus souvent des jeunes Français en NCAA, car certains d’entre eux pourraient revenir faire leurs gammes en Betclic Elite ou en Pro B.
Tous les mercredis, nous reviendrons sur les meilleures performances des Frenchies en NCAA.
Crédit photo : Youtube NCAA March Madness / Anthony Perrey / Chris Elise