ITW Matthieu Donnard (Espoirs Limoges) : « Nous sommes à notre place et on la mérite »

- 20 janvier 2023

Considéré comme l’une des belles surprises de cette saison, les Espoirs de Limoges occupent la 4e place du classement. Ancien joueur du CSP, arrivé récemment sur le banc de l’équipe, Matthieu Donnard se livre sur la forme de son équipe.

Vous êtes actuellement 4e du championnat. Pensez-vous pouvoir créer la surprise jusqu’à la fin de saison ?
On a des résultats très positifs tout au long du premier trimestre, malgré notre première défaite à domicile contre Bourg-en-Bresse. Une fois qu’on a su prendre la mesure de notre potentiel, on a su l’exprimer. L’objectif de notre groupe est de gratter une place pour le Trophée du Futur. On fait partie des équipes outsiders, mais qui a su faire ses preuves, notamment face aux grosses cylindrées comme Cholet, Villeurbanne ou Roanne. Nous sommes à notre place et on la mérite. C’est en tout cas un objectif que le groupe s’est fixé.
Mon boulot est un peu différent/ c’est de développer des joueurs à potentiel. Je m’intéresse vraiment à ce processus, de mettre en avant les plus jeunes sur le terrain pour les valoriser. Ils pensent être capables de pouvoir le faire, on met tout en place pour les accompagner à atteindre cet objectif.

Vous êtes la seule équipe avec Blois à avoir battu Cholet, leader au classement. Quelle est votre recette ?
Cholet est une équipe que l’on connaît plutôt bien. J’ai l’habitude de travailler et de suivre leurs performances avec Régis Boissié, le responsable du centre de formation de Cholet basket.
Ils ont une identité de jeu, des profils très particuliers dans le championnat Espoir. Ils sont cet engagement comme nous de mettre des jeunes sur le terrain et de les valoriser.
C’est l’identité forte de Cholet depuis 10-15 ans, même avec le responsable prédécesseur Jean-François Martin. On avait remarqué qu’il y avait un axe fort, axé autour du meneur de jeu, Matheo Leray. Il est l’un des meilleurs si ce n’est le meilleur. Lorsqu’il était sur le terrain, il était mis en relation avec deux joueurs majeurs que sont Tidjane Salaun et Lucas Dufeal.
Il fallait essayer de ralentir au maximum ses collaborations avec eux. On a fait un choix défensif consistant à l’attaquer sur les écrans. Cela l’a un peu surpris puisque peu d’équipes avaient eu l’audace de mettre cette tactique en place.
La deuxième chose, c’était de mettre beaucoup de variétés défensives. On a perturbé leur organisation tactique, qui ne nous a pas pris à la bonne mesure sur notre capacité à se développer. On avait du mal à avoir des relations entre le jeu intérieur et extérieur, d’avoir des bons tirs.
Pour le coup, on a su trouver cette bonne alternance offensive. En trouvant de bons tirs, on a su avoir de l’adresse, ce qui les a bousculés. On a su tenir aussi ce rythme tout au long du match. Le dernier élément, c’est l’apport du banc, qui, tout au long du match, était fabuleux.

 » C’est toute une ville, voire même un bassin, un territoire de basket « 

Suite à votre passage à l’étranger, pensez-vous que les jeunes sont plus sollicités qu’en France ou inversement ?
Je vais parler par rapport à mon expérience personnelle en Hongrie, dans une académie proche de Budapest. Ce qui est observable, c’est que les accès aux équipes premières dans les pays d’Europe de l’Est sont facilités pour les plus jeunes générations. Lorsque j’étais en Hongrie, je m’occupais d’une génération de 2002 jusqu’à 2005-2006.
Trois, quatre voire cinq ans après mon retour en France, ce que l’on observe, c’est qu’il y a sept joueurs de mon groupe ont signé leur premier contrat professionnel, deux sont déjà en équipe nationale. C’est un signe révélateur qu’il y a un accès au niveau professionnel avec de vraies responsabilités, et ce n’est pas anodin. Le système veut cela, il y a une vraie volonté règlementaire au travers des fédérations de certains pays d’Europe de l’Est, qui est de valoriser le positionnement des joueurs. Ils ont l’obligation d’aligner des joueurs issus du centre de formation.

Vous étiez au NBH la saison passée. Y a-t-il une différence significative entre les Espoirs Pro B et Élite ?
Il y a une énorme différence entre les clubs en dessous du top 2-3. Le championnat Espoir de Pro B est séparé en deux poules, avec une première phase. Sur ces deux poules, on y enlève trois équipes qui vont jouer une poule haute et d’autres qui jouent la poule basse.
Parmi les équipes qui jouent la poule haute, il y a une tendance à se rapprocher au niveau que l’on pourrait retrouver en Espoir Elite. Si l’on prend le cas d’Orléans, ils ont une très belle équipe avec un niveau athlétique, et de jeu très intéressant, qui rivalise largement avec des centres de formation en Elite.
Il y a également l’ASA, qui a une école de formation, et un projet établi. On le ressent au travers de l’accompagnement des joueurs qui sont de plus en plus efficaces. Il y a une vraie différence entre les deux divisions, qui est plutôt ténue pour les équipes jouant la poule haute en Espoir Pro B.
Je prends l’exemple de Blois, qui depuis quatre-cinq ans, a su concrètement structurer sa politique de formation avec un projet et un programme de formation. La saison dernière, ils ont remporté le championnat Espoir Pro B, cette année, ils sont dans le carré haut du championnat Elite.
Cela montre qu’il est possible de voir des équipes en deuxième division qui peuvent exister à moyen-terme en première division. Il y a à la fois rapprochement puisque cela s’améliore, mais c’est clair qu’il y a un écart de niveau.

Limoges est une ville amoureuse de son équipe, ressentez vous ce même engouement autour des Espoirs ?
J’ai eu la chance d’y passer il y a 20 ans en tant que joueur Espoir du CSP. C’est un club qui a toujours été dans mon coeur, car même en un an passé là-bas, ce club m’a beaucoup touché.
Lorsque je reviens 20 ans après, la première chose que je vois, c’est cette effervescence, cet amour du maillot du CSP avec ses fans et ses clubs de supporters. C’est toute une ville, voire même un bassin, un territoire de basket.
Depuis quelques années, le centre de formation retrouve une dimension à la hauteur du club, et de sa passion. Le plus intéressant, c’est d’observer que sur ces treize dernières années, sur une centaine de joueurs passés par le centre de formation, plus de 10% embrassent une carrière professionnelle.
Aujourd’hui, il y a une identité pour valoriser la formation locale, nous sommes soutenus dans cette démarche. Il y a une dynamique qui se crée et qui s’entretient avec ferveur et passion.

Crédit photo : Limoges Cercle Saint-Pierre

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