Après trois ans à Nanterre, Bastien Pinault part sur une bonne note et décide de s’engager pour trois ans dans son club formateur. Originaire du sud ouest, il revient sur sa terre natale pour aider l’Élan Béarnais à remonter en Betclic Elite. Entre équilibre familial, le besoin du changement, et nouveau challenge à relever, Bastien Pinault se livre à coeur ouvert sur les raisons de sa signature à Pau.
10 ans après ton départ, tu fais ton retour à Pau. Cette idée de revenir près de chez toi était dans un coin de ta tête depuis un moment ?
J’avais besoin d’un nouveau projet qui m’animait. Certes, c’est un retour au bercail, mais ce n’est pas en pré-retraite. C’est un retour à la maison pour revenir le plus vite possible dans l’élite du basket français.
C’est un club en restructuration, qui s’est bien relevé de ses débauches financières sur les dernières années. Le projet qu’ils m’ont présenté m’a interpellé.
Oui, il y a le côté coeur car c’est mon club de formation, que j’allais voir lorsque j’étais tout jeune. Je n’avais jamais eu la chance de pouvoir y jouer, maintenant c’est le cas. Je reviens pour les aider le plus vite possible à revenir au plus haut niveau.
Quand ton club formateur joue en première ou seconde division, tu as toujours dans un coin de ta tête, l’idée d’y jouer, en te disant que l’histoire serait belle. Je pouvais rester en Betclic Elite, même à Nanterre, et jouer une coupe d’Europe, mais j’avais besoin de voir autre chose. Je voulais retrouver de réelles responsabilités, faire le point avec mon basket, voir où j’en suis, et sortir de ce rôle auquel on m’a catalogué de « shooteur ». Ce n’est pas une critique car c’est mon shoot qui m’a emmené en première division, mais je sais faire d’autres choses, de me le prouver. Il y a peut-être une crise d’égo dedans. J’avais besoin de retrouver ce plaisir à faire beaucoup de choses sur un terrain, que j’avais un peu perdu ces derniers temps.
Ce projet me donne à 100% l’envie de m’investir dans le basket.
Jusqu’à cette saison, tu jouais en première division pendant 7 ans. Tu as montré que tu avais encore le niveau pour évoluer en première division. Pourquoi ne pas avoir fait le choix de rester que ce soit à Nanterre ou ailleurs ? As-tu eu des contacts avec d’autres clubs de Betclic Élite ?
Il y a eu des offres d’autres clubs de Betclic Elite. Je suis d’accord avec toi sur le fait que j’ai le niveau pour jouer en Betclic Elite, je l’ai prouvé. Parfois, il faut savoir prendre un petit risque dans la vie. Je ne vais pas dans n’importe quel club de Pro B, je vais dans un club qui a passé beaucoup plus de temps en Pro A. Il est échelonné pour y revenir à court-terme. Je n’ai aucune inquiétude sur le fait que Pau ne deviendra pas un club de Pro B sur le long-terme, avec une telle salle, et la ville qui est très sportive. C’est l’un des clubs les plus titrés du championnat français.
C’est un choix un peu risqué, mais j’avais besoin de changer d’atmosphère, ma façon de travailler.
J’avais aussi le besoin de voir autre chose que Paris. La capitale c’est bien mais il se passe toujours des choses, il y a beaucoup de monde, j’aime aussi être tranquille du côté extra-familial. Depuis que j’ai eu ma fille, beaucoup de choses ont changé. J’aime Paris, c’est la meilleure ville du monde pour moi, mais, juste un temps, et ce temps a été fait.
J’ai envie de partager avec ma fille ce que j’ai connu lorsque j’étais plus jeune. C’est-à-dire, me balader à la campagne, qu’elle ait des habitudes, que je puisse lui transmettre des choses que je connaisse. De ce côté, la vie parisienne ne nous convenait pas trop.
Sur le côté basket, je te rejoins sur le fait que j’ai le niveau pour jouer en Betclic Elite, et c’est toujours mon envie première mais il y a aussi le côté extra-sportif. Une carrière, c’est une petite partie de nos vies, mais la famille c’est tout le reste. J’ai envie que tout le monde soit épanouie.
Je suis avec ma femme depuis 10 ans, elle fait des sacrifices pour me suivre partout. J’ai envie de lui rendre un cadre de vie qui lui colle plus à la peau, et nous colle plus à la peau.
À Nanterre, tu saturais ?
J’avais besoin de renouveau. J’ai fait trois ans à Nanterre, j’ai connu le club, qui est super et très bien structuré. J’arrivais à la fin d’un cycle et j’avais besoin de voir autre chose.
Tu sors d’une saison réussie sur le plan collectif et individuel, tu as su faire lever La Défense Arena en fin de match contre Monaco, été décisif sur plusieurs matchs. Ça ne va pas te manquer les gros matchs à enjeu de la Betclic Élite ?
Bien sûr que cela va me manquer. Il faut être raccord avec ses prises de décision et je suis maintenant investi à 100% dans le projet de Pau.
Le fait que de jouer ces gros matchs va me manquer va faire que je vais apporter le plus possible au niveau de mon expérience, et en qualité de jeu.
Le club sort d’une bonne saison en Pro B, ils ont participé aux Playoffs et sont allés loin en Coupe de France, tu viens aussi dans l’idée d’aider le club à remonter dans l’élite ?
Je me suis engagé sur du long-terme parce que je sais que le projet ne va pas aboutir en une saison, en plus la Pro B est un championnat très compliqué. C’est la guerre ultime tous les week-ends. Je sais aussi que c’est un club qui ne va pas passer trois saisons de suite en Pro B.
Je viens pour vivre ce genre de choses. J’ai envie de titres. Après avoir raté celui de la Leaders Cup cette année m’a donné l’envie de revivre ces moments.
Ce que j’ai vécu en Betclic Elite va me manquer et je me servirais de cela pour ne pas oublier pourquoi j’ai signé à Pau, qui est de revenir le plus vite possible dans un basket d’élite, dans un club qui le mérite.
“Je n’ai pas envie qu’on déménage tous les ans, et ma fille va entrer à l’école.”
Tu vas jouer pour Mickael Hay, qui a donné une montée historique à Blois il y a trois ans. Ça a été un déclic dans ta décision ?
On s’est entretenu longuement au téléphone. Il m’a vendu le projet, cela a bien matché entre nous. Cela a impacté ma décision car c’est un coach qui connaît très bien le championnat, même s’il est compliqué, il a toujours joué le haut du tableau avec Blois.
Il a une façon de jouer qui m’a toujours plu. J’ai joué contre lui à l’époque en Pro B, ou en première division avec Blois depuis qu’ils sont montés, cela a fait partie de ma décision. C’est un coach reconnu qui sait où il va.
Tu t’es engagé pour trois ans avec Pau, outre le fait de rentrer à la maison, qu’est-ce qui t’a motivé à signer sur autant d’années ?
Il y a ce côté famille auquel je suis très attaché, et c’est pourquoi j’avais prolongé deux ans à Nanterre à la naissance de ma fille, et lui apporter une certaine stabilité, ce qui est important.
On va rentrer dans les années où elle va aller à l’école. Outre le fait que j’ai kiffé le projet, que je voulais m’installer dans la durée dans un club afin d’y emmener ma pierre à l’édifice, il y a aussi ce côté familial.
Je n’ai pas envie qu’on déménage tous les ans, elle va entrer à l’école, c’est ce qui fait l’équilibre d’un joueur.
Quand ça ne va pas, qu’il y a des hauts et des bas, tu rentres à la maison et tu te rends compte qu’il y a plus important dans la vie. J’essaye de faire mes choix en fonction de cela. Je ne suis plus seul.
Je pars de Nanterre sur la meilleure de mes 3 saisons. On a été loin en Coupe de France, finale de Leaders Cup, à deux doigts de passer le premier tour des Playoffs, on se qualifie en Coupe d’Europe… C’est que du bonus. Cette saison m’a redonné beaucoup de plaisir, et je suis content quand je pars sur une très belle saison et sans regrets. J’avais vraiment besoin d’autre chose et Pau a réussi à toucher la corde sensible. J’espère que ça va bien matcher sur le terrain.
Crédit photo : F.Blaise