Expatrié en Turquie, Axel Bouteille s’éclate au Bahcesehir. Parmi les meilleurs joueurs de son équipe, il joue, dans la continuité de la saison dernière, le meilleur basket de sa carrière.
Élu dans le meilleur cinq de l’Eurocup en 2022/23, il nous explique notamment son choix de rejoindre une équipe en FIBA Europe Cup et faire une croix (pour l’instant) sur l’Euroleague. Entretien.
Comment se passe la saison collectivement jusqu’à maintenant ?
Collectivement, je dirais que c’est un peu… Il y a deux côtés. En Coupe d’Europe, on est premiers, on est invaincus au Top 16 et on est qualifiés déjà en quarts de finale. Donc ça, c’est plutôt une bonne nouvelle. Mais après, en championnat, on n’est pas super bien classés. On a sept victoires pour onze défaites. On a perdu l’autre jour contre le Fener, au le buzzer. On a perdu le match d’avant chez nous, au buzzer aussi. On a perdu plein de matchs de très peu et notre bilan pourrait être inversé. C’est ça qui est un peu difficile, mais je pense qu’on a une bonne équipe. J’espère qu’on pourra accrocher le play-off. Ça serait bien. En coupe d’Europe ça serait vraiment bien d’aller chercher le titre. On a quelques blessés, j’espère qu’ils vont vite revenir. J’espère vraiment qu’on y arrivera parce que là, on doit être à dix victoires de suite dans cette compétition. Après, c’est vrai que ça va se corser en quart de finale, mais je pense qu’il y a moyen de le faire. Ça serait beau.
Et individuellement ?
Ça se passe très bien. C’est vrai que je me sens vraiment bien en championnat et en coupe d’Europe. Je me sens bien dans cette équipe. On a changé de coach il y a quelques semaines, mais ça se passe bien. Je me sens bien dans mon basket, dans mon jeu. J’arrive bien à m’exprimer. Individuellement, je dirais que c’est un peu comme l’année dernière, la même saison. C’est juste qu’en championnat, on est moins bien que l’année dernière. Mais ça se passe très bien.
Tu joues aux côtés de Jerry Boutsiele avec qui tu avais déjà joué à Limoges, comment ça se passe ?
Ça se passe très bien. C’est vrai que c’est cool qu’on parle français et puis on se connaissait donc ça se passe bien tous les deux. Il fait aussi une super saison donc c’est vraiment cool de pouvoir vivre ça ensemble.
C’est ta deuxième année en Turquie, comment tu te sens dans le pays ? L’année dernière, tu étais à Ankara et cette année tu es à Istanbul. Comment tu te sens ?
Je me sens bien. Ankara, je découvrais la Turquie. C’était vraiment bien. J’ai beaucoup aimé. Mais Istanbul, il n’y a rien de comparable je pense en Turquie. Même si ici, c’est l’Asie, il n’y a pas de ville comme ça en Europe, c’est tellement grand. Je me sens vraiment bien ici. Il y a beaucoup de choses à faire. On se sent très bien. Mais en terme de ville, je préfère Istanbul à Ankara parce qu’il y a beaucoup plus de choses à voir ou à faire. Et puis, je vis dans un bon quartier aussi. Je joue dans la salle du Fenerbahçe. On a la même salle. C’est cool. Ici, c’est vraiment cool. Et la Turquie, je m’y sens bien. C’est assez chaleureux, les gens sont accueillants.
Il y a beaucoup de clubs à Istanbul, comment ressens-tu le soutien des supporters ?
Dans mon club, c’est un de ceux où il y en a le moins. Parce qu’en fait, on joue dans une salle de 15 000 places, mais on n’est pas le Fener. Mais c’est vrai que les gens, ils aiment beaucoup le sport. Le basket, le foot, c’est très populaire. Il y a des clubs. Ici en Turquie, c’est des institutions comme le Fenerbahçe, Galatasaray, l’Efes, Besiktas. C’est vraiment des grands clubs. Dès qu’on est dans la rue, on peut voir des gens qui ont le maillot. Et la ferveur, quand on joue dans certaines salles, c’est vraiment… Les supporters, c’est pas vraiment des fans. C’est des ultras. C’est vraiment chaud. C’est des ambiances que j’aime parce que c’est toujours motivant, encore plus motivant et agréable de jouer dans ces situations-là.
“Si on ne m’appelle pas en Equipe de France, je pense que ce n’est pas par rapport à ce que je fais sur le terrain”, Axel Bouteille
Pour revenir sur cet été. Tu fais le choix de quitter Ankara après une finale d’Eurocup pour rejoindre Bahcesehir qui évolue en FIBA Europe Cup. Pourquoi ?
C’est vrai que j’avais d’autres options. J’aurais pu retourner en Eurocup. J’aurais même pu aller en Euroleague. L’Euroleague, je la veux, mais là, c’était, on va dire, pour les conditions que me proposait mon nouveau club comparé à ce qu’on me proposait en Euroleague. C’est vrai qu’il y avait deux mondes d’écarts. Et j’ai fait ce choix-là. J’ai deux ans de contrat ici et clairement, ils m’ont fait offre qui était très difficile de refuser, voire impossible. C’est pour ça que j’ai fait ce choix-là. C’est vrai qu’en terme de coupe d’Europe par rapport à ce que j’ai vécu l’année dernière et ce qu’on a fait jusqu’en finale, que j’ai été élu dans le meilleur 5 de l’Eurocup, je peux comprendre, mais voilà, j’ai dû faire ce choix.
Tu as envie de retourner en Eurocup, ou d’aller en Euroleague ?
Bien sûr, j’ai envie mais c’est vrai que c’était pas… On va dire, j’aimerais y aller. J’aimerais y aller encore, bien sûr, c’est ce que je veux l’Euroleague, mais actuellement je suis bien ici et comme je t’ai dit, c’est un choix que j’avais à faire avant. C’était un choix difficile parce que, bien sûr, j’ai envie d’être en Euroleague, mais là, ça ne se jouait pas à peu de choses. Il n’y avait vraiment rien à voir du tout. Comme je t’ai dit, c’était… deux mondes d’écart. Je ne pouvais pas me permettre, pour moi et ma famille, de laisser passer ça. En coupe d’Europe, on est déjà en quart de finale, je sais que c’est la FIBA, alors que j’aurais pu être en EuroLeague, mais c’est comme ça. À part ça, le championnat est très compétitif, je vis à Istanbul, je suis heureux, ma famille aussi. Mais bien sûr, j’ai toujours de l’ambition, j’en ai toujours eu et j’en aurai toujours pour aller au plus haut niveau possible. Si ça avait été avec les bonnes conditions, bien sûr que j’aurais dit ok.
Tu te sens prêt aujourd’hui à découvrir l’Euroleague ?
Je sais qu’en général, il y a des gros rosters, c’est plus compliqué, je ne sais pas si je peux compter ou pas. Mais oui, bien sûr. J’ai été en contact avec plusieurs clubs l’année dernière. J’ai même eu certaines offres. Bien sûr que je veux y aller et jouer un rôle parce que, mine de rien, j’ai fait trois ans en Espagne, c’est ma deuxième année en Turquie, je joue contre le Fener, l’Efes, là, encore la semaine dernière, je joue tout le temps contre ces équipes-là, même si c’est à un niveau moindre car ce n’est pas l’Euroleague, c’est quand même quelque chose. Je pense que je suis prêt, ça fait déjà quatre ou cinq années que je suis prêt à y aller, mais, oui, si j’y vais, c’est pour jouer, en tout cas c’est que j’espère.
Et est-ce que revenir en France, ça serait un truc qui te plairait avant la fin de ta carrière ou pas ? Même je me doute que les contrats qu’ils te proposent, ce ne sont pas les mêmes qu’en Turquie.
Déjà et puis même, l’expérience de vie que je vis depuis que je suis parti, c’est-à-dire en Espagne et en Turquie, c’est quelque chose de super parce que j’ai vu différents clubs, différentes villes, différents pays et j’ai la chance de jouer, on va dire, un peu partout en Europe. Je trouve vraiment que c’est une chance. C’est ce que je voulais, jouer à l’étranger quand j’étais plus jeune, même si j’ai aimé la France, bien sûr, c’est mon pays et j’adore, mais si je reviens, bien sûr, ce sera pour un club en Coupe d’Europe ou alors si je reviens à la fin de ma carrière, je pense, ce sera le but et si je reviens un jour, je ne sais pas, peut-être ce sera à Chalon où j’ai commencé.
Tu as joué en Espagne et en Turquie, y a-t-il un autre pays où tu aimerais jouer ?
Je pense qu’en Europe, les championnats domestiques, ces deux-là sont les deux meilleurs. L’Espagne et la Turquie. Mais sinon peut-être le championnat italien, peut-être, par rapport au pays.
Tu fais une super saison dans la continuité de la dernière, est-ce que tu aurais espéré être appelé pour l’équipe de France, au moins pour la fenêtre de février ?
Oui, bien sûr, que j’aurais espéré être appelé en équipe de France. Mais, quand je vois la saison que j’ai faite l’année dernière, je n’ai pas été pris pour les deux fenêtres. Et là, je ne suis pas non plus pris pour celle-ci. Je pense que ce n’est pas par rapport à ce que je fais sur le terrain parce que si on parle de performances, je pense que je méritais ma place pour toutes, pas que cette saison, les années d’avant aussi. Mais bon, c’est comme ça. C’est le choix du sélectionneur.
Quel serait l’objectif pour la suite de ta carrière ?
L’Euroleague bien sûr. Comme je l’ai dit, j’aurais pu, ça reste un objectif. Globalement, j’essaye toujours de faire mieux saison après saison. Je n’essaie pas vraiment de calculer. Je sais que j’ai mon contrat ici, normalement je devrais être là l’année prochaine. Pour moi, la suite, c’est toujours de faire mon maximum, de ne me fixer aucune limite. Bien sûr, j’aimerais jouer au plus haut niveau un jour. C’est juste que les conditions n’étaient pas réunies. C’est à dire que si j’avais eu une bonne situation, bien sûr que j’y serais allé. C’est juste qu’ici, j’ai eu quelque chose que… je ne pouvais pas refuser.
Crédit photos : FIBA