Maître à jouer de Gran Canaria et fidèle soldat de l’Equipe de France, Andrew Albicy (1,78m, 33 ans) a répondu à nos questions. Il évoque notamment le début de saison en dents de scie de son équipe, l’arrivée de sa fin de carrière et sa triste non-sélection en EDF pour la coupe du Monde.
Comment se passe le début de saison ?
Un peu mitigé. Après le titre d’Eurocup l’année dernière on a envie de faire le back to back donc pour l’instant ça se passe bien sur la scène européenne. Je trouve qu’on a un groupe plutôt faible par rapport à l’autre groupe, celui de Paris est plus fort et on voit qu’ils sont bien en forme cette année. En championnat c’est vraiment très mitigé parce qu’on se fait éclater à l’extérieur, parlons français (interview réalisée avant la victoire à Vitoria). À domicile on est plutôt solide mais si on veut faire la Copa del Rey, il faut gagner à l’extérieur parce que le niveau est très élevé et il y a énormément d’équipes qui prétendent à se qualifier. C’est un peu mitigé pour l’instant, on a perdu quelques joueurs clés avec Damien Inglis, Aleksander Balcerowski et Khalifa Diop. On les a remplacé par des joueurs qui apportent autre chose donc il y a une adaptation à faire, ils doivent aussi comprendre la philosophie du coach. Pour l’instant la mayonnaise a encore du mal à prendre vraiment.
Qu’est-ce qui explique qu’à l’extérieur ça coince ?
Un manque de dureté. Les trois intérieurs qu’on a perdu apportaient ça. On est une équipe de gentils et c’est pas forcément tout le temps bon donc quand on se fait un peu masser ça ne répond pas forcément, c’est ça le problème.
Vous voulez faire le back to back en Eurocup, mais pourquoi le club n’a pas accepté l’accession en Euroleague ?
Un problème de budget. Il faut avoir les armes nécessaires pour jouer l’Euroleague et je pense que le club ne les avait pas toutes. Sachant qu’il faut déjà deux millions d’euros de budget juste pour les déplacements, c’est énorme. Il faut énormément anticiper un engagement en Euroleague avec des gros sponsors et à ce moment-là le club ne les avait pas. Le club a donc préféré ne pas le tenter plutôt que d’aller en Euroleague et de souffrir comme ça a été le cas la première fois où ils ont joué l’Euroleague. Ils l’ont payé cher, ils ne gagnaient pas un match en Euroleague ni en championnat donc ils n’ont pas eu de coupe d’Europe la saison suivante. Cette saison d’Euroleague les a finalement handicapé pour la saison en cours et la saison suivante. Il faut choisir entre aller en Euroleague et souffrir pendant deux ans ou attendre d’avoir plus de solidité pour assumer pleinement la compétition.
Et d’un point de vue personnel, comment te sens-tu ?
On va dire que je monte crescendo. Je me suis blessé pendant la préparation donc je n’ai pas eu le temps de bien me préparer, ce qui fait que le tout début de saison a été un peu compliqué sur le plan physique. Je commence à revenir bien, je me sens bien, donc je monte en puissance. On est toujours dans nos objectifs, l’équipe gagne et perd mais si a la fin on termine bien c’est le plus important. Je suis un joueur d’équipe donc tant que l’équipe gagne, je m’en fous un peu du personnel. On est un peu en reconstruction donc il y a des choses à améliorer mais je sens qu’on est sur la bonne voie pour revenir au moins au niveau auquel on était l’année dernière.
As-tu pensé à quitter le club pour retourner en Euroleague ?
Pas vraiment. J’étais sous contrat et on n’a pas forcément cherché. Je suis bien ici, j’ai 33 ans, je suis plus près de la fin que du début, même si je pense pouvoir donner encore au moins quatre belles années après cette saison. Je me sens bien ici, j’ai tout le confort qu’il faut, j’ai ma petite famille, j’ai envie de faire grandir le club. Je suis ouvert à toute proposition intéressante, mais je n’ai pas vraiment cherché à partir et je n’ai pas eu de proposition donc il n’y a pas eu de question à se poser.
Tu auras 35 ans à la fin de contrat, est-ce que tu te vois terminer ta carrière à Gran Canaria ?
Clairement ! C’est l’objectif. Je ne ferme pas les portes pour une encore meilleure opportunité mais si je peux finir ma carrière à Gran Canaria je serais très, très, très heureux.
Pour revenir sur l’été passé avec l’Equipe de France, comment as-tu appris et ressenti ta non-sélection ?
Vincent (Collet) m’a appelé le jour de l’annonce. Chaque année j’ai des objectifs et j’avais coché la coupe du monde, surtout que je savais que cette compétition avait aussi pour but de préparer les Jeux Olympiques donc c’était très important pour moi de faire partie du groupe. Malheureusement ce sont les choix du coach. J’ai fait ce que je devais faire que ce soit en club ou pendant les fenêtres, je pense avoir fait une belle saison. Le coach a fait un choix, il faut l’accepter, c’est comme ça. J’étais déçu, mais il y a des choses qu’on ne contrôle pas et ça en fait partie. Je me suis toujours donné à 100%. C’est sûr que j’étais déçu surtout que j’avais préparé tout mon été par rapport à l’Equipe de France.
Les Jeux Olympiques restent un objectif ?
Oui. Je ne contrôle pas tout, j’essaye de me donner les moyens et on verra. Je vais faire pareil et on verra les choix du coach. J’espère que ça le fera, même s’il y a beaucoup de choses qui peuvent arriver tout au long de la saison et je ne parle même pas forcément de blessure. Il y a des joueurs que l’on attend pas qui peuvent performer et prétendre aussi à être aux Jeux Olympiques donc je vais faire mon travail. Je sais ce que je peux apporter à une équipe, à l’Equipe de France et après ça sera au sélectionneur de faire son choix.
Crédit photo : FIBA/Eurocup