Cet été, le Paris BasketBall a tenté un petit coup stratégique. L’effectif a beaucoup changé, mais les automatismes sont restés. Un recrutement qui s’avère payant en ce début de saison avec 5 victoires en Betclic Elite.
Bonn équipe, Bonn idée, Paris BasketBonn, Bonn Collector… Bref, le jeu de mot fonctionne à toutes les sauces.
Si les rumeurs au mercato estival ont fait l’objet de plusieurs critiques, il s’avère que la stratégie sportive du club de la capitale est un coup de maître.
Paris a rapatrié le coach finlandais Tuomas Iisalo, ses assistants Adrian Kovacs et Julius Thomas, ainsi que le préparateur physique espagnol Adrian Ariza Medina. Ensemble, ils ont mené à la baguette cette équipe de Bonn à un titre de champion d’Europe en BCL.
Six joueurs l’ont suivi : Sebastian Herrera (1m93, 25 ans), Collin Malcolm (2m01, 26 ans), Leon Kratzer (2m11, 26 ans), Tyson Ward (1m98, 26 ans), T.J. Shorts (1m75, 25 ans) et Michael Kessens (2m06, 32 ans), un joueur formé localement, à Cholet.
À côté d’eux, trois autres JFL ont été récupérés : Enzo Shahrvin (2m01, 20 ans), Nadir Hifi (1m85, 21 ans), révélation porteloise la saison passée, et enfin Bandja Sy (2m04, 33 ans), frère de la légende, et directeur sportif du Paris BasketBall Amara Sy.
La « Deutsche Qualität » à Paris
Et si l’on pouvait sauter cette étape d’adaptation ? Pour la recette, il suffit simplement de construire son équipe comme le Paris BasketBall l’a fait. Un petit groupe de 10 personnes au total débarque du même endroit, le capitaine emblématique, Gauthier Denis, présent depuis 2018 est toujours au coeur du projet, et trois nouveaux JFL s’installent, dont un qui connait parfaitement la maison.
Amara Sy s’est exprimé quant au processus de recrutement au micro de Skweek le 7 octobre.
« Quel est le rôle d’un directeur sportif ? C’est de créer la meilleure équipe avec notre budget et nos moyens. On a la chance de pouvoir continuer à avancer grâce à quelque chose qui s’est construit à Bonn. Par souci d’ego ou d’originalité, je vais prendre des risques ou faire des paris en recrutant un mec inconnu qui joue en Nouvelle-Zélande ? Si je devais en prendre 10, j’en aurais pris 10, si je devais prendre le gardien de la salle, j’aurais pris le gardien de la salle. Ce que je dis aux jeunes, c’est que dans le sport de haut niveau, tout ce qui compte, ce sont les résultats. Faire le malin ou jouer la carte de l’originalité en recrutant un mec au Danemark que personne ne connaît ne m’intéresse pas. »
Selon l’Amiral, tout serait une question de logique :
« Si j’ai l’opportunité de récupérer une valeur sûre, qui peut m’emmener là où je veux aller, je vais le faire. C’est de l’intelligence et de la logique. Quand je vois ce qu’il se dit sur les réseaux sociaux, j’en rigole. Ces gens ne sont pas compétents, ils ne sont pas du milieu en vérité. Si je prends le cas de Tyson Ward, sans donner son prix, supposons que je récupère un joueur de son niveau en Espagne ou en Betclic Elite, cela va me coûter deux ou trois fois plus cher. Donc, pourquoi vouloir être original si je peux avoir quelqu’un qui me coûte beaucoup moins cher et qui est tout aussi performant, voir plus ? Il n’y a qu’à voir ce qu’il fait aujourd’hui. Si on fait une bonne saison, les gens pourront dire ce qu’ils veulent, c’est le résultat qui parle. »
Résultat des courses ? Meilleure attaque (87,7 points marqués), 4e meilleure défense du championnat (74,6 points encaissés), et 5 victoires en 7 matchs. Comme le dit le dicton, on ne change pas une équipe qui gagne.
Une équipe homogène
Si le niveau du championnat français et allemand n’est pas si différent, ce groupe venu d’Allemagne va passer un cap. Cette saison, ce n’est pas la Ligue des Champions qu’ils joueront, mais l’EuroCup.
La gagne ce n’est pas seulement à l’échelle européenne, c’est aussi au niveau national. Sur le début de la campagne 2023-2024, Paris se hisse à la seconde place du podium derrière Monaco, toujours invaincu.
L’homogénéité est l’une des armes principales de cette équipe. En attaque, 5 joueurs marquent entre 5,6 et 8,1 points pour jouer entre 16,1 et 21,7 minutes. Leon Kratzer, sans être un défenseur d’élite, reste un élément important dans la raquette avec ses 4,4 rebonds. Nadir Hifi sort d’une saison à 16,8 points pour 30,5 minutes avec Le Portel, et à l’heure actuelle tourne à 14,6 points en jouant 18,9 minutes. Une progression folle du meneur, qui termine les matchs sur le terrain, et à qui on peut donner le ballon dans le money-time.
Comme le rappelle Amara Sy chez Skweek :
« Si tout se passe comme prévu, ça va marcher. En ce qui concerne la valeur des joueurs, donc leur niveau, l’attitude, l’implication etc… On le sait qu’on ne s’est pas trompés. L’ambiance dans le vestiaire est bonne, j’ai rarement vu cela. Les gars sont professionnels, réglés, ils sont en mission. Ils ne sont pas là pour tergiverser. Tous font leur boulot et ils le font tout en respectant les personnes qui se trouvent dans leur environnement, que ce soit les employés du ménage, les membres du staff, les coéquipiers… Ils sont respectueux, rigoureux et travailleurs. Ce sont les joueurs que tout le monde rêveraient d’avoir. »
Le groupe vit bien, et on le voit. La saison dernière, plusieurs joueurs sortaient du lot grâce à leur talent individuel. On peut penser à Tyrone Wallace ou encore Kyle Allman tous les deux à 16 et 14,8 points de moyenne respectivement sur la campagne 2022-2023. Le premier, très complet, combinait également à 4,8 rebonds et 6 passes décisives. Le second tournait à 4 passes. Dans l’effectif actuel, T.J. Shorts est la plus grande individualité avec 18,3 points de moyenne et 6,6 passes décisives. Il est d’ailleurs le seul à dépasser la barre des 3 caviars dans cette équipe. Une preuve que l’américano-macédonien est une très belle pioche et joue parfaitement son rôle de meneur. Le leader offensif, fait jouer son équipe, et participe aux taches défensives.
Souvent dans le basket, une équipe performante possède un poste 1, capable de porter cette équipe sur ses épaules, sans éclipser ses coéquipiers.
On peut prendre le cas de plusieurs équipes renommées en Europe: Monaco, porté par Mike James et Elie Okobo, le Real Madrid avec par Sergio Llull, Sergio Rodriguez ou encore Fabien Causeur. Gran Canaria, vainqueur de l’EuroCup, peut compter sur Andrew Albicy dans ses rangs, quand l’Anadolu Efes compte sur Shane Lirkin ou Rodrigue Beaubois.
Quelles sont les attentes ?
Bien évidemment, en vue de leur forme, le Paris BasketBall se doit d’aller en Playoffs. Classés dans le top 3, ils seront l’une des équipes à suivre dans le dernier carré s’ils gardent leur régularité.
Sans pour autant s’attendre à un titre de Champion de France ou d’Europe en EuroCup, il est obligatoire que le bilan de fin de saison soit positif pour les Parisiens. Le club n’a jamais caché ses ambitions d’atteindre l’Euroleague d’ici quelques années. On peut dire qu’il y a de grandes chances que cet objectif soit atteint.
Pour rappel, Marshall Glickman, patron du tournoi, a affirmé dans les colonnes de l’Équipe, que Paris « est une priorité » et y sera bientôt, le plus vite possible.
Évidemment, avec un tel avenir qui se dessine, la campagne 2023-2024 doit être le tremplin vers la gloire pour le club de la capitale. En tout cas, on souhaite Bonn chance au Paris BasketBall.
Crédit photo : Ann-Dee Lamour / BCL / F.Blaise