En France, les américains sont très souvent les leaders au classement sur les différentes catégories du jeu. Si l’on vante le niveau de nos joueurs, il n’en demeure pas moins qu’ils ne sont pas les plus en vogue à domicile.
Sur la planète basket, nombreux sont les commentaires affirmant que l’Europe devient tout aussi forte que les États-Unis, si ce n’est meilleure. Et pourtant, dans les championnats et grandes compétitions européennes, les meilleurs marqueurs sont souvent des Américains. Par exemple, Yogi Ferrell, meilleur marqueur de l’EuroCup avec 18,4 points de moyenne en 17 matchs, ou encore Wayne Selden, meilleur marqueur du championnat turc avec 19,67 points de moyenne.
À l’heure où la finale de Betclic Elite approche entre Monaco et Boulogne-Levallois, pour le premier match, on retrouve certains des meilleurs Étasuniens du championnat. On peut penser à Mike James, Jordan Loyd ou encore Barry Brown, auteur d’une très belle série face à l’Asvel. Le premier est d’ailleurs l’une des figures de la première division.
En France, le meilleur marqueur est certes un Français, Victor Wembanyama, avec 21,6 points de moyenne. Mais les quatre autres joueurs du top 5, sont tous Américains : Ronald March (21,4), Matt Morgan (20,7), Marcus Keene (20,2) et Markis McDuffie (17).
Sur l’évaluation, c’est pareil, à l’exception de Vitalis Chikoko, zimbabwéen (18,7), figurant dans cette liste. Les trois autres étant Ronald March (20,8), Markis McDuffie (18,5) et Matt Morgan (18,4). Dans cette catégorie, on parle des joueurs qui apportent le plus à leur équipe dans tous les compartiments du jeu.
Finalement, les Américains ne sont-ils pas les meilleurs joueurs de notre championnat ?
« On sait que les autres sont nuls, ou alors, n’ont pas eu les opportunités »
En LNB, 6 joueurs non JFL « joueur formé localement » sont autorisés à être inscrits sur la feuille de match, dont quatre maximum n’appartenant pas à un pays considéré comme « Bosman ou Cotonou ».
En d’autres termes, l’entraîneur peut aligner 4 Américains sur celle-ci.
Il faut bien le reconnaître, les États-Unis sont reconnus comme étant la meilleure nation de ce sport, même si le classement FIBA les place en deuxième position.
Cela peut sembler dérisoire pour certains, mais un sport qui occupe une grande place dans l’identité et la culture d’un pays impacte forcément la préparation de ses joueurs. Aux États-Unis, le basket est l’un des sports les plus populaires.
Partons d’un constat très simple. La plupart des jeunes joueurs qui espèrent faire une carrière dans le basket rêvent de rejoindre la NBA. Même si depuis quelques années l’Europe semble rivaliser avec le pays de l’Oncle Sam, la plupart des internationaux sont arrivés massivement dans les années 2000. 158, soit 35,9% d’entre eux ont été draftés dans la Grande Ligue. Sur la dernière décennie, 178, soit 40,56% d’entre eux ont été draftés en NBA. Cela signifie que la vague de « grands joueurs européens » s’est développée sur les 20 dernières années. Cependant, dans le pays du basket, c’est un phénomène qui existe depuis la nuit des temps.
Georgi Joseph, qui évoluait cette saison à Aix-Maurienne en Pro B, a été formé aux États-Unis, à Kennesaw State University. Ce dernier revient sur cette expérience.
« Aux États-Unis, ils sont prêts depuis le début. Que ce soit au basket ou au football américain, le sport est parfois la seule échappatoire, et ils jouent pour faire partie de l’équipe. »
Au départ, sur la question du mental, les Américains sont parfois plus avancés. Leur mode de vie, bien différent, peut forger les caractères et les égos. Un avantage de pris sur les joueurs français. Cette force de caractère, selon lui, suffit amplement pour s’imposer.
« Le joueur américain a un statut. Il a la confiance du coach. Je ne dirais pas qu’en termes de talent pur il est au-dessus, mais en termes de mental il l’est. Si on prend l’exemple de Mike James, combien peuvent faire ce qu’il fait en étant aussi efficace ? C’est facile de dire que tu peux le faire. Maintenant, tiens on te donne les rênes de l’équipe, fais le, marque 21 points en un quart-temps. Tout le monde veut prendre des tirs et crier comme Kobe, mais Kobe prenait 50 tirs sans aucune pression. »
Selon l’ancien pivot portelois, certains joueurs français font preuve d’un excès de confiance au début de leur carrière.
« Peu sortent du centre de formation, et ceux qui en sortent peuvent avoir cette façon de penser. On sait que les autres sont nuls ou alors n’ont pas eu les opportunités. Mais en tout cas moi, je suis là, donc c’est que je suis meilleur que toi, et que je peux le faire. C’est ce que l’on se dit, mais la réalité nous rattrape très vite. On te donne ta chance, mais si le travail n’est pas là, tu ne joues pas, tu vas sur le banc.
Tu vas en Pro B, tu pensais que tu allais dominer parce que t’as mis 20 points de moyenne en Espoirs, et en fait non. C’est athlétique, c’est physique, tu ne joues pas beaucoup, tu ne gagnes pas, t’essaies de montrer ce que tu sais faire et tu finis en N1. Et là-bas c’est encore pire. Tu peux avoir confiance en toi, mais, le temps ne ment pas. »
Parfois, les joueurs peuvent se plaindre d’un rôle qui n’est pas le leur :
« J’en ai vu des joueurs qui faisaient les stars en Espoirs, avec un potentiel extraordinaire. On a toujours des excuses derrière quand on ne joue pas, en rejetant la faute sur le joueur américain ou sur le coach. Tout ça parce que le coach veut que tu défendes plus, et bien défends plus, mais apporte aussi en attaque, et il n’y a que les joueurs qui peuvent le faire. Mais si ton orgueil n’est pas en accord avec la réalité des choses tu tombes. »
Finalement, l’approche du basket, notamment dans la période de la formation, est bien différente entre les deux pays, et surtout la différence de culture a joué un rôle crucial. Cette rage de vaincre est innée chez les Étasuniens, de par la culture sportive du pays, dans laquelle le basket est présent dans différentes strates de la société.
« Des joueurs comme eux, aux États-Unis, il y en a mille de plus »
Formé aux États-Unis, dans un système scolaire les poussant à jouer 50 à 60 matchs à l’année, et ce très jeune, l’Américain est déjà prêt une fois lancé dans le monde professionnel.
Si l’on doit s’imaginer à la tête d’un club, recruter un tel joueur demande un niveau confirmé. C’est-à-dire, un leader, un joueur capable de changer le cours du match. Un profil capable d’apporter là ou l’équipe manque de qualité, en particulier sur le secteur offensif.
De plus, l’aspect financier entre en compte. Inutile d’amener un tel profil s’il n’est pas l’un des joueurs les mieux payés. Le cumul de tous ces éléments fait qu’il doit être l’un des premiers noms sur la feuille de match.
Mais alors, s’il apporte autant de garanties, qu’est-ce que cela signifie s’il faut comparer les niveaux ?
Selon Tyren Johnson, ailier-fort de Blois, c’est un fait, les Américains sont meilleurs que les Français.
« Les Français sont de bons joueurs, mais les Américains ont de meilleurs skills, de meilleures compétences. Les Américains sont supérieurs aux Français de façon générale. Ils sont plus forts physiquement, plus athlétiques, plus en forme. Ils ont aussi joué à un plus haut niveau auparavant.
On a grandi dans une culture différente. Aux États-Unis, notre mentalité est différente par rapport aux Français, c’est une raison. »
Une autre raison s’ajoute d’après Tyren Johnson :
« Je vais prendre l’exemple du Paris BasketBall, ils ont certains des meilleurs jeunes du basket français. Mais des joueurs comme eux, aux États-Unis, il y en a mille de plus. Si tu les compares à ce que l’on retrouve chez nous, ce sont des joueurs normaux. Ce qui est normal, puisqu’il y a 50 états dans le pays, donc beaucoup plus de joueurs. De plus, le basket aux États-Unis est le sport numéro 1 contrairement à la France où c’est le football qui occupe cette place. »
De gros facteurs les séparent
Encore une fois, la culture n’est pas la même. Un écart se distingue quant au niveau individuel d’un joueur de chaque pays. Cependant, cela ne garantit pas à 100% qu’un joueur français est forcément moins bon.
Il faut malgré tout retenir une chose. Parmi les 43 joueurs ayant disputé au minimum un match en NBA, soit le plus haut niveau de ce sport, seulement 12 sont considérés comme des joueurs « ayant fait carrière », en jouant plus de 300 matchs.
Une statistique moins positive qu’on ne le pense, la France étant le pays européen le plus représenté dans l’histoire de la NBA.
Ce petit échantillon montre qu’il est bien difficile en tant que Français d’accéder à la crème du basket. Si l’on observe cette problématique autrement, une grande majorité ne parvient pas à voir de près l’élite du basket mondial. Par conséquent, ils ne découvrent pas toujours un niveau supérieur à ce qu’ils ont pu connaître dans l’ensemble de leur carrière.
Quant au joueur américain, celui qui ne réussit pas au plus haut niveau est souvent amené à dominer dans les autres championnats étrangers comme on peut l’observer. Dans cette ère où l’on vante les performances de joueurs européens, ces derniers ne représentent qu’une minorité. Leur nation n’est pas aussi dominante dans les championnats étrangers, contrairement aux États-Unis.
Crédit photo : ESSM Le Portel / David Haynau / Tuan Nguyen / David Haynau