Roanne : L’équipe aux deux visages

- 8 mars 2023

Cette saison, la Chorale de Roanne est l’une des équipes les plus séduisantes à regarde jouer. Excellant dans presque toutes les catégories du jeu, elle est aussi l’une des formations qui connaît le plus de difficultés dans le secteur défensif. Retour sur le double visage d’un club pas comme les autres.

En huitième position du classement, on retrouve la Chorale de Roanne. Alors qu’ils avaient terminé la saison passée à la 13e place, les Ligériens progressent doucement mais sûrement.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, Roanne est très efficace des deux côtés du terrain mais sans l’être vraiment. Très dominant des deux côtés du terrain, mais, qui, paradoxalement, montre beaucoup de lacunes aussi en défense.
Sur le secteur offensif, cette équipe est la meilleure dans la ligue. Avec une moyenne de 91,8 points marqués par match, personne n’a fait mieux sur cette première partie de saison. Sur le secteur défensif, dans les deux grandes catégories, contres (5,1) et interceptions (9,5), Roanne détient la meilleure moyenne également. Cependant, sur le même domaine, c’est la deuxième équipe qui encaisse le plus de points (89,3).

Ronald March

Manque de régularité

En attaque, difficile de dire que Roanne manque de régularité. En défense, c’est une autre histoire. S’ils ont une telle moyenne, c’est en partie grâce à la mobilisation collective. Tout le monde participe aux tâches défensives. Cependant, les joueurs ne sont pas assez réguliers d’un point de vue individuel. Si l’un n’y arrive pas, c’est un autre qui s’en charge.
Pour les interceptions, ils sont deux à maîtriser l’exercice. Le premier, Stefan Moody, est le meilleur sur cette catégorie cette saison, de toute la ligue avec 2 interceptions en moyenne, égalité avec Tremont Waters des Mets 92. Le second, avec 1,9 de moyenne, est Ronald March. Un excellent duo en défense extérieure.

Maxime Roos

En ce qui concerne la défense intérieure, c’est le jour et la nuit. Pour les contres, le meilleur de l’équipe dans cet exercice est Maxime Roos, avec 1,1 de moyenne. Si collectivement, Roanne est la meilleure équipe de la ligue dans ce domaine, cela est dû à l’implication collective, sans pour autant que les statistiques individuelles soient mirobolantes.
Pour ce dernier, le collectif en place implique une régularité en défense.
« On joue énormément de possessions en attaque, ce qui fait qu’on a énormément de possessions à défendre de l’autre côté du terrain. Le coach aime avoir une défense et une pression tout terrain, sur une espèce de matchup, run and trap en fonction des équipes. Cela permet aussi de jouer les interceptions. Pour les contres, notre équipe est athlétique à tout les postes. On court beaucoup, on saute beaucoup, cela nous permet aussi d’être plus agile et plus rapides sur les déplacements. On couvre aussi les espaces sur les contres face aux shooteurs. »

Pour Maxime Roos, la régularité des joueurs sur ce secteur est le point central de la réussite roannaise en défense. Cependant, il souligne un problème en particulier par rapport aux points encaissés sur la saison.
« Le problème en défense, ce sont les rebonds. Nous sommes une équipe qui joue beaucoup de possessions, donc en attaque on shoot beaucoup. Les rebonds offensifs et défensifs sont notre principal défaut. On prend plus de shoots, donc le pourcentage de tirs ratés est plus important, pour nous ou les adversaires, il faut donc sécuriser le rebond. Ce qui fait qu’on encaisse beaucoup de points, c’est qu’on laisse trop de seconde chance aux adversaires. »
Selon lui, l’axe de progression commence déjà par la prise de conscience collective sur ce défaut en défense. De quoi être optimiste après la victoire au Portel (95-84), où les Roannais ont récupéré 42 rebonds, dont 15 pour Yannis Morin.

Renathan Ona Embo

En dehors des statistiques sur ces deux thèmes, Roanne est l’une des équipes qui souffrent le plus au rebond défensif. Avec une moyenne de 22,6 rebonds dans leur moitié de terrain, la Chorale est la deuxième équipe avec la pire production cette saison. Toujours dans le même exercice, Roanne est l’équipe qui subit le plus de rebonds offensif dans sa moitié de terrain.
Cela signifie donc que si un joueur adverse parvient à rentrer dans la raquette adverse, alors il y a de fortes chances que l’action se termine par un panier. Il en est de même si l’adversaire récupère un rebond, ou réussit son duel face au défenseur en un contre un.
Autre élément majeur, le club de la Loire est la 8e formation qui souffre à 3 points, avec un taux de 36,5% de paniers encaissés à cette distance. Sur les 18 équipes au total, la Chorale est considérée comme l’une des défenses les moins fiables derrière la ligne.

La force offensive

Accrochant la 8e place avec une défense trompeuse, il faut donc comprendre que Roanne ne faute pas dans d’autres compartiments. En attaque, difficile de ne pas le reconnaître.
Avec une moyenne de 91,8 points par match, on parle de la meilleure attaque du championnat. Ronald March, le meilleur marqueur de l’équipe et le deuxième meilleur marqueur de la ligue tourne à 20,4 points. Derrière lui, trois joueurs combinent à plus de 10 points de moyenne: Kyle Foster avec 12,5 points, Yannis Morin à 11,2 points, et enfin Stefan Moody à 10,5 points. Ce dernier étant le deuxième meilleur passeur de la ligue avec 7 passes décisives de moyenne, il est plus facile de scorer avec un tel meneur créateur.

Yannis Morin

Yannis Morin, l’un des joueurs les plus efficaces offensivement, explique cette efficacité par les demandes claires du coach Jean-Denys Choulet.
« Le coach voulait que notre équipe soit plus homogène, que tout le monde soit capable de tirer, de près ou loin du panier. Il insiste également à ce que tout le monde n’hésite pas à prendre les tirs ouverts, ce qui permet aux joueurs de gagner en confiance. »

Si Roanne fait preuve d’une belle cohésion d’équipe, c’est grâce aux profils retrouvés dans l’équipe.
« On a un meneur qui est un très bon gestionnaire, qui sait mettre ses coéquipiers en valeur. Je pense aussi qu’avec Silvio De Sousa, nous formons un très bon duo d’intérieurs grâce à nos écrans et à cette capacité à mettre nos shooteurs en position ouverte. L’expérience rentre aussi en compte, je communique beaucoup en défense, que tout le monde soit à l’aise et prenne en compte les bons paramètres. »
La volonté du coach, que tout le monde soit capable de marquer, est donc le premier facteur amenant à cette domination collective en attaque.

Stefan Moody

Autre force offensive : la réussite à 3 points. Roanne enregistre un taux de 36,3% de réussite derrière l’arc. Soit, la 7e meilleure formation de la Betclic Elite sur cette catégorie. En volume, ce sont les deuxièmes à en tenter le plus avec 27 tirs par match. Cependant, ce sont ceux qui en rentrent le plus sur l’ensemble de la ligue avec 9,8 tirs par match.
Collectivement, la Chorale est aussi l’une des plus belles équipes. Avec 20,3 passes décisives de moyenne, ils sont deuxième au classement dans ce domaine. Pourtant, seul Stefan Moody est régulier, suivi de très loin par son coéquipier Ronald March et ses 3,8 passes. Cette situation prouve qu’un joueur, maître de son art, peut porter son équipe dans les hautes sphères de la ligue si ses partenaires suivent le pas.

Une équipe dominante mais dominée à la fois avec deux visages : celui de l’arme offensive la plus redoutable de la ligue doté d’un très bon jeu collectif et celui d’une faiblesse en défense malgré une implication collective.

Crédit photo : Ann-Dee-Lamour / P.Ledez/ESSM

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