Pau-Lacq-Orthez : la descente aux enfers

- 26 avril 2023

Auteurs d’une saison correcte sur l’édition 2021-2022, l’histoire a quelque peu changé pour Pau-Lacq-Orthez. En un an, l’Elan Béarnais est passé d’une équipe en pente ascendante à relégable. Alors que l’avenir s’annonçait prometteur, le nouvel itinéraire mène davantage vers l’enfer.

Pendant de longues années, Pau a été l’une des plus belles équipes du championnat de France. De 2019 à 2021, le club a connu des moments plus difficiles, avec pour objectif de se maintenir en Jeep Elite. La saison passée, les Palois sont revenus sur le devant de la scène, accrochant la 6e place pour 19 victoires et 15 défaites.
Si la logique aurait voulu que l’Elan Béarnais continue sur sa lancée cette saison, et bien… pas vraiment. 9 victoires et 19 défaites, c’est bel et bien le bilan de Pau cette saison. Actuellement classé en 17e position du championnat, ce sont les portes de la relégation qui pourraient s’ouvrir. Mais alors, que s’est-il passé ?

Eric Bartecheky

Une gestion qui tourne au vinaigre

Pour commencer, considérons qu’un joueur important de l’équipe première joue au moins dix minutes sur le terrain. Cet été, sept joueurs sont partis. Quatre d’entre eux figurent parmi les plus importants de l’équipe Paloise la saison dernière : deux meneurs, Justin Bibbins (11,9 points, 4,9 passes décisives) et Brandon Jefferson (18,2 points et 4,7 passes décisives), deux arrières Gregor Hrovat (12,6 points, 4,1 rebonds) et D.J Strawberry (10 points, 6,5 rebonds). Le club a tenté de les remplacer comme il se doit avec des joueurs comme Markeith Cummings (12,1 points, 3,1 rebonds), Garrett Sim (11,5 points, 3,3 passes décisives) ou encore Michael Stockton (10,8 points, 6,6 passes décisives), fils de la légende John Stockton.
Même si l’apport au scoring des recrues est légèrement plus faible, on peut estimer que cela reste suffisant. Cependant, ce n’est pas vraiment là que le problème est situé. Parfois, ce n’est pas l’aspect sportif le premier inconvénient.
Au niveau des budgets des clubs de Betclic Elite, celui de Pau a baissé de 32%. L’Elan Béarnais est passé de la troisième masse salariale du championnat à la 12e. Cette évolution négative est de loin la plus forte sur le passage entre les deux exercices.

Avec connaissance des dettes que rencontrait le club dirigé par le groupe américain CSG, le nouveau président Sébastien Ménard tente tant bien que mal d’arranger les problèmes financiers de son institution.
Cette saison, deux joueurs occupent une grande partie de la masse salariale béarnaise, Vitalis Chikoko et Giovan Oniangue. D’après les chiffres de Basket Europe, le premier gagne environ 270 000 euros, le second touche 110 000 euros.
« Chikoko et Oniangue, vont prendre un gros pourcentage de la masse salariale et cela complique la donne puisqu’il ne reste plus beaucoup d’argent pour compléter l’effectif. » indique Sébastien Ménard, dans une interview pour Sud Ouest.

Le financier impacte le sportif

Les dirigeants ont donc dû bricoler avec les moyens du bord pour recruter lors de la période estivale. Huit joueurs, dont sept cadres sur le départ, trois arrivent. Deux joueurs, Gerald Ayayi et Landing Sané ont vu leur temps de jeu augmenter fortement. Le premier est passé de 13,1 minutes de jeu à 20,5. Le second est passé de 11,6 minutes à 15.
Finalement, Pau n’a pas pu remplacer numériquement le quota de joueurs ayant quitté le club sur la même période.

Landing Sané

Deux joueurs, C.J Williams et Darel Poirier rejoignent le club plus tard au cours de la saison. Cependant, ces derniers n’ont joué que 9 et 6 matchs. Le premier est d’ailleurs un choix très risqué puisqu’il n’a joué que 14 matchs au total sur l’édition 2022/23. Certes, il s’agit d’un ancien de la maison, cependant, il a eu du mal à se faire une place dans le championnat israélien, ne disputant que 5 matchs. L’Américain arrivé en début février n’a disputé qu’une seule rencontre sur ce mois en Betclic Elite.
Il faut recruter, oui, mais, aussi être malin sur ses propres décisions.
En conséquence du manque de moyens financiers, le club n’a pas eu d’autres choix que de lancer sur la scène professionnelle ses deux meilleurs Espoirs : Fabio Milanese et Enzo Shahrvin. Le premier n’a joué que 5 matchs avec les Espoirs, et en compte déjà 13 en équipe première. Quant à son coéquipier, celui-ci a directement été lancé dans le grand bain. Il tourne à 4,8 points et 3,9 rebonds pour 11,6 minutes en 27 matchs.

Alors… ?

Les problèmes financiers du club ont poussé les dirigeants à prendre certaines décisions. Difficile de juger sur la qualité de celles-ci, puisqu’il n’y avait pas réellement d’autres solutions à portée de main. Même si certains choix comme le rapatriement de CJ Williams sont discutable.
Plongé dans un déficit de presque 2 millions d’euros, Pau n’est plus si loin que cela de devoir déposer le bilan.

C.J Williams

Le club ne compte aujourd’hui que deux joueurs sous contrat, soit les deux occupant la majeure partie de la masse salariale (Giovan Oniangue et Vitalis Chikoko).
Avec une telle dynamique, l’Elan Béarnais est sur la pente descendante, qui pourrait se traduire par une relégation en Pro B, ou en Nationale 1 si l’état du club ne progresse pas. Un autre problème se déclenche, quels arguments pour convaincre les joueurs de rester afin d’aider le club à remonter ?
Une situation qui ne fait qu’empirer. Le vainqueur de la Coupe de France 2022 est peut-être en train de mourir tout doucement.

Crédit photo : David Haynau / P.Ledez/ESSM

Commentaires fermés