181 vues 10 min 0 Commentaire

NBA Draft 2022 : « il faut partir à point. »

- 24 juin 2022

Le 23 juin sonne comme le jour de la draft NBA 2022. Trois Français ont été sélectionnés. Mais à quelle place et pourquoi ?

Hier soir, s’est tenue la Draft NBA 2022 au Barclays Center de Brooklyn. Quatre Français étaient inscrits : Ousmane DiegMoussa DiabatéIsmaël Kamagaté et Hugo Besson, qui ont respectivement été sélectionnés 11e, 43e, 46e et 58e. Excepté Ousmane Dieng, Hugo Besson, Moussa Diabaté et Ismaël Kamagaté se sont classés à des places inattendues au vu de l’engouement des fans français de basket. Finalement, ces places ne sont pas dénuées de sens et nous allons vous en expliquer les raisons. 

La Draft représente le Graal pour tous les jeunes prospects en France. Mais pour y accéder, une régularité dans les performances individuelles et collectives est indispensable. Sur les dernières saisons, certains Français ont obtenu de bons classements comme : Frank Ntilikina (8ᵉ), Killian Hayes (7ᵉ) ou encore Sekou Doumbouya (15e).
Ces places symbolisent, la qualité française à former de futurs cracks. Cependant, une bonne place ne signifie pas forcément réussite, du fait des exigences de la NBA.

Nos français et le reste du monde

Nous avons comparé les profils des joueurs mieux classés lors de cette Draft au même poste que nos français performant en Europe (Diabaté vient de NCAA). Nous observons que Ousmane Dieng est positionné deuxième Ailier dans cette Draft 2022. Devant lui, Benedict Mathurin. Il enregistre de meilleures performances (17,7 points de moyenne contre 8,9) et joue pour la meilleure université de la conférence Pac 12, Arizona. Il en a d’ailleurs été élu MVP. Pour Hugo Besson, positionné neuvième meneur, excepté Andrew Nembhard (31e), tous les autres sont plus jeunes, plus athlétiques et ont une connaissance plus importante du basket américain.

Ismaël Kamagaté lors de la Draft 2022.

Prenons l’exemple de Dalen Terry (18e). Il est plus grand (2,00m contre 1,94m), plus jeune, (19 ans contre 21 ans). Ses statistiques ne sont pas meilleures que celle du français (8pts, 4,8passes, 3,9rbs contre 13,9pts, 4passes, 2,3rbs), mais la différence essentielle se trouve dans le morphotype recherché par la NBA. Ce sont des caractéristiques physiques au dessus des standards européens. A titre d’exemple, le poste 3, Nicolas Batum (2m03) est aussi grand que certains pivots de Betclic Élite.
Le dernier français drafté cette année : Ismaël Kamagaté, connaît la même situation que Besson. Le pivot du Paris Basketball est classé sixième big man de cette Draft. Les pivots mieux classés sont tous plus jeunes et ont tous un temps de jeu plus important. Toutes ces comparaisons montrent la dure réalité de la NBA pour tous les jeunes prospects français. 

Cette enquête favorise à penser que pour réussir en NBA, il est préférable d’être drafté entre 19 et 20 ans, réaliser de bonnes performances, avoir joué au moins deux saisons pleines en professionnel et posséder un morphotype recherché par le championnat américain. Cette année, seul Ousmane Dieng dispose (2,08m au poste 3) de ce corps singulier lui permettant d’être au premier tour.

Faire carrière, mais à quel prix ?

Depuis 1997, la NBA a accueilli 44 Français provenant de clubs européens. Mais quel bilan en tirer ? Sur ces 44 joueurs, 37 ont été draftés par le célèbre championnat de basket américain. Nous n’avons pas pris en compte les Français ayant joué en NCAA. 
Nous considérons que sept saisons de suite en NBA signifie faire carrière dans la ligue. 25 ans, se sont écoulés, seize Français ont été draftés au premier tour et onze ont fait carrière. Seuls Livio Jean-Charles (blessure), Sekou Doumbouya (extrasportif), Guerschon Yabusele et Alexis Ajinca (manque de confiance des franchises) n’y sont pas parvenus en étant draftés au premier tour. Nous n’avons pas compté Killian Hayes puisqu’il débute sa carrière. 

Ensuite, treize Français ont été sélectionnés au second tour. Seul Theo Malédon, drafté en 2020, nous fait penser qu’il fera les sept saisons de suite en NBA. Par ailleurs, tous les autres ont échoué, mais pourquoi ? L’exemple de Juhann Begarin, drafté 45ᵉ en 2021 par les Celtics de Boston s’est présenté après seulement deux saisons en Pro B avec le Paris Basketball. Nando de Colo pour ne citer que lui connaît une carrière incroyable. Lorsqu’il se présente à la Draft NBA 2009 (53e), il sort de trois saisons pleines avec Cholet, cumulant 12 points de moyenne. La franchise des Spurs ne lui fait pas confiance, nous imaginons que son morphotype lui a porté préjudice. Elie Okobo lui aussi ne fera que deux saisons avec les Suns de Phoenix. La franchise de l’Arizona rompt son contrat en 2020 dû à un trop grand nombre de joueurs dans l’effectif.

Il est important de prendre en considération que tous les joueurs français draftés au premier tour ont réalisé deux à trois saisons pleines en Pro A et/ou en Europe. Cela nous laisse penser que ce chemin augmente les chances de réussite dans cette ligue. Tony Parker, le plus grand joueur français de l’histoire, a été drafté en 28e position en 2001. Il sortait d’une dernière saison avec le club du Paris Basket Racing à 26 matchs joués pour 30,8 minutes en moyenne et des stats hallucinantes de 14,8 points, 5,6 passes et 2,7 rebonds. Lorsqu’un joueur domine le championnat, il accroit ses chances de réussir en NBA. Ian Mahinmi, le célèbre pivot, drafté en 28e position en 2005. Il effectue onze saisons NBA de suite, ponctuées par un titre de champion en 2011 avec les Dallas Mavericks. Avant de connaître la NBA, le poste 5 avait réalisé trois saisons pleines au Havre et à Pau. Enfin, Johan Petro, drafté en 2005 à la 25ᵉ place, a connu une carrière très honorable avec huit saisons NBA de suite. Après deux années avec Pau, il joue un rôle clé en Pro A et en Eurocup où il enregistre 5,1 points de moyenne lors de cette compétition. Sa taille, 2,13m l’avantage lors de la Draft 2005.

Hugo Besson avec les New Zealand Breakers.

La Draft n’est pas une science exacte où celui qui possède la plus grosse ligne de stats est classé en première position. Cette sélection est plus complexe. La taille, l’âge et le corps conditionne, de façon considérable, le statut de chaque jeune joueur. Cependant, nous pouvons affirmer après 25 ans de Draft NBA, que jouer deux à trois saisons pleines garantit de figurer au premier tour. Cette sélection signifie également un « Guaranteed Contract » et 79% de chance d’effectuer sept saisons de suite.

Ces faits repositionnent de manière claire et réaliste notre façon de voir la Draft. Potentiel physique et athlétique, Travail et surtout Patience sont les clés, même si des exceptions existent.
Comme le dit l’adage : « Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. »

 

Crédit Photo : Paris Basketball/New Zealand Breakers/NBA

Commentaires fermés