Limoges CSP : Un genou à terre

- 6 juillet 2023

Depuis plusieurs semaines, la tournure des évènements s’annonce difficile pour Limoges. Sportivement, l’état du club n’était pas idéal et l’aspect financier rend les choses encore plus complexes. Petit point sur les difficultés d’un géant du championnat de France.

Alors que Pau ne fera plus partie de l’élite d’ici la saison prochaine, gare à ne pas retrouver Limoges dans la même situation d’ici deux ans. Car aujourd’hui, ce n’est un secret pour personne : le CSP se retrouve dans une situation délicate, dans laquelle il est difficile de voir la vie en rose. L’avenir, lui même demeure encore incertain. Inutile de rejeter la faute sur tel ou tel acteur, cependant, quelque chose semble avoir perturbé l’institution limougeaude. La source du problème ? Les finances.

Un trou financier

Si l’on en croit les chiffres budgétaires, au premier abord, on ne voit pas de réelles inquiétudes au niveau financier.
Sur les tableaux présentés par la LNB après actualisation du 15 septembre 2022, Limoges était le 5e budget de Betclic Elite avec plus de 6 millions d’euros. Quant à la masse salariale du club, elle s’élève à exactement 1 795 000 euros. Elle représente une part de 28% sur le budget, et fait du CSP la 9e masse salariale du championnat.
Au départ, il n’y a donc pas vraiment de quoi s’alarmer sur la tenue financière, et l’impact de celle-ci sur les résultats sportifs. Si l’on doit comparer ces chiffres à ceux de la JL Bourg-en-Bresse, ces derniers ont moins de budget, une plus grande masse salariale, et une plus grande part de celle-ci sur les fonds du club. Pourtant, sportivement, ce fut positif, avec une 5e place décrochée à l’issue de la saison.

Pour voir la faille de plus près, il faut se pencher sur le déficit. Comme rapporté par nos confrères de France 3 Régions, il y a trois semaines;  André Sardain, ancien président de l’association Limoges CSP, aurait participé à plusieurs réunions visant à trouver des solutions aux problèmes financiers du club. Le déficit serait situé entre 980 000 et 1 million d’euros. Une situation qui ne s’arrange pas puisque Limoges avait déjà perdu de l’argent à l’issue de la saison passée. Céline Forte, actionnaire du club et veuve de Frédéric Forte, ancien meneur et président emblématique du club, indique que ce trou est le fruit de 700 000 euros de charge non prévues dans le budget initial (France Bleu).

Interrogé par Le Populaire du Centre, Yves Martinez, (président du directoire au moment de l’itw), affirme : « Depuis que je suis en poste (2019), on a toujours eu du mal à boucler les saisons. On a repris le club avec un énorme trou et ensuite, il y a eu le Covid (…). L’an dernier, on a eu des mauvaises surprises. Certains partenaires ont réduit la voilure. Ils n’ont pas assumé leur contrat jusqu’au bout et on a été obligé de faire des avoirs mais ce ne sera pas le cas cette fois. (…) J’espère que ce qui a été annoncé se vérifiera. Nous serons dans l’incertitude jusqu’à la clôture des comptes. Mais j’ai bon espoir que ce sera le cas»
Le 8 juin, le CSP a présenté des comptes à la Direction Nationale du Contrôle de Gestion (DNCG). Bonne nouvelle pour le CSP, ils restent en Betclic Elite la saison prochaine. Avec l’élection de Didier Jamot à la présidence, le club compte repartir sur de bonnes bases.

Des tensions en interne

Dans un communiqué paru le 1er mai, Celine Forte pointe du doigt plusieurs problèmes. Elle admet que chaque personne associé au club est responsable de l’échec à leur échelle, et indique que des tensions sont apparus dans les vestiaires.

« Malgré des résultats en Betclic Elite non à la hauteur de l’objectif fixé en début de saison, l’équipe a tout de même réussi à décrocher sa place en TOP 16 de BCL et à vaincre les plus grosses écuries du championnat avant que de multiples blessures aient freiné le groupe dans son élan et qu’une scission, qui aujourd’hui saute aux yeux de tous, ait commencé à naître dans les vestiaires. »

Sur les lignes qui suivent, une légère balle semble viser Massimo Cancellieri, désormais ex-coach de Limoges.

« J’en profite également pour saluer le travail engagé sur le projet jeune et notre Centre de formation qui confirme sa montée en puissance, se hissant à la deuxième place du classement à l’heure actuelle et étant en lice pour remporter le Trophée du futur. Je regrette toutefois amèrement que nous n’ayons pas donné à nos espoirs une chance de fouler le parquet de la Betclic Elite alors qu’il a toujours été martelé qu’il s’agissait de l’un de nos axes prioritaires de développement. »

Saluant les résultats des Espoirs, ayant terminé la saison en deuxième position, elle dit regretter que certains d’entre eux n’aient pas bénéficié d’une plus grande visibilité avec le groupe professionnel. Parmi eux, on peut penser à Hugo Desseignet (3 minutes), Mohamed Sidibe (1,7 minute), Tyron Minfir (1,6 minute), Celian Enezer-Vanerot (0 minute), Cedrick Sam Mbaka (1,8 minute) et Yannick Nkombou (3,8 minutes). Les deux premiers étant les principaux leaders du groupe de Matthieu Donnard.
L’entraîneur italien s’est exprimé dans un entretien pour France Bleu, et n’en dit pas beaucoup sur les raisons de son départ pour Strasbourg. Néanmoins, il sous-entend qu’il n’a plus la sensation d’être à sa place depuis le mois de février. Le club n’a pas traîné pour trouver son successeur, puisqu’ils ont récemment annoncé l’arrivée d’Ilias Kantzouris.

Un été déterminant

La période estivale 2022-2023, sera très importante pour l’avenir du CSP. Seulement trois joueurs de l’effectif resteront dans le Limousin la saison prochaine (Nicolas Lang, Lucas Ugolin et Mathieu Wojciechowski).
En mauvaise posture, Celine Forte aura beaucoup a faire pour redorer le blason du CSP. Alors qu’André Sardain ne serait plus d’humeur à apporter son aide à l’actionnaire du club, les prochaines semaines devraient annoncer la couleur. Ce dernier aurait même déclaré, toujours d’après France Bleu : « Céline ne peut pas rester la seule propriétaire du club, parce que ça ne marchera jamais ! »

La saison a pris fin il y a bientôt un mois, et Limoges doit déjà prendre des précautions afin d’éviter le pire.

Crédit photo : P.Ledez/Tinstee/BCL

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