Coach des espoirs de Cholet Basket, vainqueur du Trophée du Futur, Régis Boissié nous dévoile les coulisses de l’académie Gautier. Retour sur la saison passée, l’histoire du club, les ambitions pour cette nouvelle saison, il nous dit tout.
Au-delà de l’aspect travail, quelle est la recette permettant à Cholet de garder cette étiquette de « grande académie française » ?
C’est peut-être bateau ce que je vais dire, mais c’est pourtant la vérité. Au départ, on arrive à attirer de bons joueurs.
Notre histoire, ce qui a été fait pour les jeunes lors de leur formation, ce que le club met en place depuis des années, la réussite collective et individuelle… Tous ces éléments ont fait de Cholet l’une des plus grandes figures de la formation française. Les joueurs se disent qu’il y a peut-être une place plus importante à se faire ici, en ayant un moyen d’être exposé.
On arrive donc à recruter un peu plus facilement de très bons joueurs. Lorsque l’on parvient à faire cela, c’est plus facile de gagner des matchs derrière.
Dans le cadre de la formation, le Cholet Basket est le parfait exemple du club qui révèle les joueurs et les propulse vers le haut niveau ?
Je pense qu’il y a un peu de cela oui. Tout cela s’entretient, nous sommes tout de même très attendus par les gens qui nous font confiance. Ils attendent un bon retour dans le travail, le développement, donc on doit répondre présent. Au départ, on est peut-être un peu plus attractifs que d’autres clubs même si la concurrence est rude. Il y a l’Asvel, Limoges, Le Mans et bien d’autres encore.
Il y a un énorme travail de fait dans la formation en France avec des gens dévoués, compétents, qui ont beaucoup de qualités. Cette concurrence rend aussi tout le monde meilleur.
” Une fois que l’on a gagné quelques matchs, le relâchement peut-être naturel. “
Dans un centre de formation, il y a le sport mais aussi l’éducation. Pour en arriver à ce niveau-là, à quoi ressemble le travail éducatif de Cholet Basket ?
Ce qui est très important aussi, c’est l’aspect humain. On accueille des garçons qui ont 15 ans, en pleine construction, et cet aspect est primordial. Au-delà du fait d’en faire des joueurs professionnels ou non, on doit également en faire des adolescents bien dans leur peau, en phase de devenir un adulte etc…
On ne se substitue pas aux parents non plus, mais nous avons également nos responsabilités. On se doit d’être leur relais. Quand ils viennent chez nous, parfois nous sommes plus souvent avec eux que leurs propres parents. L’idée n’est pas de dire que nous prenons leur place.
Il n’y a pas de recette miracle, on essaie d’être à l’écoute, bienveillant, d’avoir un maximum d’informations. Nous sommes en communication permanente avec les établissements scolaires, les professeurs, les référents. On essaie d’avoir un temps d’échange régulier avec les jeunes, on sait que les garçons peuvent ne pas toujours dire ce qu’ils ressentent parce que nous sommes leurs coachs. Xavier (Bertheleme), le directeur de l’académie, qui n’a aucun rôle sur le terrain, portera cette casquette d’accompagnateur, et de guide humain.
Beaucoup de joueurs de la saison précédente sont restés, Andy Sigiscar est arrivé en renfort; qui aura le rôle du leader d’équipe ?
Je ne sais pas vraiment. On a en tête quelques noms qui devraient prendre le relais de ceux qui nous ont quittés.
Je pense à Matéo Bordes, à Amaël L’Étang, Adrien Pereira et d’autres. Si ce sera le cas ? Je n’en sais rien. Autant j’en étais pratiquement sûr l’année dernière du joueur qui allait driver le groupe, et être le leader, cette année, c’est plus ouvert.
Tout se fera naturellement et au fil du temps. Lors de notre préparation, nous n’avons été quasiment jamais au complet, si ce n’est que pour un entraînement ou un match amical. Ce n’est pas grave, mais pour l’instant le groupe est un peu bancal.
Il n’y a pas de hiérarchie ou de rôle spécifique pour chacun, mais ça va venir au fur et à mesure.
La saison passée, Lucas Dufeal nous a confié que le Cholet Basket était « son pire ennemi ». Il faisait référence à un match contre Limoges dans lequel Cholet « regardait son adversaire jouer ». Ce statut de favori au Trophée du Futur chaque année n’est-elle pas dangereuse au risque de se relâcher lors de la saison ?
Je me souviens du match auquel Lucas fait référence. Nous avons été dominés par une équipe de Limoges à la Meilleraie, qui était largement supérieure à la nôtre.
Oui, nous sommes passés à côté de ce match, mais il faut saluer la performance des Limougeauds.
Dans l’année, sur un ou deux matchs pour X ou Y raison, si nous sommes passés à côté ou que nous étions moins concentrés, je dirais que c’est un peu le lot de toutes les équipes en réalité.
Je pense que la saison dernière, le groupe a fait preuve d’une certaine consistance, constance, régularité dans l’effort, et le basket proposé.
Les garçons qui sont restés ont eu la chance de connaître ce qu’on a vécu. Ils veulent y goûter à nouveau. Ils savent ce qu’il faut faire pour avoir la chance d’y remédier.
Nous n’avons pas de pression particulière. Sans savoir comment ce nouveau groupe va réagir, ceux que j’ai eu dernièrement n’étaient pas dans un mauvais état d’esprit.
Ils ne se disaient pas « nous sommes le Cholet Basket, on est supérieur donc on va gagner ». Cela n’a jamais été notre état d’esprit, il ne faut pas non plus que ce soit le cas. Ce n’est pas ainsi que nous irons loin. Nous sommes à la fois confiants, et respectueux des adversaires.
Ce qui anime les garçons, ce sont les victoires et les titres, et ils veulent le revivre.
C’est le discours que vous donnez à vos joueurs avant l’entame de saison ?
Sincèrement, je ne parle jamais d’objectif collectif avant l’entame de la saison.
Je leur dis que je suis ici pour les accompagner. Les objectifs individuels et collectifs qu’ils ont, c’est à eux de les porter. Je ne dois pas donner l’ambition, c’est plutôt aux joueurs de le faire.
Pour reproduire ce qui a été accompli, il faut le montrer, mais pas qu’en août ou septembre, et c’est cela qui est dur.
Une fois que l’on a gagné quelques matchs, le relâchement peut-être naturel.
Le travail d’entraîneur semble-t-il plus facile lorsque l’on accompagne les Espoirs de l’académie Gautier ?
Je suis en place depuis pas mal de temps en tant que responsable technique de l’académie de Cholet Basket. Si c’est le cas, c’est aussi car j’ai de très bonnes conditions de travail.
Le club donne une grande importance à sa politique tournée vers les jeunes. C’est capital pour tout le monde que le centre de formation performe. L’environnement général fait que nous avons une motivation plus forte qu’ailleurs.
Crédit photo : Melvyn Augas