Fraîchement couronné en tant que meilleur coach du championnat Espoirs Pro B, Nicolas Guérin a mené son groupe vers le titre de champion de France Espoirs Pro B. Il revient sur la fin de match intense en finale contre Fos et sur l’état d’esprit de son équipe.
Vous allez au Trophée du Futur à Nancy la semaine prochaine. Vous jouerez face à Monaco. Après la victoire en finale, quels étaient les mots de l’équipe en pensant au prochain adversaire ?
On en a pas encore parlé. Le parcours en Espoirs Pro B est chargé en émotions. Il faut gagner quatre matchs couperets pour aller au bout, ce qui est extrêmement compliqué.
Je pense qu’il n’y a pas de bon ou mauvais tirage. Nous avons déjà cette étiquette du challenger venant de la division du dessous.
En plus, cette année, ils ont changé le bracket, nous sommes dans celui « du bas ». Ce qui signifie que nous affronterons une équipe du top 4 dans tous les cas. On savait que ce serait difficile.
On va se préparer comme on s’est préparé toute la saison. Nous sommes super heureux puisque ça prolonge notre saison qui est absolument magnifique.
Vous le voyez comme une seconde victoire d’affronter une grosse équipe du championnat Espoirs Elite ?
Complètement, lorsque nous sommes dans une dynamique de victoire telle que la nôtre, cela génère énormément de choses positives.
Pour l’occasion, on peut être vraiment bousculés et c’est ainsi que l’on verra notre vrai niveau.
Évidemment, nous n’y allons pas pour faire de la figuration. On y va avec beaucoup d’humilité, et puis on est heureux de pouvoir prolonger notre saison tous ensemble pour 15 jours de plus.
Exactement comme à l’exercice précédent, l’équipe a eu le meilleur bilan du championnat avec un bilan de 22 victoires et 4 défaites sur les deux premières phases. Pour vous, c’est facile de coacher cette équipe ?
Oui, ce qui est vraiment bien, c’est que nous avons construit un groupe autour de quatre joueurs présents la saison dernière.
Ce groupe a été très facile à coacher. Il y avait tout ce qu’il fallait pour que ça fonctionne. Un bon mélange de QI basket, de la densité physique. Les garçons avaient envie de défendre tous ensemble. Ils se sont appropriés un projet de jeu défensif. Ils ont été très à l’écoute et ont très bien travaillé tout au long de la saison.
Si vous deviez retenir les principales forces de ce groupe, lesquelles seraient-elles ?
Je n’ai pas la prétention de dire que nous avons pratiqué un basket de rêve.
On a eu une assise et une solidité défensive tout au long de la saison.
Nous sommes la meilleure défense du championnat. Nous avons construit un projet collectif et commun tous ensemble autour de cela.
L’ingrédient principal, c’est que l’on a produit, grâce à notre défense solide et cohérente, un basket qui a fonctionné toute la saison.
“S’il faut échanger le titre de meilleur coach contre celui de champion de France, je le fais tous les jours.”
Pendant le match, vous meniez largement. À 4 minutes de la fin, vous êtes à +19 points puis Fos revient à -4 en enchaînant 5 tirs à 3 points de suite. Vous pensiez à quoi à ce moment précis ? Vous vous dites quoi ?
Pour l’anecdote, je pense que je n’ai jamais un temps-mort aussi rapidement quand j’ai vu le troisième tir (rires).
C’est un moment où tu peux te permettre d’avoir le doute qui s’installe. De base, je suis quelqu’un de très démonstratif et énergique, j’ai pris le parti de rester calme pour une fois.
On avait la balle, ils avaient 5 fautes d’équipes, donc je m’attendais à ce que d’autres fautes tombent. L’idée était de rafraîchir les têtes de tout le monde, puis de se préparer à tirer des lancers-francs.
C’est un match qui s’est joué au mental. Le basket est magnifique. On tombe sur un adversaire féroce qui n’a pas baissé les bras alors qu’ils étaient à -15 pendant tout le match.
Ils ont fait chavirer le bateau. Nous sommes resté très calme, en sachant qu’il y aurait des coups de sifflets puisqu’ils avaient 5 fautes d’équipe, alors il fallait se préparer à gagner notre titre sur la ligne.
Il n’y a pas eu un petit excès de confiance à un moment ?
Non, je ne pense pas. On était disciplinés défensivement, il y a des joueurs que l’on attend pas. On prend deux tirs de Djibril Diawara, il en sort un à 9 mètres avec la planche.
Nous sommes tombé sur une très bonne équipe, qui n’a pas été à son niveau sur une grande partie de la rencontre. Ils ont réussi avec du talent, et quelques exploits individuels à venir recoller.
C’est toute la magie du basket. S’il y avait eu un excès de confiance, j’aurais fait jouer les cadets. On a fait comme eux, nous avons resserré autours des 6-7 joueurs cadre.
Vous avez été récompensé comme le meilleur coach de la saison par la ligue. Cette récompense est aussi importante que le titre de champion de France Espoirs Pro B pour vous ?
La reconnaissance de mes pairs me touche. Cela fait très plaisir d’avoir une récompense individuelle dans un sport collectif.
Lorsque l’on est coach formateur, on travaille biens souvent dans l’ombre. Ce qui est magnifique, c’est d’avoir réussi à faire les deux (titre individuel + collectif). Il y a aussi Anthony Martinez dans le 5 majeur de la saison.
S’il faut échanger le titre de meilleur coach contre celui de champion de France, je le fais tous les jours sans problème.
Peut-on dire que c’est grâce à cette équipe que vous avez reçu cette récompense ?
C’est carrément grâce à cette équipe. Si vous voulez tout savoir, après le match, je les ai remercié d’avoir fait de moi un champion de France.
Un entraîneur n’est pas grand chose sans ses joueurs.
Nous avons une vraie dynamique de groupe. Il y a des jours dont je suis proche puisque cela fait deux ans que je suis sur leur dos.
Cette saison était l’aboutissement de plusieurs émotions. C’était un soulagement aussi car quand tu mènes la danse toute l’année, tu peux retrouver le bec dans l’eau à force de ne pas gagner. Je le répète, c’est très très dur d’aller au bout. Saint-Chamond est sorti, Châlons-Reims aussi.. C’est le seul championnat qui fonctionne ainsi. Il n’y en a aucun dans lequel il faut gagner 4 finales pour aller au bout.
Il y a une vraie proximité et affinité avec les joueurs.
Vous arrivez en fin de contrat avec l’OLB, pour la suite, quels sont vos projets ? Entraîner une équipe Espoirs Elite ? Être assistant dans une équipe de Pro B ou de Betclic Elite ou autre ?
Il y a plusieurs pistes en étude. La volonté est aussi de voir ce que le projet Orléanais allait donner, avec l’arrivée de la nouvelle salle, les ambitions du club, puis le budget assez conséquent pour la Pro B.
J’attend de voir si le club va monter, aura toujours l’envie de structurer sa formation… On avait un projet d’hébergement, il y a certaines choses en place.
On va se pencher sur la question. Très sincèrement, aujourd’hui, je n’en sais rien.
Aujourd’hui, j’ai une vraie affinité pour la formation. Tant que je n’ai pas été adjoint ou entraîneur principal, je ne sais pas si ces voies me conviennent. Peut-être devrais-je m’y lancer à un moment donné.
Il y a plusieurs pistes à l’étude, nous verrons assez rapidement ce que cela va donner.
La volonté du club est de continuer à travailler ensemble. Je suis plutôt favorable, mais j’attend de voir ce qu’il va se passer.
Il y a pas mal de zones d’ombre encore autour du club. On ne sait pas encore ce que va faire Germain Castano, qui sera le nouvel entraîneur si ce n’est pas lui ? Il y a pas mal d’incertitudes qui règnent autour du club, ce qui fait que les décisions peuvent traîner jusqu’à début juin à la fin des Playoffs.
C’est un ensemble de choses, c’est un travail collégial. J’attend de voir ce que cela va donner.
Crédit photo : Orléans Loiret Basket