À la fin de la saison, Nicolas De Jong prendra sa retraite en tant que joueur. L’histoire continue tout de même avec Boulazac, puisqu’il occupera le poste d’assistant coach en charge du développement des jeunes intérieurs.
Était-ce important pour toi de rester près du basket après la retraite ?
Cela a toujours été une idée que j’avais en tête. J’ai toujours aimé le basket de manière générale, pas seulement le jouer mais aussi le regarder.
Au fil de ma carrière, j’ai de plus en plus apprécié le simple fait de transmettre ce que j’ai vu et appris. L’idée a fait son chemin, cela me paraissait naturel de continuer dedans, et de ne pas lâcher ce milieu qui m’a tant donné et pour lequel j’ai donné.
D’après Alexandre Ménard, la relation que tu entretiens avec les jeunes joueurs est paternelle. Que comptes-tu apporter auprès du centre de formation ?
Lorsque l’on commence à jouer au basket, on est souvent le plus jeune de l’effectif. Je me suis rendu compte en grandissant que les générations sont passées. Désormais, le fait que je sois né en fin des années 80 a fait de moi le grand frère ou le plus âgé du groupe.
Ce que je pense pouvoir leur apprendre, c’est le professionnalisme, la façon d’aborder ce métier. Lorsqu’on est jeune, que l’on sort du centre de formation, on a souvent l’impression de jouer à un jeu. Quand ce jeu devient notre gagne-pain, d’autres repères se mettent en place en plus des exigences qu’il faut avoir.
Il y a le côté technique et tactique, de ce que j’ai pu voir et faire qui va rentrer en ligne de compte.
Toute la partie théorique que je suis en train de développer de par ma formation au DES. (DESJEPS : = Diplôme d’État Supérieur de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport).
Que souhaiterais-tu que les gens retiennent pour considérer que ta mission est un succès avec le temps ?
Le principal objectif que j’ai chaque année, est de permettre aux joueurs que j’aurai à charge, qu’ils apprennent quelque chose en partant.
Que ce soit en ayant progressé sur un ou deux points techniques, sur un aspect mental ou autre.
J’aimerais que chaque joueur que je croise se dise « je suis arrivé dans ce club à Boulazac, et je suis parti avec quelque chose dans la poche. »
C’est le plus important, l’objectif que je me suis fixé sur les joueurs que je vais entraîner avec le groupe professionnel ou Espoirs.
Ce rôle consiste-t-il à devenir un enseignant pour ces joueurs ?
Il y a un côté enseignant, mais aussi le fait de construire la chose à deux.
L’approche que j’aurais avec ces joueurs, c’est d’avoir une construction qui ait du sens pour eux, c’est-à-dire de définir ensemble nos objectifs.
Quand ils arrivent, il faut que l’on puisse définir les aspects mentaux et techniques. Ce sur quoi ils veulent progresser, et on mettra l’accès sur cela.
Je n’ai pas envie d’avoir cette attitude de « je sais tout et eux ne savent pas », puisque l’on peut toujours s’enrichir de quelqu’un.
Au-delà de cela, je veux que la motivation viennent d’abord d’eux. S’il s’agit seulement de donner et de recevoir sur un point que l’on pas envie d’améliorer, cela ne marchera pas. C’est vraiment un point que je veux construire avec le joueur, et c’est dans cette optique précise que je vais aborder la saison prochaine.
” Il ne faut pas rester dans des cases. “
Ce rôle consiste également à faire de ces joueurs de meilleures personnes ?
Devenir de meilleures personnes, c’est peut-être un peu large et ambitieux. Ce que je veux, c’est inculquer une éthique de travail aux joueurs.
La performance est constituée de plusieurs petites choses, qu’on nous apprend pas forcément toujours en centre de formation, et qu’on acquit sur le tas.
Cette éthique de travail, le sérieux, la préparation, j’ai aussi des choses à apprendre dessus. De par mon approche, j’ai vraiment essayé de maximiser de mon côté afin d’être le plus performant possible.
J’espère aussi les faire grandir, on a tous besoin de grandir à un moment. Les jeunes d’aujourd’hui sont confrontés à la pression, aux réseaux sociaux, à l’impératif de toujours devoir produire tout de suite.
La construction ne se fait pas que sur le terrain. C’est aussi à l’extérieur.
En tant que futur assistant coach en charge du développement des jeunes intérieurs, quel regard portes-tu sur cette ère où ces joueurs dominent de plus en plus ?
Je pense que j’ai eu un jeu assez atypique pour quelqu’un de ma taille (2m10). J’espère pouvoir faire le point entre ce que l’on demande aux joueurs. C’est-à-dire une présence intérieure et physique. Le championnat Français est très physique. Il y a des requis athlétiques obligatoires.
Aujourd’hui, il y a un célèbre intérieur en finale NBA qui s’appelle Nikola Jokic qui est un basketteur complet, tout comme Joel Embiid. Ils sont capable de dominer à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur. Ils ont le sens de la passe, la vision du jeu.
Un autre exemple comme Victor Wembanyama, qui a le profil pour tout faire. Il ne faut pas rester dans des cases, et développer tout ce que l’on peut développer, avec les particularités de chacun.
Avec les joueurs intérieurs que j’aurais à charge, je n’aurais pas de limites pour eux.
Il faut savoir définir des points forts, personne ne peut se targuer d’avoir le potentiel ou le talent d’un Jokic ou Embiid. La pire chose à faire aujourd’hui, surtout pour un jeune, est de le ranger dans une case, et le forcer à y rester.
Il faut être pragmatique, tout en laissant une marge de progression. Le but est de l’incorporer dans un projet qui est le sien, et qui se l’approprie.
Il ne faut pas qu’il soit dans une position où on lui dit « tu vas faire ce que je te dis ». Ce sera plutôt un discours du type « on va faire quelque chose ensemble ».
Si on veut faire progresser un joueur à 3 points mais qu’il n’en a pas envie, il ne progressera jamais. Tout autant que tu ne peux pas lui apprendre des mouvements qu’il ne veut pas s’approprier. Il faut trouver un terrain d’entente. Il lui faut un axe commun, et lui donner les billes pour qu’il puisse passer cette étape.
Boulazac qui remporterait les Playoffs d’accession à la Betclic Elite. Ce serait synonyme de sortie par la grande porte ?
Ce serait génial. D’un point de vue personnel, ce serait comme si la boucle était bouclée.
J’ai passé 12 années en première division. Permettre à Boulazac d’y revenir, ce serait génial. Ma première pensée sera pour le club. C’est un club structuré qui mérite d’y accéder, donc je serais content pour eux. Ce sera génial pour moi de les accompagner dans ce projet d’assistant coach.
Ce serait un gros plus, mais il y a encore du chemin. Chalon-sur-Saône est un gros obstacle et objectivement le favori. Nous verrons bien à la fin, mais cela aura beaucoup de saveur.
Crédit photo : Boulazac Basket Dordogne