ITW Mickael Pivaud (Monaco) : « C’est très confortable de travailler à Monaco »

- 24 décembre 2024

Ayant grandi avec un sifflet et une tablette de jeu dès son adolescence, Mickael Pivaud a passé sa vie à entraîner des équipes de basket, de différents niveaux. Entraîneur de l’équipe Espoirs de la Roca Team depuis 2022, le Nazairien nous raconte les coulisses du centre de formation monégasque et tous les privilèges que cela implique.
Un homme passionné qui vit son métier comme une chance quotidienne.

Ces dernières années, le centre de formation monégasque a accueilli plus de jeunes étrangers que les autres centres. Est-ce une politique liée au club ou une volonté de votre part ?

Un mélange des deux, nous sommes partis d’un constat, il y a un contexte particulier à Monaco par le fait de ne pas être situé en France. L’équipe professionnelle a demandé au nouveau président de remonter le curseur au niveau du centre de formation.
Au moment de faire appel à mes services, et après avoir fait un état des lieux de ce que pouvaient proposer les agents concernant les gamins sur le marché, il était difficile de récupérer des jeunes Français de premier choix à qui on ne pouvait pas proposer de plage d’expression avec l’équipe première. Il était plus facile pour nous de récupérer un joueur étranger en mal d’exposition comme Mohammad Amini.

Mohammad Amini (à gauche) et Mickael Pivaud (à droite)

On lui a dit qu’il serait le fer de lance de cette équipe, et que nous allons reconstruire autour de lui. Nous sommes partis sur une autre dynamique, les autres étrangers seraient de bons exemples, et les pros comprennent que des jeunes peuvent apporter.
C’est aussi ma proposition que de jeunes étrangers deviennent JFL à court ou moyen-terme. Dans cette mixité, il y a toujours des choses intéressantes à faire. On ne refuse pas les joueurs français non plus, le problème est que les CV proposés par les agents ne sont pas à la hauteur du niveau Espoirs.
Quand je vois un joueur qui me plaît, on me dit qu’il va à l’Asvel, Cholet ou ailleurs, parce qu’ils auront plus d’opportunités avec les pros.
Il faut gagner en crédibilité dessus. Avec le niveau du centre, on a montré que l’on pouvait avoir une équipe compétitive en Espoirs. Pour la première fois, les U18 sont en poule haute. Il y a encore beaucoup de travail, mais on veut récupérer des jeunes français de premier plan, c’est l’objectif.

“Il y a des matchs qu’on ne devait pas perdre.”

En tant que coach formateur, est-ce plus simple de travailler dans un cadre comme celui de Monaco ? Un cadre idyllique, un centre installé depuis presque 10 ans dans le championnat, une pression moins forte…

Je ne sais pas, c’est sur qu’au niveau de la pression, ce sera plus facile qu’à Cholet par exemple.
C’est très confortable de travailler à Monaco. On y travaille avec des gens passionnés, raisonnables et très bien élevés. Il y a ce côté gentleman sur le rocher. Tout le monde respecte tout le monde, chacun reste à sa place.
Les pros ne sont jamais ou pas souvent là. Entre les déplacements ou les matchs d’EuroLeague, on n’a jamais ce problème de devoir s’entraîner dans de petits gymnases. On est tout le temps à Gaston-Médecin, et on s’entraîne 8-9 fois par semaine. Ce qui n’est pas le cas de toutes les équipes Espoirs.
On est privilégiés, on a Donatas Motiejunas qui est le parrain de l’équipe. C’est une plus-value, encore récemment, il a offert un bouquin à tous les gamins, chacun dans sa langue. Les dirigeants prennent soin des pros, les pros prennent soin des jeunes.

C’est un vrai club familial finalement.

Honnêtement, oui. Ce que je trouve bien c’est qu’ils ne communiquent pas trop dessus.
C’est vrai que l’on voit des choses, par exemple, il n’y a pas longtemps, nous avons été invités avec nos épouses dans un très beau restaurant monégasque, avec des bénévoles, des joueurs pros et une très belle table. Personne ne demandait quoi que ce soit, cela paraissait logique.

La saison dernière, vous allez jusqu’en finale du Trophée du Futur. Vous espérez pouvoir réitérer cette année malgré le départ d’un cadre comme Mohammad Amini ?

On espérait réitérer oui, et non, plutôt l’année prochaine. Nous avons 7 nouveaux joueurs qui seront encore en âge Espoirs l’année prochaine. Dans un coin de notre tête, on s’est dit qu’on aimerait faire la plus belle saison possible en étant dans les 7 premiers. Ainsi, on ferait un copié-collé la saison prochaine de ce que l’on a fait la saison dernière.
Le problème étant que ce début de saison n’est pas à la hauteur de nos espérances. Parfois, nous sommes passés à côté. Faire partie des 7 premiers est un objectif, mais faire aussi bien que la saison dernière aurait été trop optimiste.
On savait qu’il fallait par la case entraînement et programmation. On a des joueurs qui n’ont que deux ans de basket dans les jambes.

En interne , il y a des matchs qu’on ne devait pas perdre. Contre l’Asvel, on est devant tout le match, on perd d’un point. Face à Paris, on perd de 4 points, on se réveille au dernier quart.
Tu peux avoir des regrets, cela arrive, mais quand ça fait 2 matchs, puis 3, puis 4… C’est beaucoup. On a laissé passer trop de matchs.
On est aussi sur une poule de 16 au lieu de 18 donc le bilan de l’intersaison que l’on a fait avec les gars est de devoir absolument faire mieux en deuxième phase.
On tape Le Mans, et on perd face à Bourg-en-Bresse dans un match où ils ont 30 lancers, et 8 pour nous. (28 lancers pour la JL et 11 pour la Roca Team). Il y a moyen de faire quelque chose.

Après toutes ces années à entraîner et former, est-ce définitivement votre « activité de rêve » ou aimeriez-vous avoir une expérience avec une équipe professionnelle ?

J’ai une grande passion pour l’entraînement, le coaching et le management. Demain, on me propose d’aller coacher en pro, je cours. J’ai été assistant à Châlons-Reims, j’ai coaché des seniors en NM2 à Marseille.
Dès que j’ai une occasion avec un projet intéressant, je fonce. Cela avait failli se faire avant que je signe à Monaco, finalement cela ne s’est pas fait.
Je pourrais faire un virage à 90 demain si on me propose un poste intéressant avec les relations humaines, et dans un autre domaine. C’est le rapport à l’humain qui me botte. J’aime accompagner des individus d’un point A à un point B me fascine. Plus on avance dans le métier, plus il est excitant.

“J’ai arrêté le travail dans l’entreprise familiale pour entraîner.”

Vous avez aussi l’opportunité de devenir un acteur majeur dans la vie des joueurs en les aidant à grandir.

Exactement, on en parlait d’ailleurs avec mon directeur en revenant de Limoges à l’aéroport. Je suis tombé sur le fils de Crawford Palmer, Noah, que j’avais en U15 France. On s’était perdus de vue, et maintenant, il est à La Sorbonne pour des études d’ingénieur. La semaine dernière, on était à Paris, j’ai appris qu’un ancien Espoir que j’avais était devenu chef cuisinier dans un restaurant étoilé.
Ils se sont servis de ce qu’on leur a donné et s’en ont servi en partant sur un autre domaine. Il se passe plein de choses, c’est passionnant. Il y en a qui comptent le temps avant la retraite, moi je ne le fais pas. C’est une passion tous les matins de se lever pour aller au boulot.
Je suis en vacances en ce moment, mais s’il fallait enchaîner et ne pas couper, cela ne m’aurait pas gêné du tout. Je ne me sens pas fatigué.

Dans une interview pour Ouest France, vous dites que le basket était un choix par défaut, et que vous préfériez la boxe. Comment êtes-vous tombé dans le basket ?

J’ai été bercé par la boxe car mon papa était dedans quand j’étais petit. J’ai un peu suivi cela. Il m’a demandé d’attendre que j’ai 12 ans pour mettre les gants et il fallait bien faire un sport collectif en attendant. Tous les tontons ont essayé de me ramener à leur sport préféré, et c’est tombé sur le basket.
Je pense que cela arrangeait mes parents à l’époque car il ne faisait pas très beau en Loire-Atlantique, donc ils étaient contents que je fasse du sport dans un gymnase.
J’ai vite accroché, et j’ai tellement accroché que j’ai vite coaché. À 14 ans, j’avais le sifflet, je l’ai su très rapidement que je voulais le faire.

À l’époque, il y avait les premiers diplômes du Conseil général de Loire-Atlantique, j’ai commencé comme ça et je n’ai jamais arrêté.
J’ai commencé dans un club à Saint-Nazaire où j’entraînais plusieurs petites équipes. Par la suite, j’ai été repéré pour un emploi-jeune à temps plein aux Frechets, un club de basket féminin quand j’avais 17-18 ans.
J’ai arrêté le travail dans l’entreprise familiale pour faire cela. Aujourd’hui, j’ai passé quasiment tous mes diplômes, que ce soit BAFA, surveillant de baignade, puis j’ai enchaîné sur les garçons, deux ans plus tard. Je continue de jouer en N3 en même temps. J’étais toujours à la salle ou avec des gamins des quartiers en difficulté. J’ai eu un peu de tout.
Je ne coupe jamais, j’ai monté une entreprise en aidant les clubs à se structurer. Je prends l’avion demain matin pour rejoindre ma femme à Nantes (interview enregistrée le dimanche 22 décembre) mais juste avant, j’ai rendez-vous avec le comité de Loire-Atlantique pour parler de la formation. Je suis extrêmement passionné.

Crédit photo : JL Bourg / Roca Team

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