La Coupe du Monde de Basket 3*3 qui a lieu à Anvers en Belgique commence ce mardi. L’équipe de France féminine et masculine se trouve dans une position d’outsider et va essayer de tout faire pour honorer le maillot bleu.
Nous nous sommes entretenus avec deux figures emblématiques du Basket français en lice pour cette Coupe du Monde : Marie Eve Paget et Antoine Eito.
La meneuse du Basket Landes sort d’une saison pleine avec son club, cumulant 8.3 points, 2.1 rebonds et 3.3 passes cette année. Elle entend bien poursuivre sur cette dynamique lors de cette Coupe du Monde de 3*3. Concernant Antoine Eito, joueur incontournable du Basket français, il vient d’achever une saison compliquée avec son club de Chalon-sur-Saône. Le meneur a compilé 11.4 points, 5.8 passes et 3.7 rebonds cette saison. Il aura à cœur de tout donner dans cette Coupe du Monde pour rattraper sa saison difficile sur le plan collectif.
À noter que, l’équipe de France de Basket 3*3 féminine avait fini 4e des Jeux Olympiques de Tokyo en 2021, pour la première apparition de la discipline. La sélection masculine, elle, ne s’était pas qualifiée pour le rendez-vous japonais.
“Aujourd’hui, la France ne fait plus partie des favorites”
Quel est votre sentiment à l’idée de disputer cette Coupe du Monde ? Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris votre sélection ?
Marie Eve Paget : je suis contente et ravie, c’est toujours un honneur pour moi de porter ce maillot. À l’approche de cet évènement, je me sens bien, nous allons continuer à s’entraîner et à se construire pour être prête mercredi face au Brésil. Tout est positif et nous avons à cœur de tout faire pour réaliser une bonne coupe de monde.
Antoine Eito : c’est toujours un bonheur de porter le maillot français et de représenter son pays pour jouer une Coupe du Monde. C’est la 3e compétition internationale que je dispute en un an donc c’est un honneur et une fierté. Je suis très content et hâte que cela commence.
Quelle est votre ambition personnelle pour cette Coupe du Monde ? Avez-vous une forme de pression ?
Marie Eve Paget : non, je n’ai pas de pression, parce qu’aujourd’hui, la France ne fait plus partie des favorites. La pression n’est pas sur nos épaules. Nous ne sommes pas les championnes d’Europe ou Olympiques en titre. L’équipe de France entre dans un nouveau cycle et il nous faut du temps pour construire un projet avec des objectifs ambitieux. Mais nous sommes conscientes qu’il faut tout donner pour ne rien regretter. L’ambition est au minimum de sortir des poules et pour le reste nous verrons.
Antoine Eito : je n’ai pas d’ambition personnelle, je me base plutôt sur une réussite collective. C’est une compétition où la France n’est pas attendue, donc il faut réussir à figurer le plus haut possible. Nous sommes outsider et nous avons à cœur de montrer que la discipline 3*3 se développe fortement dans notre pays. Je n’ai aucun stress, uniquement de l’envie. Le Basket 3*3 est une discipline à part avec une structure différente. En France, nous n’avons pas encore d’équipe professionnelle même si c’est en cours. Certains pays comme la Belgique, les Pays-Bas et la Lettonie jouent le championnat qu’on appelle World tour. L’objectif est de mettre à l’honneur le pays et le maillot.
Est-ce que c’est difficile de s’adapter au Basket à 3 lorsque l’on vient du Basket à 5 ?
Marie Eve Paget : il y a toujours un temps d’adaptation lorsque nous pratiquons cette discipline, mais généralement, les automatismes reviennent vite. Physiquement, le rythme n’est pas le même. Nous ne sommes plus habituées à ce type d’effort et les fondamentaux que nous utilisons en 5*5 ne sont pas identiques, comme le backdoor ou les différentes ouvertures sur les pick and roll par exemple. Les transitions offensives et défensives sont différentes, il faut se réhabituer à la dureté du jeu et être plus agressive. Tous ces points sont importants pour retrouver les automatismes lorsque l’on vient du Basket 5*5. Cela prend généralement quelques jours.
Antoine Eito : non, certes, il y a toujours un petit temps d’adaptation. Nous avons fait un stage à Belgrade qui m’a permis de faire 3 matchs et retoucher un peu le ballon. Il faut se mettre en mode 3*3. Après cela reste du Basket, mais ce n’est pas la même chose. C’est plus rapide, il y a plus de 1 contre 1. Le cardio et l’intensité sont différents. Cela est plus facile dans le Basket à 5 lorsque nous venons du 3*3.
“On ne parle pas assez du Basket féminin et du 3*3. Mais de plus en plus de gens s’y intéressent”
Auriez-vous envie d’arrêter le Basket à 5 pour aller en 3*3 définitivement ?
Marie Eve Paget : je n’y ai pas du tout réfléchi pour tout vous dire. Actuellement, j’apprécie, pratiquer les deux disciplines, aujourd’hui tant que je ne suis pas obligée de choisir je resterais dans cette configuration.
Antoine Eito : quand nous vivons de tels événements, c’est évident que je me pose la question. C’est le rêve de tout sportif de jouer des compétitions internationales. Cela étant, j’ai aussi un projet intéressant avec mon club de 5*5 Chalon-sur-Saône, même si la saison a été compliquée. Ce sont deux disciplines que j’adore, cela me permet aussi de m’améliorer en 3*3 comme en 5*5. Pour l’instant, plusieurs raisons font que je reste dans le Basket à 5, mais dès que l’équipe de France de 3*3 fait appel à moi, je viens en courant.
Est-ce que pour vous populariser le Basket 3×3 est important ?
Marie Eve Paget : on ne parle pas assez du Basket féminin et du 3*3. Mais de plus en plus de gens s’y intéressent. La visibilité que nous avons eue avec notre 4e place aux Jeux Olympiques nous a beaucoup aidé dans ce sens. Il faut aussi que les gens sachent que le 3*3 est universitaire et peut amener à une belle carrière dans le 3*3 évidemment, mais aussi intégrer de très bonnes équipes de 5*5. C’est une discipline moins protocolaire et d’avenir, prônant de belles valeurs et je pense qu’il faut davantage en parler.
Antoine Eito : bien sûr, cela est super important d’en parler. Je pense que la Fédération Française réalise de bonnes choses pour cette discipline. La France fera partie de l’élite mondial sous peu. Il y a l’objectif des Jeux Olympiques de 2024. Mais, il est évident que le Basket à 3, fait moins de bruit que le Basket à 5. Je pense toutefois que cela va évoluer dans le bon sens.
D’un point de vue personnel qu’avez-vous pensé de votre saison ? Allez-vous rester dans votre club de Basket ?
Marie Eve Paget : je suis encore sous contrat pendant les deux prochaines saisons avec Basket Landes donc je serais de la partie. Concernant ma saison, je suis satisfaite, il y a eu des hauts et des bas, mais je pense avoir réalisé de belles prestations. Sur le plan collectif, c’est également très encourageant, nous avons gagné la Coupe de France et avons été le plus loin possible dans les championnats respectifs (Euroleague, Eurocup et championnat). L’objectif désormais est de faire plus, mais il faut être fière de ce que nous avons accompli cette année.
Antoine Eito : je suis encore sous contrat pendant 2 ans. Au niveau de la saison, cela a été compliqué collectivement. Nous avons eu des moments forts et des moments faibles. Malheureusement, nous n’avons pas atteint notre objectif de remonter en Pro A. Personnellement, en tant que compétiteur, je ne peux pas être content de ma saison lorsque l’ambition collective n’est pas atteinte. Ce que les gens retiendront, c’est que Chalon jouera en Pro B la saison prochaine.
Crédit photo : FFBB
*Les rencontres seront diffusées par La Chaine L’Equipe