ITW Lauriane Dolt (Mulhouse) : « Je ne suis pas la juste pour gagner des matchs »

- 10 mars 2023

Connue du championnat Espoirs et de la Pro A, Lauriane Dolt fait ses armes de head-coach avec le club de Mulhouse Basket Agglomération. Après avoir atteint la finale du championnat de Nationale 1 la saison passée, l’idée de la retrouver près des parquets de la LNB est bien présent.

Vous avez pour projet d’atteindre la Pro B en 2024 avec Mulhouse, vous avez atteint la finale la saison passée. Qu’est-ce qu’il faudra cette saison pour réaliser un meilleur parcours ?
Encore aujourd’hui, j’ai toujours du mal à réaliser qu’on ait atteint la finale la saison dernière. Au fur et à mesure des matchs, je perdais des joueurs, et on finit la compétition avec 6 joueurs valides. Je ne réfléchis pas comme cela, à savoir ce qu’il faut de mieux pour gagner.
Si on m’avais dit la saison dernière qu’on irait en finale, rien qu’en commençant les playoffs, je signais tout de suite. On suit notre bonhomme de chemin, on continue de travailler pour faire tout aussi bien, ce sera déjà pas mal.

Selon vous, que manquait-il lors de la finale ?
Une profondeur de banc. On a joué sans notre américain toutes les phases de playoffs. Sidy N’Dir joue blessé, et sur le dernier match, il ne peut plus. C’est clairement ce qu’il nous manquait.
Aujourd’hui, on n’a pas la masse salariale ou le budget pour étoffer notre effectif, on fait avec les moyens du bord. On a un joueur professionnel de plus que l’année dernière, mais dans le nombre c’est la même chose.
Alex Skoczylas, qui était avec nous l’année dernière en jeune, était tout le temps avec nous. Il jouait donc on pouvait le considérer comme tel, même sans contrat. Cette année, on a 9 joueurs professionnels. On a eu pas mal de blessés sur les différents matchs. Même si ce n’était jamais long, on n’a pas pris de risques, on a préféré laisser au repos. Sinon, c’était souvent des béquilles trop fortes, ou des entorses, mais on n’a pas les moyens d’avoir une profondeur de banc plus importante.

 » Ce qui m’importe, c’est de prendre du plaisir « 

Votre équipe semble trouver un parfait équilibre entre expérience et jeunesse. Ce type de configuration est-il le reflet de votre philosophie ?
Avoir des jeunes à développer encore, j’aime bien. J’aimerais bien l’avoir chaque année, je n’ai pas pris mes joueurs par rapport à leur expérience ou ce qu’ils ont pu faire en N1. Je les ai plutôt pris pris par rapport à leur production. Je n’ai pas trop réfléchi dans ce sens là en tout cas.

Vous dîtes que vous aimez développer des jeunes, c’est ce que vous préférez la plus part du temps ?
Non, même les joueurs plus expérimentés, j’aime leur apporter aussi des choses ou des remarques qu’ils n’avaient pas forcément vu avant. En tant qu’entraîneur, je ne suis pas la juste pour gagner des matchs. Si je peux encore faire évoluer les joueurs, pour moi c’est le plus gratifiant.

Vous avez connu la première division en tant que coach assistante; avez-vous pour ambition à l’avenir de diriger une équipe de même niveau en tant que coach principale ?
C’est l’avenir qui me le dire (rires). Il faut déjà que je continue à faire du bon travail, le reste on verra. Je ne me fixe pas de limites. Je prends déjà du plaisir avec le club de Mulhouse. Ce n’est pas l’objectif final. Je ne me lève pas tous les matins, en allant entraîner et en ayant que cela en tête.
Ce qui m’importe tout d’abord, c’est de prendre du plaisir. Si d’ici 10-15 ans, j’ai un poste comme ça c’est parfait, mais si je ne l’ai pas, ce n’est pas grave. Ce n’est pas un objectif absolu.

Avec votre expérience dans ces trois divisions (Pro A, Espoirs et N1), pensez-vous que certains jeunes mériteraient davantage d’exposition ?
Ce n’est pas simple. On a beau dire qu’il faut faire jouer les jeunes, mais lorsque l’on a la pression des résultats, qu’il y a un environnement autour qui nous pousse à gagner des matchs. Ce n’est pas toujours évident de les mettre sur le terrain.
Il faut trouver la bonne alchimie, et les bons éléments autour pour les faire évoluer. En avoir un ou deux c’est bien, mais plus, ça commence à devenir difficile.
Vincent Collet est réputé pour cela, mais lorsque l’on voit ce qu’il fait avec les Metropolitans, tout est beaucoup tourné autour de Victor Wembanyama. À côté, Bilal Coulibaly arrive à sortir son épingle du jeu, mais il y a les joueurs pour qui sont autour.
Si on en a un ou deux par équipe, et qu’ils puissent vraiment jouer, donc cela ne veut pas dire fouler le parquet lorsque l’on est à + 20 ou -20, mais vraiment qu’ils apportent autour, c’est parfait. Il faut peut-être des dirigeants plus patients et tolérants par rapport à certaines choses, mais on en voit de plus en plus.

Avec cette exemple, pensez-vous que nous entrons dans une période où l’on donne plus de chances aux jeunes pour s’imposer ?
Il faut la saisir au bon moment. Si l’on compare à 10-15 ans en arrière lorsque j’étais en centre de formation, c’est qu’aujourd’hui, ils ne servent plus à avoir l’agrément, les subventions et ainsi de suite.
On voit dans chaque équipe de Betclic Elite qu’il y a un ou deux jeunes qui font des apparitions systématiquement dans l’équipe première.
On a une bonne formation et reconnue, même si son championnat Espoirs est fortement critiqué à tort et à raison. Il y a tout de même cette volonté des entraîneurs à travailler avec les jeunes pour les faire évoluer.
Pour les jeunes, il y a aussi une évolution. Avant, ils devaient défendre pour être sur de rester sur le terrain. Maintenant, ils défendent, mais quand ils ont la balle en main, c’est pas forcément pour la donner. S’ils peuvent montrer de quoi ils sont capable, ils n’hésitent pas à le faire. Il y a une prise de confiance qui est plus forte qu’auparavant.

Vous êtes très attachée à votre région, l’Alsace, où vous passé toute votre carrière d’entraîneur. Envisagez-vous de découvrir d’autres horizons en France où à l’étranger ?
Oui, bien sûr. C’est un raccourci que tout le monde fait. Mais il faut savoir que des propositions, il n’y en a pas toujours eu. C’est bien marrant de dire que je suis attachée à la région, mais en attendant, c’est ici qu’on me fait confiance. Je vais là où on me fait confiance.

Crédit photo : Des instants de bonheur

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