Alors que les JO de Paris2024 approchent à très grand pas, certaines disciplines espèrent en tirer profit pour développer et/ou rénover des structures. C’est le cas avec le 3*3 dont la berruyère Laetitia Guapo est l’une des grandes ambassadrices.
Depuis que vous avez commencé le 3*3 comment jugez vous l’évolution de la discipline ?
Vraiment exponentielle. C’est vrai qu’avec l’entrée aux Jeux il y a eu beaucoup plus de médiatisation. Pour la discipline, les conditions sont de mieux en mieux. C’est vrai qu’avant il y avait une vraie différence entre les EDF 33 et 55 et maintenant les conditions en équipe de France 3*3 tendent à se rapprocher du 5*5. Il y a aussi plus de joueurs à cause de cette médiatisation.
Est-ce que le fait que ça a pris de l’ampleur aussi rapidement ça vous a surpris ?
Surprise non pas du tout. La discipline va vraiment avec l’air du temps. Le fait que ça soit une discipline un peu spectaculaire, un format de 10 minutes ou 21 points… Les gens veulent aussi du concret, du rapide, des actions un peu tout le temps. Ca va un peu avec les sports en vogue actuellement. Personnellement j’adore le format de la discipline, y jouer aussi pour ces raisons là. Je me rappelle qu’aux Jeux les gens me disaient “ah c’est trop bien, je prends ma pause le temps de vous regarder. Ca va hyper vite, je peux travailler et regarder votre match entre-temps”.
On a l’impression que désormais la discipline a trouvé son public…
Clairement. Tous les supporters de basket ne connaissent pas encore le 33 mais c’est vrai que ça commence à bien se développer. Je sais que mes grands-parengts me disent que le 33 c’est trop bien “car on comprend tout” quand l’arbitre siffle faute. C’est vrai qu’au 55 on ne comprend pas toujours tous les coups de sifflet. Il y a pas mal de petites choses comme ça. Si on ne connait pas le sport et qu’on n’est pas sportif, on comprend vite les règles.
Les choses suivent en termes de structures ?
C’est plus facile qu’avant mais c’est vrai que ça n’est pas encore non plus aisé. Je le vois dans la création de mon camp avec Franck (son ami, international français de 3*3), on doit faire venir des terrains. Il faut les faire livrer. Cà a des coûts à chaque fois car ce sont des semi-remorques qui les livrent. Il n’y a pas encore non plus beaucoup d’installations à l’année. Je sais que je peux les citer sur les doigts d’une main : Voiron, Temple-sur-Lot, Poitiers…
A quel point les programmes de rénovation de terrain sont importants ?
Je sais que La Caisse d’Epargne (partenaire de Laetitia Guapo et des équipes de France) est très impliquée dans la création et rénovation de terrains. A Clermont (sa ville d’origine), ils le font dans des zones prioritaires. Les jeunes ont l’air de vraiment adorer. La pratique du 3*3 augmente. Le fait que ça soit plus médiatiser fait qu’ils s’identifient davantage à nous les joueurs des équipes de France. Ils essayent de reproduire ça en bas de chez eux. C’est vraiment top. C’est vraiment appréciable, dans la lignée de Paris 2024, de voir de plus en plus de terrains rénovés.
Etes-vous sensible au fait que ces projets comportent une dimension sociale et de sport santé ?
Je suis aussi prof d’EPS, et on voit de plus en plus d’élèves obèses malheureusement, de sédentarité avec les jeux vidéos etc. Se remettre un peu au sport, s’appuyer sur l’arrivée des Jeux, la rénovation de terrains, c’est très important. J’espère que ça va aller dans cette dynamique jusqu’aux Jeux et que ça va persister dans le temps.
C’est votre principale attente par rapport aux Jeux, que ça soit un coup de pouce dans la durée ?
J’espère vraiment que ça sera ça. Je sais qu’il y a eu beaucoup d’autres endroits dans le monde où il y a eu les Jeux et on a pu voir que, par exemple, les piscines ne sont plus utilisées et deviennent des ruines. C’est vraiment dommage. Alors si ça peut développer l’aspect sport santé et la pratique du sport féminin… C’est vrai qu’au fur et à mesure des années, les adolescentes arrêtent un peu le sport, ça a été prouvé et démontré. Si on peut continuer dans ce sens-là avec un sport paritaire et mixte, et une augmentation du sport féminin, ça serait cool.
La professionnalisation de la pratique c’est la prochaine étape ?
Ca serait l’idéal. Je serais la première à en être contente. Mais on n’a pas de visibilité sur ça. Je ne sais pas comment ça va évoluer. J’espère qu’il y aura dans la pratique du 3*3 féminin. C’est la suite logique des choses.
Par rapport au statut que vous avez désormais, vous sentez vous une responsabilité par rapport à la promotion de votre discipline ?
Au début je suis rentrée, entre guillemets, tardivement dans le 3*3 par rapport à son évolution mais c’est vrai que je suis entrée pile au moment où il y a eu un petit boom. J’ai été vite attachée comme ambassadrice du 33 avec les titres qu’on a fait. C’est quand même une grande fierté. Comme je le dis souvent ça n’est pas uniquement grâce à moi qu’on a eu tous ces titres, c’est vraiment un travail d’équipe. Après j’endosse ce rôle volontiers car j’ai envie de faire rayonner le 3*3, de le développer. C’est aussi pour ça que je créé mon camp avec mon conjoint cet été pour continuer à le développer, créer un petit vivier de joueurs et de joueuses qui feront peut être les prochaines équipes de France. Qu’on essaye de tous amener notre petite pierre à l’édifice et rendre à la discipline le fait qu’elle soit exceptionnelle.
C’est fondamental que le grand public puisse avoir des modèles tels que vous afin de venir plus facilement au 3*3 ?
Toute personne fan d’un sport va citer un athlète. Le but c’est vraiment de permettre aux jeunes générations d’identifier la discipline. Si je peux être un exemple pour des jeunes et les amener à faire du sport, à repousser leurs limites… J’aime bien transmettre pas mal de valeurs et si je peux les répandre, j’en serais ravie.
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