Meilleur marqueur du championnat Espoirs (22,1 points), Guillaume Grotzinger est également l’un des leaders de Nancy, en tête du classement. L’Alsacien a également signé son premier contrat professionnel récemment. Le meneur se livre sur son parcours et les prochaines étapes à franchir.
La saison passée, au même stade actuel, vous en, étiez à 5 victoires et 7 défaites. Aujourd’hui, vous êtes en tête du classement avec 10 victoires et 2 défaites. Quel a été le déclic à l’intersaison collectivement et personnellement ?
Je pense que d’un point de vue personnel, je me suis habitué au championnat. L’an dernier c’était une découverte pour la moitié de l’équipe. On n’avait pas encore joué ensemble, c’était une équipe en reconstruction. Maintenant, je connais les forces et faiblesses des adversaires. Collectivement, on se connait depuis un an, on a appris à jouer ensemble, on est axé sur la défense.
Nous sommes l’équipe qui prend le moins de points (65,3). Le coach (Pierre Verdière) a bien ciblé les points importants pour gagner les matchs.
Il y a eu un temps d’adaptation nécessaire. Certains joueurs comme moi s’entraînaient avec l’équipe première, l’an dernier avant le premier match, nous n’avions fait que deux ou trois entraînements. Maintenant, tout est rodé et cela fait un an que l’on défend de la même manière.
Tu as souvent dit que ton rêve était de devenir joueur professionnel. Maintenant que cela est fait, que te reste-t-il à faire ?
Je dois montrer que je peux jouer au niveau professionnel. J’ai fais quelques entrées mais ce n’est rien de concret. Je veux montrer que je suis un joueur ayant le niveau nécessaire pour jouer en Betclic Elite sur quelques minutes. Il faut que je sois une rotation solide.
” je ne suis jamais sorti de ma région jusqu’à mes 17 ans. “
Ton duo avec Yves Mballa est le plus efficace du championnat cette saison. Quelle est ta relation avec lui hors du terrain ? Est-ce cela qui fait briller votre duo sur le terrain ou est-ce lié à d’autres facteurs ?
Yves c’est mon gars. On se connait depuis un an, on s’entend super bien, on a les mêmes valeurs. Sur le terrain, on arrive à se trouver, tout est rodé car on joue ensemble depuis un an. C’est un des joueurs avec qui je passe le plus de temps en dehors du terrain. Que ce soit à l’avant-entraînement, l’après, même parfois je vais chez lui, on passe pas mal de temps ensemble. Lors des déplacements, on est ensemble dans les chambres.
Tout cela a peut-être une incidence sur notre entente lors des matchs, mais tout le monde s’entend bien dans l’équipe. Je pense que c’est le jeu qui fait que ça marche autant. Il faut tout de même le dire, Yves est très fort et dominant. Des postes 4 comme lui, athlétiques, il y en a dans le championnat, mais avec la même faim il n’y en a pas beaucoup. C’est un bosseur.
Depuis la saison dernière, à 4 reprises, tu étais à moins de 10 points de battre le record du plus grand nombre de points inscrits en un match dans le championnat Espoirs (41). Serait-ce le meilleur moyen de finir ta dernière saison avec les Espoirs en beauté ?
Je ne savais pas que c’était le record, tu viens de me l’apprendre. Ce n’est pas quelque chose qui me vient en tête. Si cela arrive tant mieux, mais ce n’est que du bonus, je ne l’ai pas en tête.
Venant de Colmar, à 2h de Nancy, vivre pas très loin de chez toi te permet-il de performer et d’être à l’aise au SLUC ?
Je suis né à Colmar, mais je viens d’un petit village à côté qui s’appelle Dessenheim.
C’est clair que le fait d’être à côté, c’est cool car mes parents peuvent venir la journée, voir mes matchs. Je me suis beaucoup attaché à la ville de Nancy. Je pense que le fait d’avoir su m’adapter à cette ville fait que je me sens à l’aise et que j’arrive à faire ces performances.
Je viens d’un petit village où il y a 1000 ou 2000 habitants, je ne suis jamais sorti de ma région jusqu’à mes 17 ans. Même si Nancy n’est pas très grand, c’est une grande ville quand même. Je m’y suis bien habitué, il y a une belle architecture, des activités… Les infrastructures du centre et de la salle ont également facilité mon adaptation car nous sommes à côté.
Tu te vois donc lancer ta carrière ici ?
Oui, c’est ce que je veux. Je ne peux pas deviner l’avenir, mais depuis que je suis arrivé, mon premier objectif a toujours été de signer un contrat pro.
C’est le seul centre de formation qui m’a donné une opportunité, et ce serait une manière de leur rendre la pareille. C’est clair que je veux lancer ma carrière ici. Je ne sais pas si je vais y rester ou pas, mais j’ai envie de rester c’est sûr.
Tu dis que c’est le premier club à t’avoir donné une opportunité. Que s’est-il passé avant cela ? Pourquoi les autres clubs ne t’ont pas donné cette chance ?
Lorsque j’étais encore dans mon village, après le collège, j’ai envoyé une candidature à tous les centres de formation de Pro A et de Pro B. La première année, je n’ai eu que des réponses négatives. La deuxième année, c’était des tests ouverts mais je n’ai eu que des réponses négatives aussi, je n’ai même pas pu faire les tests. Gries, quand ce n’était pas encore ASA, avait fait des tests ouverts, mais je m’étais cassé le bras une semaine avant.
La troisième année, je me suis dit que ça ne servait à rien de renvoyer des candidatures car je me fais refuser de partout depuis deux ans. Puis un proche à moi m’a conseillé de le faire.
J’ai renvoyé sans rien attendre, puis Châlons-Reims me répond. Nancy m’a répondu aussi après. Au Champagne Basket, ce n’était pas concluant, ils m’ont dit qu’ils avaient quelqu’un à mon poste. À Nancy, ça s’est bien passé, Pierre Verdière m’a demandé de rejoindre le centre, puis me voici.
Le chemin a été long…
Oui, mais ce n’est qu’une étape. La vraie surprise pour moi était la saison passée quand j’ai réussi à faire de belles performances dans le championnat. C’était une surprise, mais cette année, ça ne l’est pas pour moi. Je ne dirais pas que je m’attendais à être le meilleur marqueur, mais j’étais préparé, je n’ai pas pris de vacances cet été, j’ai passé mon temps à m’entraîner. Je savais que je serais à ce niveau en revenant. Je savais que ce serait mieux que l’an dernier.
Tu réalises parfois que tu as réussi à monter très vite en si peu de temps ?
Je ne réalise pas trop, mais je suis très reconnaissant envers ceux qui m’ont aidé lors de cette période.
Il y a beaucoup de gens que je remercie, et que j’ai remercié au moment de signer mon premier contrat professionnel. Le fait que je sois à ce niveau est surprenant un peu, mais je travaille beaucoup. Je sais que c’est surprenant pour certaines personnes en voyant mon parcours de plus près, mais pour moi, c’est que du travail et un peu de chance. Mais la chance, il faut la provoquer.
Être meilleur marqueur, c’est bien mais ce qui compte, c’est de faire quelque chose dans le championnat Espoirs. En ce moment, on est premiers, donc c’est bien, mais si je suis meilleur marqueur pour qu’on finisse 10e ce n’est pas la peine.
Ce qui vous intéresse aujourd’hui, c’est donc le Trophée du Futur ?
Oui exactement ! Je ne sais plus si c’était avant le premier match de championnat ou de préparation, mais on s’est tous mis d’accord sur l’objectif de l’année, si plusieurs d’entre nous font de bonnes performances, c’est lié au jeu. L’objectif collectif passe avant tout.
Crédit photo : Loic Wacziak / SLUC Nancy Basket / Cassandra Tassan Photographie