Assistant-vidéo dans le staff de Jean-Aimé Toupane chez l’EDF féminine, Christophe Léonard connait une ascension continue depuis qu’il s’est reconverti dans le coaching. Un parcours qu’il doit au travail et à l’importance accordée aux valeurs humaines.
Comment se sont passés tes premiers pas comme membre de ce staff de l’EDF féminine ?
Ça s’est super bien passé. Je suis très heureux d’être là, j’apprends à découvrir les autres membres du staff, à découvrir les filles aussi. Ça se met en place tout doucement.
Dans une itw pour Bebasket tu avais dit privilégier les jeunes, mais une opportunité comme celle-là ne doit pas pouvoir se refuser ?
C’est clair, tout est dit dans la question. On ne peut pas refuser une équipe de France, en plus une équipe de France A. C’est vrai que dans mon plan de carrière pour l’instant je suis sur les jeunes, chez les garçons. Mais une opportunité comme ça, ça ne peut pas se refuser. Je pense que si Jean-Aimé a fait appel à moi c’est qu’il croit en moi et en mes compétences. Je ne pouvais pas ne pas accepter. Pour moi c’est un honneur d’être là, vraiment. Ça récompense le travail que je fais de mon côté depuis ma décision d’arrêter de jouer.
Quel genre de coach est Jean-Aimé Toupane ?
C’est quelqu’un qui partage beaucoup. C’est lui qui tranche à la fin mais par contre c’est quelqu’un qui est vraiment attaché au partage des tâches. Une fois que c’est bien défini chacun sait ce qu’il a à faire. Quand il m’a accueilli dans le staff des U20, il m’a donné beaucoup de libertés. Il ne fait pas tout tout seul, au contraire il délègue.
Qu’est ce qui te plait dans l’analyse vidéo ?
C’est quelque chose de clef. Ça avance en France, mais du temps où je jouais je trouve que ça n’était pas quelque chose d’hyper reconnu. Maintenant ça l’est de plus en plus. Il y a une formation qui a été mise en place par la Fédération. Ça me plait car c’est le côté stratégie, d’essayer d’avoir le maximum d’informations, être le plus préparé possible mais c’est aussi le retour sur la performance de l’équipe et du joueur. J’ai été sensible à ça quand je jouais. Ça me plait énormément d’apporter ma petite touche, d’échanger avec les coachs.
De quelle manière ton passé d’ancien joueur pro t’aide ?
Ça m’aide beaucoup car je sais ce qu’il se passe dans un vestiaire. Je sais ce que c’est une séance dans le domaine de la vidéo. Je sais quand c’était chiant, il faut le dire. Dans une équipe tous les joueurs ne seront pas sensible de la même manière à une séance vidéo. Le fait de l’avoir vécu en Equipe de France comme en club, j’essaye d’adapter tout ça et de faire quelque chose qui va plaire aux joueurs et aux joueuses. Le vécu permet d’ajuster et d’essayer de faire quelque chose de concret et de précis. Mon but, quand on dit qu’il y a séance vidéo, que les joueurs/joueuses se disent « on va pouvoir ça, travailler sur ci ou ça » et pas le côté « ah encore vidéo ».
Cela doit aussi faciliter le relationnel avec les joueuses, sachant que tu es de la même génération que certaines…
Je découvre les joueuses. Après c’est vrai que le relationnel est différent qu’avec les garçons car il y en a beaucoup plus que je connais, que j’ai côtoyé et tout ça. Mais ça aide car on voit au niveau des mimiques, quand il y a de la fatigue, des choses qui ne sont pas comprises. Des fois il suffit d’un échange rapide. Moi je suis au service des joueuses par exemple pour un play-book de systèmes, de retours individuels sur certaines choses. C’est plus simple car je suis un peu entre les deux générations. Ça facilite le relationnel.
Ce qu’il y a de forcément sympa c’est aussi la perspective des JO 2024 ?
Je suis très, très reconnaissant de cette opportunité. On n’est pas encore à l’échéance, il faudra faire ses preuves avant. Le staff est construit comme ça pour le moment mais on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. Mais c’est sûr que d’avoir dans un coin de sa tête les JO c’est énorme. Pour parler un peu plus de moi, ce n’est pas des regrets mais ma carrière ne s’est passée comme je le voulais par rapport aux blessures. Ce qui me motive c’est ce que je n’ai pas pu avoir au niveau des rêves que j’avais comme joueur, si je peux les toucher en tant qu’entraineur j’aurais tout gagné. Parce que je n’ai pas quitté cette ambition d’être au plus haut niveau.
Est-ce que c’est aussi important pour toi d’être un modèle pour les jeunes, pour la Guyane à travers le parcours que tu as depuis que tu es dans le coaching, de montrer que l’on peut arriver au très haut niveau par d’autres moyens que le terrain ?
Il y a beaucoup de gens qui m’ont félicité et je les en remercie. C’est une ascension qui a été rapide. C’est vrai que quand on joue on s’intéresse beaucoup à toi et après un peu moins. On m’a beaucoup dit que c’était énorme ce qui m’arrivait. Et c’est vrai. Par exemple chez les garçons il y a aussi Bryan George. Tout de suite on m’a appelé de Guyane pour me dire que les deux assistants vidéos chez les filles et les garçons sont des Guyanais. C’est énorme. Ça montre que tout est possible avec du travail et avec aussi des relations humaines. Je suis aussi intimement persuadé que lorsqu’on laisse un bon souvenir à quelqu’un, la personne pense à toi au-delà du travail. C’est beaucoup question de confiance. Il y a de la pression car on attend des résultats avec les filles. C’est la médaille d’or qui manque. Je pense que dans un premier temps Jean-Aimé s’est entouré de personnes compétentes mais surtout de personnes en qui il a confiance et avec qui il pourra travailler dans un climat serein. Et par rapport à la Guyane j’encourage vraiment les gens à avoir de bonnes valeurs humaines et à travailler. Pour moi ça paye aujourd’hui et j’espère que ça va continuer.
Crédit photo : Ann-Dee Lamour