ITW Bastien Vautier (Le Portel) : « On a rien à envier aux Américains »

- 26 mars 2024

Joueur phare du Portel, Bastien Vautier est dans la forme de sa vie. Poste 5 dominant, meilleur intérieur français de la première division cette saison, le All-Star n’a que 25 ans, et est l’un des visages de la jeunesse française dans notre sport.

Deuxième meilleur marqueur français, sixième meilleur marqueur du championnat, All-Star… Selon toi, est-ce la meilleure saison de ta carrière, et qu’est-ce qui t’a permis d’être autant en confiance ?
Oui, c’est clairement la meilleure saison de ma carrière, d’autant plus que c’est en première division. C’est ça qui me permet de franchir la marche.
Le travail m’a permis d’atteindre ce niveau de confiance et de performance. L’équipe me met dans les meilleures conditions pour être le plus performant possible.

En avril 2021, tu te fais les croisés. Tu es arrêté pendant 9 mois. Sans cette blessure, penses-tu que tu aurais déjà dominé en Betclic Elite, que tu serais en EuroLigue ou dans un top club européen ?
C’est une bonne question. Je ne sais pas vraiment, ma blessure m’a permis de me forger mentalement et d’avoir un autre rôle quand je suis revenu.
Peut-être que je serais parti plus tôt, que les choses se seraient moins bien passées. On ne saura jamais, mais peu importe, je suis très fier de mon parcours depuis mon retour de blessure, et de tout ce que j’ai pu faire, et que je suis en train de faire.

Tu dis que ça t’a forgé mentalement. À quel point en es-tu ressorti plus fort ?
Je pense que tu en apprends beaucoup sur ton corps. Tu apprends à t’écouter, car tu es arrêté pendant presque un ou deux mois où tu ne peux presque plus marcher, alors que toute ta vie, tu n’as fait que courir, et faire du sport.
Mentalement, c’est difficile à appréhender. Je pense que par la suite, la performance, ton rythme de vie et ton mental sont différents.
Je suis revenu plus fort car j’ai travaillé afin de reprendre confiance en mon genou et mes appuis. J’ai tenté de progresser partout où je voulais progresser.

Cette blessure t’a aussi permis de devenir un meilleur joueur physiquement…
C’est possible, je pense que cela a également été une transition dans ma carrière. J’ai voulu voir ailleurs, faire ce que je voulais faire et où je voulais le faire.
J’ai commencé à être beaucoup plus impactant à l’intérieur.

Vois-tu l’ESSM comme un club qui révèle les jeunes talents ? Nadir Hifi la saison passée, aujourd’hui c’est ton tour…
Complètement, en plus c’est un club que je suis depuis longtemps.
C’est un club familial, qui se bat depuis longtemps pour rester en première division. Ce challenge m’a bien plu.
Je savais que ce serait difficile avec le coach (Eric Girard), mais qu’avec le travail, il me mettrait dans les meilleures conditions possibles. Je n’ai pas hésité, j’ai foncé, car je savais que dans tous les cas, j’allais bosser dur.
Ça a payé, et je suis très content de mon choix. C’est une belle réussite dans tous les aspects.

” Si tu es déjà un joueur majeur en Pro B, la marche ne sera pas si haute pour t’imposer en Pro A. “

Tu dis que tu savais que ce serait difficile avec le coach. Que veux-tu dire ?
Il est réputé pour être exigeant. Mentalement, tu passes un cap lorsque tu te fais coacher par Eric.
Être l’un de ses joueurs, ça te forge. Cela te permet aussi de travailler sur d’autres aspects sur lesquels j’ai rarement eu l’occasion de me concentrer dans ma carrière.
J’ai grandi dans mon jeu, mentalement, sur le leadership… Sur tous les aspects qui font la carrière d’un basketteur, il m’a fait grandir.

En prenant vos deux exemples, les mentalités des coachs en France pourraient changer ? Ta saison pourrait montrer qu’il faut davantage faire jouer les jeunes en France au plus haut niveau professionnel ?
Je ne sais pas si ça va faire changer l’état d’esprit des coachs.
Je trouve que l’on montre qu’il y a un vrai vivier de talents en France. Il faut que l’on s’en serve. On a rien à envier aux Américains qui arrivent si on donne la chance à des jeunes de Pro B qui performent.
On pourrait vraiment faire quelque chose de fort et important. Au fur et à mesure, dans les années proches, je pense qu’il y en aura de plus en plus. Ce n’est que du bonheur pour le basket français à long-terme.
On est carrément sur la bonne voie. Quand je vois Victor Wembanyama qui défonce tout en NBA, je me dis que ça va donner un vrai bonus.
À mon échelle, j’essaie de changer ce que je peux changer.

Si on prend l’exemple du Portel qui brille grâce à ses jeunes Français, tu penses que c’est aussi l’occasion de montrer que les équipes françaises peuvent pleinement compter sur leurs talents ?
Complètement. On montre déjà que la Pro B est un championnat très très relevé.
Selon moi, si tu es déjà un joueur majeur en Pro B, alors la marche ne sera pas si haute que cela pour t’imposer en Pro A.
La transition est un peu plus forte partout, mais si tu t’imposes en Pro B, tu montres que tu es déjà très fort à l’échelle européenne.
Avoir des responsabilités en Pro B, ça veut dire : avoir une équipe qui compte sur toi, des systèmes autour de toi, mais aussi beaucoup de pression dans les matchs.
Il faut être impactant en Pro B, donc en arrivant en première division, tu as déjà de bonnes armes. Tu débarques en étant sûr de ce que tu peux faire.

Tu penses que ça a fait votre force cette saison avec Digué et Ivan ?
Complètement. Je pense aussi que les Américains qui viennent de division « inférieure » comme le championnat de Chypre, du Portugal etc… C’est un peu la même chose pour eux.
On est une bande qui a tout à prouver et ça donne un bon groupe.

Le début de saison avait très mal commencé avec 5 défaites. La plupart des JFL étaient des joueurs de Pro B. Certains vous voyaient comme un potentiel relégable. Avez-vous le sentiment d’être la surprise du championnat ?
Non, car on ne s’est jamais considérés comme tel. Je pense que tous mes coéquipiers te répondraient la même chose.
Les gens ne nous attendaient pas à ce niveau, car, tu es Le Portel, un petit budget, tu récupères des gars de Pro B, donc on ne te respecte pas forcément.
On est sûr de la direction dans laquelle on veut aller. Même au début de saison quand on perdait les matchs, on restait ensemble, et on était en train de créer une cohésion.
Dans le basket, ça va vite, tu peux avoir des bas, mais quand tu as des hauts, tout le monde est en confiance et tu enchaînes.
C’est ce qu’il s’est passé pour que l’on puisse lancer notre saison.
On avait tout à prouver. Tout le monde en voulait, et voulait assurer sa place ici, et montrer qu’on le méritait. On a travaillé dur.

Pour sa 8e saison en première division, le club pourrait disputer sa seconde campagne de playoffs. Il y a 7 ans, le club s’était incliné au premier tour face à l’Elan Chalon. Qu’espérez-vous si vous y participez ?
L’objectif, c’est d’aller le plus loin possible. Nous sommes dans l’optique de prendre les matchs les uns après les autres.
En Betclic Elite, il n’y a pas de match facile, que ce soit à domicile ou à l’extérieur.
Ce soir, on joue Saint-Quentin qui est une très belle équipe. On fera tout ce qui est en notre pouvoir pour accrocher le top 8.

Crédit photo : P.Ledez

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