Après trois saisons à l’INSEP, Henri-Soprano Mboungolo-Mounanga quitte le Centre Fédéral pour lancer sa carrière professionnelle en Pologne, le pays de sa mère.
Déçu de son expérience à Vincennes, l’ancien joueur de la CTC Orléans Métropole va lancer sa carrière et se donner un nouveau départ au Slask Wroclaw. Entretien avec ce jeune arrière franco-polonais qui a fait face à des épreuves mais qui ne cache pas ses ambitions : le plus haut niveau mondial.
Comment ça s’est faite ta signature à Wroclaw ?
C’est venu assez soudainement. Ils m’ont proposé de venir juste après l’ANGT. Un agent polonais est venu me voir. Il m’a demandé si j’avais déjà un agent, il m’a demandé ma situation, si j’avais la double nationalité franco-polonaise et si j’avais un passeport polonais parce qu’il savait que j’avais des origines polonaises. Le fait est que oui car de base je suis né en tant que polonais et non pas en tant que français. Il était étonné, parce qu’il avait entendu dire que j’étais polonais mais personne n’y croyait. À partir de là il m’a dit qu’un club était intéressé par moi. Avec mon manager actuel on a donc fait la liaison, on a beaucoup parlé avec les dirigeants, le coach. Je suis même allé sur place pour voir les installations. Ils m’ont montré beaucoup d’intérêt et ça m’a plu.
Tu as donc signé un contrat de 4 ans ce qui est assez rare aujourd’hui, comment ça se fait ?
C’était vraiment une volonté du club. Mais en vérité, c’est du 1+1+1+1, donc chaque année je peux décider de partir.
Quels ont été les mots du coach ?
Il m’a dit et montré qu’il voulait me développer. Il veut me donner ma chance, il m’a dit que ça allait être différent de cette année à l’INSEP. Et de l’entendre de la voix du coach, forcément, ce n’est pas la même chose que de la voix d’un dirigeant.
C’était ta première option d’aller en Pologne ?
Honnêtement, avant de signer à Wroclaw j’étais perdu. Je ne savais pas trop ce que je voulais faire, rien ne m’intéressait vraiment. Je ne sais pas, c’était une période un peu difficile pour moi. Donc forcément, j’étais un peu perdu. Avec la Pologne, j’ai vu une opportunité. L’opportunité d’avoir un parcours différent pour atteindre mon objectif qui est la NBA. Quand on a vu LaMelo Ball passer par l’Australie, j’étais étonné mais j’aime les parcours atypiques. Si j’arrive à aller en NBA, je serai le premier à y être arrivé en passant par la Pologne. J’ai vu un parcours différent avec Wroclaw et mon instinct m’a dit d’y aller.
Quel est ton lien avec la Pologne ?
Je suis bilingue français-polonais, c’est ma mère qui est polonaise. Il faut savoir que j’ai pas grandi avec mon père, mais seulement avec ma mère. Mes deux grands-frères sont complètement Polonais, ils sont nés là-bas. Et vraiment, je ne connais que ma famille du côté polonais. Toute cette partie de ma famille est en Pologne, je suis le seul à être né en France. De ma naissance, jusqu’à mes 15 ans j’ai passé tous mes étés en Pologne. C’est vraiment chez moi, on a une maison là-bas.
Tu es donc franco-polonais, et tu as été appelé pour la présélection U18 de l’Équipe de France.
J’ai été appelé, mais je n’ai pas pu y aller. J’ai reçu beaucoup de messages de personnes étonnées me demandant pourquoi je n’avais pas été appelé, mais c’est juste que je me suis blessé. Je me suis fait une entorse de la cheville un jour avant le début de la prépa. J’ai déjà pu reprendre, mais sur le coup ça a gonflé, je ne pouvais pas poser le pied.
Tu as été appelé pour jouer pour la France, mais tu n’as pas encore pu jouer. Tu vas lancer ta carrière en Pologne d’où une partie de ta famille est originaire, est-ce que tu te poses la question de représenter la Pologne ?
Sincèrement, j’ai toujours été du côté français. Avec l’INSEP en plus, ça paraît logique. Mon objectif, ça reste l’Équipe de France A.
Tu sors donc de trois ans à l’INSEP, que retiens tu de ton passage au Centre Fédéral ?
On va dire que… Dès le début… Enfin, pas dès le début. Un mois après mon arrivée, c’était… La première année, c’était dans la difficulté. Les premiers entraînements se sont très bien passés, mais j’étais impacté par des éléments extérieurs. À ce moment-là, ma mère était en train de mourir. Forcément j’étais très impacté la première année. Je suis même parti pendant trois mois parce que justement ma mère est décédée. Je suis revenu à l’INSEP et c’était très compliqué. J’étais vraiment dans la difficulté émotionnellement et je n’y arrivais plus non plus dans le basket. Pendant tout le reste de ma formation à l’INSEP j’ai essayé de revenir. J’ai réussi à tenir le coup grâce à mes qualités techniques dans le sens où j’arrive à défendre très fort. Mais forcément, je suis très déçu de mes années à l’INSEP sachant qu’on en attendait beaucoup de moi au départ.
Ça t’a quand même permis de grandir je suppose.
J’ai beaucoup appris, humainement parlant. J’ai beaucoup grandi. Au niveau du basket, je suis devenu peut-être… Forcément, j’ai progressé, ça paraît logique, mais je reste quand même déçu.
De lancer ta carrière en Pologne, c’est un peu comme un nouveau départ pour toi, dans le pays de ta maman ?
Vraiment, oui, pour me relancer. Le fait que ce soit la Pologne, c’est forcément une sorte de motivation supplémentaire. J’ai surtout l’impression qu’actuellement il y a une bulle autour de moi, une bille où tout le monde me donne de la confiance. C’est vraiment ce que je recherche actuellement.
Qu’attends-tu de ta future expérience en Pologne ?
J’ai envie de travailler énormément, de progresser énormément, de pouvoir me présenter à la Draft dans un ou deux ans pour atteindre mon objectif, la NBA.
Crédit photo : Euroleague