Juste avant le début du championnat d’Europe U18, nous avons pu discuter avec Leon Sifferlin et Martin Carrere. Deux joueurs importants de leurs équipes en Espoirs Elite, ils nous racontent les coulisses de la préparation avec la sélection, ainsi que de leurs expériences à l’ANGT Paris.
Martin Carrere (MC) : Première sélection pour toi dans une équipe jeune de l’Équipe de France. C’est un premier accomplissement ?
C’est une fierté, c’est un objectif que je me fixais depuis plusieurs années. Enfin, j’arrive à décrocher une première sélection en Équipe de France.
Je vais faire de mon mieux pour représenter mon pays et aider mon équipe.
J’en rêve depuis l’enfance, depuis que je regarde l’Équipe de France jouer à la télévision. Représenter le pays, c’est une occasion à part.
Léon Sifferlin (LS) : Tu disputes ta deuxième campagne, raconte nous la sensation que cela procure d’être à nouveau appelé en sélection jeune ?
C’est une fierté aussi, et un objectif. Même si c’est ma deuxième sélection, la sensation reste la même car ce n’est pas une évidence que je sois pris.
Il faut travailler comme les autres. Une deuxième campagne veut aussi dire que j’ai gagné de l’expérience, et j’essaye de mettre cela au service de l’équipe.
MC : Il y a des joueurs que tu connais un peu mieux comme Leon Sifferlin, comment s’est passée l’adaptation ?
Cela s’est fait naturellement, j’ai déjà joué contre la majorité de ces gars, que ce soit en Espoirs ou à l’ANGT à Paris.
Il y avait déjà un groupe qui se connaissait bien et ils ont bien accueilli les nouveaux. Tout s’est bien passé.
LS : Il y a des joueurs que vous connaissez puisque vous les avez joués en Espoirs (Yohann, Robin, Japhet…). Il y a aussi d’autres joueurs évoluant à l’étranger ou à l’INSEP, voire en Betclic Elite. Est-ce facile de jouer avec ce genre de joueurs ? Est-ce plus simple de se trouver sur le terrain ?
C’est compliqué car on ne les côtoie pas toute l’année. C’est un peu dur de créer des automatismes. C’est vrai que des mecs comme Noa ou Nolan qui dominent, c’est plus simple de jouer avec eux. C’est un kiff et ils facilitent le jeu. Cela ne veut pas dire que les autres ne le facilitent pas mais on les connaît plus.
Qu’est-ce qui facilite le jeu entre vous dans l’équipe ?
LS : On a tous fait la prépa contre certaines équipes donc on sait à peu près comment ça marche.
Le coach fait bien son boulot, on a commencé tranquillement, pas avec du 5×5 direct ni des nouveaux systèmes.
On y est allé par étape. C’est plus facile quand le groupe se connaît un peu et on a essayé de faire une petite prépa comme au début de saison.
Chacun évolue dans des environnements différents, on est un peu tous des « main players » dans nos équipes. Chacun doit trouver son rôle, car on ne les aura pas tous en club.
“S’il faut leur en mettre 40, on leur en mettra 40.”
MC & LS : En phase de poules, vous jouerez la Grèce, le Danemark et la Suède. Après avoir étudié ces équipes, comment sentez-vous ces matchs ? Pensez-vous être très attendus ? Pensez-vous pouvoir être surpris par une équipe que l’on n’attendait pas ?
MC : Pour l’instant, on apprend encore à se connaître et on se focus sur nous d’abord.
On a pas encore analyser nos prochains matchs. On va commencer à faire le scouting demain. (interview enregistrée le 25 juillet, le scouting étant donc aujourd’hui.)
On sait que toutes les équipes sont dangereuses. On va se concentrer pour aller le plus loin possible.
LS : Il y a des équipes qui font un peu plus peur comme la Grèce qui est une plus grosse tête d’affiche que la Finlande, le Danemark ou la Suède.
On ne prend personne à la légère. Il y a un mot d’ordre qui est de respecter l’adversaire, ce qui veut dire qu’on va les jouer à fond. S’il faut leur mettre 40, on leur mettra 40. On ne se préoccupe pas trop de l’équipe que l’on va jouer. L’objectif est de terminer premier de la poule.
Vous abordez aussi la compétition en vous disant que n’importe quel match peut être un match piège…
LS : Bien sûr. On peut être dans un jour sans tandis que l’adversaire sera dans un jour où tout va bien. On ne s’imagine pas le pire avant chaque match sinon ce serait contre-productif.
MC & LS : Vous étiez présents à l’ANGT Paris cette année, vous avez joué avec la Team ANGT avec deux autres Français (Jahel Trefle, Hugo Facorat). Qu’est-ce que vous apporte ce genre d’expérience ?
MC : Cela nous permet de mieux apprendre à connaître nos coéquipiers. Par exemple, avec Leon, cela nous a permis de créer des premiers automatismes sur cette préparation. Ensuite, cela nous permet aussi de jouer contre des adversaires que l’on a pas l’habitude d’affronter comme des joueurs de l’INSEP ou de l’étranger.
Par exemple, dans l’équipe grecque, il y a des gars que l’on a joué avec Leon, qui étaient à l’Olympiakos. C’est donc un rapport intéressant. Cela nous a aussi permis de découvrir d’autres cultures du basket grâce à des joueurs étrangers de notre équipe.
LS : C’est un petit détail, mais il y a un meneur turc dans ce tournoi qui était dans notre équipe à Paris (Mehmet Erfa). Ce qui veut dire qu’il y a des joueurs que l’on connaît donc on peut avoir certaines choses à dire, on peut anticiper aussi car on sait si ce sont des joueurs qui peuvent shooter ou non.
Ce genre d’événement permet aussi de développer des facettes de votre jeu et de les mettre au profit de vos équipes pendant la saison ?
LS : Bien sûr, il faut dire aussi que je connaissais plus les coachs à l’ANGT par rapport à Martin donc j’avais plus de responsabilités.
Cela m’a permis de progresser sur certaines choses que l’on a pas forcément en club, mais il faut s’appuyer sur ses points forts quand même.
On joue contre des mecs que l’on ne connaît pas, donc on peut tous les surprendre, ils ne savent pas à quoi s’attendre. En Espoirs, on se connaît quasiment tous donc les mecs savent quel type de joueur tu es.
MC : Tu t’envoles aux États-Unis, Limoges semblait avoir des projets pour toi. Pourquoi avoir fait ce choix ?
J’ai tranché en cherchant le projet qui me correspondait le plus. Être dans un endroit où l’on croyait en moi. J’estimais que rejoindre VCU serait la meilleure option pour me développer à court-terme, moyen-terme pour le futur. Cela me permet aussi de continuer sur l’aspect scolaire.
L’expérience américaine est aussi attirante, être dans un campus, travailler et combiner entre le scolaire et le sportif, c’est très intéressant.
LS : Tu sors d’une saison réussie avec les Espoirs de la JL Bourg, vous avez remporté le Trophée du Futur. Aujourd’hui, quel est ton plan pour la saison prochaine ?
Je serai sous contrat l’année prochaine avec le groupe professionnel. Il faudra que je bosse, mais c’est un accomplissement. En plus, il y aura plein de belles compétitions, entre la Betclic Elite, l’EuroCup, la Coupe de France, je pense avoir des opportunités de jouer.
Être dans le projet d’une équipe top 3 / top 4 du championnat de France, c’est énorme.
C’est réussi et c’est la suite logique.
Une équipe avec des ambitions attire les gros joueurs. J’ai un peu parlé avec Freddy Fauthoux en début d’année, il m’a dit qu’il n’avait aucun problème à faire jouer les jeunes mais qu’il y a certaines conditions et je dois faire le job. En fin de saison, j’ai plus parlé avec François Lamy et les dirigeants, ils m’ont dit que je suis dans le projet et qu’ils veulent que je joue. Ils ne me promettent pas non plus des minutes et c’est normal, cela doit venir de moi. Je continuerais à jouer avec les Espoirs et le temps de jeu en équipe première sera la suite d’une bonne saison.
Crédit photo : Limoges CSP / EDF / ANGT / Anthony.P / JL Bourg