Hier, en fin d’après-midi, Vincent Collet a donné le nom des 19 joueurs figurant dans la pré-liste de la sélection tricolore pour les Jeux Olympiques. Un groupe élargi avec plusieurs nouveaux visages, mais surtout plusieurs grands absents.
Avant toute chose, loin de nous l’idée de prétendre être de meilleurs sélectionneurs que Vincent Collet.
Hier soir, il dévoilait ses 19 joueurs choisis pour préparer les J.O. On y retrouve cinq meneurs que sont : Andrew Albicy, Matthew Strazel, Theo Maledon, Frank Ntilikina et Killian Hayes.
Huit extérieurs ont été nommés : Evan Fournier, Nicolas Batum, Nadir Hifi, Isaïa Cordinier, Nando De Colo, Ousmane Dieng, Bilal Coulibaly et Elie Okobo. Enfin, six intérieurs vont se battre pour gagner leurs places : Guerschon Yabusele, Rudy Gobert, Jaylen Hoard, Victor Wembanyama, Mathias Lessort, et Vincent Poirier.
Un premier échantillon du groupe final qui sera réduit à 12 joueurs, officiellement choisis pour participer aux Jeux Olympiques de Paris en 2024.
Quelques nouveaux visages comme Victor Wembanyama qui honorera sa première sélection en compétition officielle, et dont on peut déjà officialiser la présence dans la liste finale. Nadir Hifi est lui aussi appelé pour la préparation des J.O., récompensé pour sa magnifique saison avec le Paris BasketBall. Quelques petites surprises comme Killian Hayes, souvent placé parmi les joueurs que les fans aimeraient voir. Surtout, Jaylen Hoard, Theo Maledon et Ousmane Dieng que l’on attendait certainement pas.
Et puis, chez les absents… Il y a des choses à dire. Où sont Sylvain Francisco, Timothé Luwawu-Cabarrot et Moustapha Fall ? Les trois ont été performants en club et en Euroligue.
Le premier combine à 12,3 points et 3,4 passes décisives pour 12 d’évaluation au Bayern. En Coupe d’Europe, il tourne à 10,6 points et 3,2 passes décisives pour 9 d’évaluation.
L’ailier de l’Asvel est à 12,2 points, 3,7 rebonds et 2,2 passes décisives en Betclic Elite pour 11,3 d’évaluation. En Euroligue, il compile à 13 points, 3,4 rebonds et 2,2 passes décisives pour 11,8 d’évaluation.
L’interieur de l’Olympiakos est à 7,2 points et 5,7 rebonds pour 12,9 d’évaluation dans le championnat grec. Face aux grandes équipes d’Europe, ses moyennes sont de 7,5 points et 4,6 rebonds pour 12,9 d’évaluation.
Que devons-nous attendre à l’approche d’un tournoi entre équipes nationales ? En principe, on s’attend à ce que les meilleurs joueurs du pays soient réunis.
Bien sûr, il existe quelques paramètres à prendre en compte. Parfois, un joueur n’a pas eu beaucoup de temps de jeu, mais son apport en Équipe de France est tellement important qu’il en serait presque indispensable. Cette petite singularité ne s’applique pas pour beaucoup de noms dans cet effectif, hormis Fournier et Ntilikina.
Prenons en exemple l’équipe américaine. En voyant la liste de Steve Kerr, on comprend vite que le but est d’aller chercher l’or. Tout simplement, les meilleurs joueurs du pays sont appelés, bien évidemment, les meilleurs américains de la planète jouent en NBA. Du poste 1 au 5, on ne retrouve que des noms qui ont réalisé une saison fantastique individuellement.
Dans cette pré-liste française, on ne peut pas en dire autant. Killian Hayes et Frank Ntilikina, coupés à la Trade Deadline sortent d’une saison très difficile autant individuellement que collectivement. Le second est en plus fragile physiquement, mais l’apport défensif de l’ancien Strasbourgeois semble trop important pour Collet. Pourtant, Albicy a été appelé…
La présence d’Ousmane Dieng et de Theo Maledon est très surprenante aussi. Le premier n’a pas beaucoup joué en NBA, mais beaucoup plus en G-League où il a été performant. Néanmoins, jouer dans le centre de développement de la meilleure ligue du monde n’est pas forcément synonyme de haut niveau. Quant à Theo Maledon, il n’a joué que 17 matchs en NBA, et 5 en G-League. Autant dire qu’on ne l’a pas vu de la saison.
Ces deux-là méritaient donc plus leurs places que Timothé Luwawu-Cabarrot ou Sylvain Francisco ? Tous les deux sortent d’une belle campagne en Euroligue, le second nous a offert des séquences plus qu’intéressantes. Cela nous pousse à poser énormément de questions.
Vincent Collet s’est exprimé hier en conférence de presse à propos de l’absence du meneur du Bayern Munich.
« J’ai parlé de l’identité que l’on veut donner à l’équipe et c’est la raison principale de son absence. C’est aussi une question de gabarit. On a déterminé un certain nombre de paramètres et on a évalué les joueurs en fonction de ces paramètres. Et un de ces paramètres c’était aussi par rapport à nos adversaires. On sait que dans les équipes auxquelles on va être opposé, il y a de gros morceaux sur ces postes-là. On a pris ça comme 1er critère pour les meneurs de jeu. »
Mais que dire d’Andrew Albicy et de Matthew Strazel ? Le premier mesure 1m79, et le second 1m82, tous les deux sont donc un peu plus petits que Francisco et son 1m85. De plus, ce dernier est un joueur offensif et athlétique. Vu les arguments de Vincent Collet, le profil de l’ancien Roannais est donc ce qu’il faudrait dans cette équipe, non ?
Et puis jouer en Euroligue oblige à attaquer contre des athlètes plus costauds physiquement, et difficile à bouger sur le terrain. Cela ne devrait donc pas être un problème.
Au sujet de TLC, il dit :
« C’est un ailier shooteur, donc un poste relativement fourni aujourd’hui avec notamment Evan Fournier, qui a le même profil. Vous pouvez ajouter Nicolas Batum, qui joue aussi sur ce poste, et Bilal Coulibaly, qui, vu son gabarit, a une vraie capacité à jouer 3. Je ne me voyais donc pas l’emmener. C’est pour cela que nous avons pris cette décision. C’est un excellent joueur. Mais on ne fait pas une sélection en emmenant tous les meilleurs. Vous définissez certains critères, comme le style le jeu que vous souhaitez pratiquer, et l’identité que vous voulez développer, et à partir de là vous identifiez les joueurs qui vont vous permettre d’y parvenir. Tout cela autour de vrais leaders. Mais dans le cas de TLC, et même si nous l’avions retenu, il n’aurait pas fait partie de ces leaders. Il aurait fait partie des joueurs autour. On est donc sur un choix de complémentarité, de rôle. »
Nicolas Batum sera parfois amené à jouer en 4, Bilal Coulibaly en 2, et Evan Fournier a plus les capacités à jouer comme arrière qu’en ailier. TLC est un vrai poste 3, et plus en forme que certains joueurs dans cette équipe.
D’autant plus qu’il aurait parfaitement sa place en tant que leader. S’il fallait en enlever un, nous pourrions nous priver de Nando De Colo, incertain physiquement, et décevant au dernier mondial.
Quant à l’absence de Moustapha Fall, l’argument de Collet est plus crédible.
« Nous avions cette liste depuis plusieurs mois à l’intérieur. Fall fait une excellente saison à l’Olympiakos et on avait un problème de riche avec déjà de nombreux pivots, mais je n’aurais pas su le faire jouer. »
C’est ce qui lui a été reproché lors du dernier mondial : la mauvaise utilisation du pivot de l’Olympiakos. La présence de Jaylen Hoard dans cette liste indique que ses chances de jouer seraient plus grandes. Arrivera-t-il vraiment à l’aligner à un poste où Wembanyama et Yabusele sont des valeurs sûres ?
Beaucoup d’incertitudes autour de cette équipe, et nous avons hâte de voir qui seront les 12 joueurs conservés dans la liste finale.
Qui sait, peut-être que certains iront à Paris, et ensemble, les Bleus amèneront l’or à la maison ?
Crédit photo : FIBA / F.Blaise
