Vingtième épisode de « La réf ». Aujourd’hui, on compare un club du championnat français avec une artiste. Souvent critiqués mais pourtant au sommet de leur art, et presque intouchables.
Vu le titre ça peut paraître un poil bizarre. Le Paris Basketball et Aya Nakamura ? Pourquoi ? Quels sont leurs points communs ? Tout simplement, le premier est club que l’on critique pour des raisons de politique, de principe, et un peu sportive. La seconde est critiquée pour sa musique, ses paroles et ce qu’elle représente. Mais tous deux marquent une génération et parviennent à réaliser de grandes choses.
Retraçons un peu tout ce parcours. Le Paris Basketball naît le 12 juillet 2018. Le club de la capitale rachète les droits d’une institution mythique du basket français, celle d’Hyères-Toulon Var Basket.
Un beau jour d’automne en 2022, la CRC (Chambre Régionale des Comptes) PACA publie un rapport ciblant des « irrégularités nombreuses et majeures » selon la juridiction.
Plusieurs points ont interpellé, par exemple une clause de confidentialité, un changement de statut soudain, un avocat sans mandat, une probable vente forcée, ainsi que des doutes émis sur la validation de la FFBB. Tout est résumé dans cet article de nos confrères de BeBasket.
Parlons un peu des prémices d’Aya Nakamura. Quand on l’a véritablement connu pour la célébrité qu’elle est.
En 2018, année de la création du Paris Basketball, elle sort « Djadja ». Ce morceau lui fera passer un cap dans sa carrière. La France entière la connaît, et elle commence à se faire un nom à l’international.
Qui dit début du succès dit début des critiques, et pour nos deux sujets, 2018 marque le début d’une nouvelle page dans le livre de leur histoire.
Transition trouvée, parlons des critiques.
Dans le basket français, cette cession des droits du HTV au Paris Basketball a été très mal vu. Alors que le règlement stipule que le déménagement de l’équipe doit se faire à 80 kilomètres maximum, de Toulon à Paris, il y en a plus de 800.
Cela continue encore aujourd’hui. Une grosse partie de l’équipe et du staff de Bonn la saison passée s’est rendu à Paris. Cela déplait. Tout comme intégrer l’EuroCup par wild-card pour la saison 2022/2023. Des médisances et des médisances…
S’il y a une célébrité lynchée dans l’hexagone, et parfois par des gens d’une certaine idéologie, c’est bien Aya Nakamura.
La chanteuse fait souvent l’actualité. Dans le monde de la musique, elle fait du bruit car elle est active, sort beaucoup de morceaux, et apparaît souvent en collaboration ou devant les caméras. Et surtout, la fameuse cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024.
Cette polémique, on en a mangé, et ce n’est pas prêt de s’arrêter. N’allons pas sur l’aspect politique en disant que ceux qui n’aiment pas Aya sont racistes, mais il faut dire que les récentes critiques vont dans ce sens. On se souvient de cette banderole devant la Seine où un groupe de personnes ont montré leur mécontentement avec une pointe de racisme…
Les critiques concernant l’interprète franco-malienne fusent depuis bien longtemps. Déjà au moment de la sortie de « Djadja », elle était l’objet de nombreux jugements.
« Ses paroles ne veulent rien dire » « Elle ne chante pas en français » « La chanson est nulle ». Ok, mais le morceau a tourné dans toutes les boîtes de nuit, a fait danser une grande partie de la France et a même été remixé par des grands artistes internationaux comme Maluma, le roi du reggaeton.
Aujourd’hui, Aya et le Paris Basketball ont tous deux beaucoup grandi.
Paris a commencé en Pro B, avec un staff de qualité. Eric Schwartz en tant que propriétaire, ancien co-propriétaire des Atlanta Hawks en NBA, puis David Kahn en président et co-propriétaire, ancien manager général des Indiana Pacers et des Minnesota Timberwolves.
Ils font venir Jean-Christophe Prat, entraîneur de Denain de 2014 à 2017. Il lança des Jerry Boutsiele, Vafessa Fofana ou encore Yakuba Ouattara. À Paris (2018-2022), c’est au tour des Milan Barbitch, Juhann Begarin ou encore Ismaël Kamagate. Ces deux derniers seront, plus tard, draftés en NBA.
A la sortie de son deuxième album « Nakamura », Aya commence à devenir une star. Sa musique touche un plus large public et fait d’elle l’une des artistes les plus célèbres en France.
En 2021, Paris monte en Betclic Elite. Trois ans seulement après sa création, le club est déjà au plus haut niveau du basket français. Aujourd’hui, ils sont 2e du championnat de Betclic Elite.
La même année, Aya collabore avec de grands artistes internationaux comme Major Lazer ou encore Swae Lee. Quelques mois après, son featuring « Dégaine » avec Damso sort. Là aussi, un autre gros carton qui passe en radio, avec l’un des plus gros rappeurs de la scène francophone.
Avril 2024, Paris est champion d’Europe (avant le PSG au football, quelle masterclass ! Oubliez la Coupe des Coupes en 1996, elle n’existe plus et quasiment personne ne s’en souvient).
Les Parisiens seront en EuroLeague la saison prochaine, et nous aurons trois clubs LNB dans le plus grand tournoi européen de basket.
Certaines mauvaises langues diront que c’est facile de gagner un titre européen en liquidant la moitié de l’effectif du champion de la BCL la saison précédente. La blague du « Paris BasketBonn » avait bien marché au début, mais aujourd’hui il serait temps de mettre un peu plus de respect sur ce qu’ils ont bâti. On pense évidemment à Freddy Fauthoux, coach de la JL Bourg-en-Bresse vaincu à la deuxième manche de cette finale vendredi.
« Peut-être que les 10 personnes qui ont déjà fait une finale l’année dernière, ça sert aujourd’hui. Je veux parler de Bonn. Enfin Paris. Enfin… comme vous voulez »
Pas très fair-play tout ça…
Quant à notre Aya nationale, sa musique peut ne pas plaire, c’est un fait. On peut ne pas apprécier et la trouver faible artistiquement. Ce sont les goûts de chacun. On peut critiquer ses paroles et ses chansons parfois similaires les unes aux autres. Mais il faut reconnaître une chose :
Aya Nakamura est l’artiste féminine FRANÇAISE la plus écoutée dans le monde.
Les artistes étrangers montrent le respect qu’ils ont pour elle, pour sa musique, et semblent avoir envie de collaborer avec elle. Qu’on le veuille ou non, aujourd’hui, très peu d’artistes ont autant d’influence qu’elle sur le monde.
Ayra Starr, l’une des plus grandes stars planétaires a collaboré avec elle il y a un mois en reprenant son titre « Hypé ». Pourtant, la version originale est sortie il y a seulement 2 mois… Ça va vite avec Aya. Comme pour le Paris Basketball.
Si beaucoup affirment qu’elle ne représente pas la France et que le peuple ne veut pas d’elle… Rappelons qu’elle est l’égérie de la marque de luxe Lancôme. Par ailleurs, les héritières d’Edith Piaf sont d’accord pour que ce soit l’interprète de « Djadja » qui chante les chansons de « La môme ».
Il faut accepter l’évolution des choses et vivre avec son temps. Les stars d’aujourd’hui sont différentes de celle d’hier. Par ailleurs, les stars de demain seront différentes de celles d’aujourd’hui.
Alors il ne serait pas temps de tourner la page ?
Résumons. A en croire l’opinion publique, personne ne les aime mais tout ce qu’ils font est synonyme de succès. N’y a-t-il pas un problème quelque part ?
De plus, la réussite de nos deux étoiles envoie un message très fort au monde entier, pour le sport français et la musique française.
Soyons honnêtes, si le Paris Basketball était une équipe d’Espagne, de Russie, d’Allemagne ou de Grèce, on peut douter qu’ils soient autant critiqués dans ces pays.
Si Aya Nakamura était une artiste américaine ou latina, on pourrait croire qu’elle serait bien plus soutenue et aimée en Amérique qu’elle ne l’est en France.
La France est-elle capable d’aimer, ou de respecter, ceux qui l’a font briller à travers le monde ?
Deux entités souvent critiqués, mais tous les deux tout en haut de l’affiche.
Alors, le Paris BasketBall ne serait un peu comme Aya Nakamura dans le basket français ?
Crédit photo : Paris Basketball / REC 118